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29 Sep

Ceux qui restent

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« Tout ira bien, ne vous inquiétez pas »

 

Studio CanalRégion Parisienne. Chaque jour, Bertrand, la cinquantaine, vient à Paris pour voir sa femme hospitalisée atteinte d’un cancer en stade terminal. Un jour il rencontre Lorraine, dont le conjoint est lui aussi hospitalisé pour un cancer. De fil en aiguille, les deux sympathisent, elle, posant des questions assez directes sur la manière de gérer la situation et de vivre avec la culpabilité de continuer de vivre, lui prenant la situation avec calme et prenant les problèmes à bras le corps, et tombant peu à peu sous le charme de cette femme extravertie cachant son mal-être derrière un flot ininterrompu de  paroles. De rencontres à l’hôpital de plus en plus fréquentes et de moins en moins fortuites, d’une relation trouble mêlant sentiments et amitié, Bertrand et Lorraine vont s’aider l’un l’autre à supporter une situation terriblement douloureuse et cruelle.

 

« Je me demande s’il y a pas un truc de transfert avec son cancérologue comme avec son psy. D’abord on le déteste et après on l’adore »

 

Vincent Lindon et Emmanuelle Devos. Studio Canal

Film attendu car porté par une critique unanimement enthousiaste, « Ceux qui restent » est le premier passage derrière la caméra de la comédienne Anne Le Ny, aperçue auparavant au générique de films tels que « Ma petite entreprise » (Jolivet – 1999), « Le goût des autres » (Jaoui – 2000), « Se souvenir des belles choses » (Breitman – 2002), « La petite Lili » (Miller – 2003), ou encore « Mon petit doigt m’a dit » (Thomas – 2005). « Ceux qui reste » est le film des grandes premières pour Le Ny, puisqu’en plus des casquettes de réalisatrice et de comédienne, elle cumule également pour la première fois la fonction de scénariste. Sa sortie s’inscrit dans une vague de films français qui ont vu s’illustrer ces derniers mois une nouvelle génération de réalisatrices passant pour la première fois et avec une jolie habilité derrière la caméra, et avec un goût prononcé pour des sujets difficiles. On pense notamment à Lola Doillon et son « Et toi, t’es sur qui ? », à Céline Sciamma et son « Naissance des pieuvres », ou encore plus récemment à Mia Hansen-Love et son très joli « Tout est pardonné ».

 

« Vous croyez qu’il y a des gens assez cons pour offrir des nougats à quelqu’un qui vient de se faire opérer des intestins ? »

 

Emmanuelle Devos et Vincent Lindon. Studio CanalLe risque majeur d’un sujet aussi sombre, voire aussi glauque, c’était d’avoir un film larmoyant sombrant trop dans le pathos. Mais la grande force du film d’Anne Le Ny, c’est justement d’éviter tout ce côté larmoyant. A aucun moment elle ne cherche à arracher de force la larmichette de rigueur. Au contraire, son scénario joue sur du velours et sur l’authenticité des émotions. Ainsi, on notera le parti pris intéressant et réussi de la réalisatrice de ne pas montrer ni les conjoints malades, ni le personnel soignant (quelques apparitions sans plus), comme si elle voulait nous montrer ses personnages enfermés dans leur solitude et leurs problèmes liés à la maladie. Ce qui rend forcément leur relation plus forte et la communication avec les autres plus dure. Car au fond elle ne montre pas grand chose, ne cherchant jamais la surenchère ou le sensationnel. On voit juste un homme qui se renferme de plus en plus sur lui même, qui n’arrive plus à communiquer avec sa belle-fille qui n’arrive pas à faire face à la maladie de sa mère, ni avec sa famille. Peu de choses au final, mais une émotion sincère et bouleversante qui ressort de ces situations ordinaires, où priment la pudeur, les silences, et les non-dits.

 

« On dit que c’est dans les moments difficiles qu’on retrouve sa vraie nature. Mais là tout ce qu’il y a en moi de plus mesquin est en train de ressortir »

 

Emmanuelle Devos. Studio CanalOn pourra cependant reprocher à sa réalisation un petit manque de chair. On aurait aimer voir la relation entre Bertrand et Lorraine filmée de manière plus passionnée peut-être. En revanche le parti pris d’une caméra au plus proche des personnages, comme pour mieux rentrer dans leur intimité était de toute évidence une bonne idée. On ne pourra également que louer la direction d’acteurs, irréprochable. On retrouve le couple Vincent Lindon et Emmanuelle Devos qui fonctionnait déjà très bien dans l’énigmatique « La moustache » (Carrère – 2005). Vincent Lindon se bonifie réellement avec le temps, et son interprétation toute en intériorité est d’une incroyable émotion. A ses côtés, Emmanuelle Devos en fait peut-être un petit peu trop, mais son rôle de femme fragile qui se construit une façade extravertie et un brin vulgaire amenait forcément à l’excès. On notera également la participation de la réalisatrice dans un petit second rôle.

 

« Chacun fait ce qu’il peut comme il peut, personne n’aura de bon point à l’arrivée »

 

Emmanuelle Devos et Vincent Lindon. Studio CanalBilan des courses, Anne Le Ny réussit avec la manière son passage derrière la caméra avec ce « Ceux qui reste ». Film poignant et pudique, elle y révèle avant tout un véritable talent de scénariste. Malgré un thème un peu glauque, elle arrive non seulement maintenir ses spectateurs dans le bain du film, mais à émouvoir sans sombrer dans les sentiments faciles. On pourra lui reprocher quelques petites erreurs ou choix discutables dans sa mise en scène, sans que cela n’affecte réellement la bonne qualité globale de ce film. Un joli film réussit et poignant.

 



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F
Le tandem de "La moustache" (Lindon/Devos) recomposé pour notre plus grand plaisir. Ann Le Ny a réussit son coup, loin de tout pathos, elle a dressé le portrait de deux personnages aussi attachants que difficiles.
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B
A voir donc ! histoire de ne pas passer à côté d'une révélation.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!