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11 Feb

Cloverfield

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films Catastrophes

« On te garde New York en vie et en transe jusqu’à ton retour »

 

New York. Une quarantaine de ses amis ont organisé chez Rob une soirée en l’honneur de son départ pour le Japon. Parmi eux, Hub, son meilleur ami et vidéaste d’un soir, chargé d’immortaliser l’événement. La fête bat son plein lorsque tout les convives se font surprendre par une violence secousse qui ébranle l’immeuble et plonge momentanément le quartier dans le noir. Montant sur le toit de l’immeuble, ils sont les témoins des premiers dégâts considérables causés par l’incident. Tentant de comprendre ce qui se passe, ils décident de descendre dans la rue où souffle un vent de panique. Mais à peine arrivés, ils se retrouvent sous le feu d’une nouvelle attaque, d’une violence inouïe, faisant ses premières victimes sous leurs yeux. Alors qu’ils se mettent à suivre la foule des habitants tentant de fuir Manhattan, Rob reçoit un appel au secours de Beth, la fille qu’il aime et avec qui il s’est brouillé, coincé chez elle après l’effondrement d’un mur. Alors que l’attaque du siècle vient de commencer, et défiant toutes les mesures de sécurité, Rob et ses trois amis décident de traverser tout Manhattan, pourtant à feu et à sang, pour secourir Beth…

 

« Bonne chance pour ce soir, Travis !!! »

 

Attention : phénomène !!! Jamais Internet n’aura été utilisé à aussi bon escient pour alimenter ce qui est pour l’instant le plus gros buzz jamais fait autour d’un projet cinématographique. Car voilà plus de huit mois que tournait sur le net une drôle de vidéo en forme de bande-annonce, montrant les premières images d’une attaque visuellement très impressionnante de New York. La séquence s’arrêtant très vite, sans rien dévoiler ni du film ni de la nature de l’attaque, alimentant dès lors toutes sortes d’hypothèses possibles quant à ce film. Une des rares informations à la disposition du public renforçait encore les rumeurs : celle du nom du producteur du film, JJ Abrams, connu pour être le scénariste de l'explosif « Armageddon » (1998), le réalisateur de « Mission Impossible 3 » (2006), et le producteur des séries « Alias » et « Lost ». Et le producteur aura réussi un énorme tour de force : se servir de l’Internet et des médias pour alimenter les discussions et faire parler de son film, faisant de sa sortie un événement, tout en préservant une grande part de mystère quant à son contenu. Mystère préservé en partie par le choix de prendre des comédiens inconnus du grand public. Côté réalisation, le projet a été confié à Matt Reeves. Scénariste notamment de « The yards » de James Gray (2000), et réalisateur pour la série « Felicity » (produite par Abrams), ce film est le troisième long de Reeves après les confidentiels « Future Shock » (1993) et « Le porteur de cercueils » (1996).

 

« - On va attendre ici qu’il y ait une accalmie

   - Mais il n’y aura pas d’accalmie ! »

 

Résurgence des heures noires qui ont traumatisées et meurtries durablement et dans leur chair les habitants de la Grosse Pomme, volonté de trouver un exutoire aux attentats du 11 septembre, ou simple coïncidence : toujours est-il que les films catastrophes mettant en scène une attaque de New York, laissant la ville dans un état apocalyptique, sont légion depuis quelques années. On se souvient ainsi notamment du « Jour d’après » de Emmerich (2004), ou du récent « Je suis une légende» de Lawrence (2007). Des films qui s’inscrivent dans une lignée de films du genre récents, comme le diptyque « 28 jours plus tard »/ « 28 semaines plus tard », « The host », ou « La guerre des mondes ». Mais la grande originalité de ce « Cloverfield » réside dans son parti pris visuel, mêlant à la fois le côté « amateur » de la caméra subjective, et celui assez « à la pointe » des effets spéciaux spectaculaires. Se rappelant certainement de l’énorme succès du « Projet Blair Witch » (Myrick et Sanchez – 1999), le choix d’opter pour un film réalisé en caméra subjective, censée être portée tout au long de la soirée par l’un des amis de la bande, a pour elle d’apporter une certaine forme d’authenticité quasi documentaire au film, invitant le spectateur à prendre pleinement part à l’aventure. Malheureusement, ce parti pris a aussi ses limites, et cette image remuante d’un bout à l’autre du film provoque assez vite un effet mal de mer terrible, entraînant mal aux yeux, au cœur, et surtout migraine intense. Dès lors, suivre ce film dans de bonnes conditions n’est plus réellement possible. Et c’est dommage car l’idée originale était des plus stimulante et innovante, et le scénario mêlait habilement de nombreuses références (Godzilla, Alien) et trouvailles intéressantes (le coup de l’accès à un immeuble en partie effondré, ou encore la chute en hélico vue de manière subjective). De même, le choix de ne pas donner d’explication sur le phénomène qui attaque la ville et sur ses origines confère à l’ambiance mystérieuse et renforce le sentiment oppressant et de panique des protagonistes. Pourtant, malgré les qualités indéniables de son scénario, on a du mal à vraiment adhérer à cette histoire, qui ne provoque réellement jamais ni peur, ni frissons, ni stress. Pour tout dire, on se doute assez vite de la fin, ce qui ôte prématurément toute tension dramatique à ce film. Dès lors, seule la forme du projet, par son rendu visuel et ses effets spéciaux, constitue le véritable intérêt de ce « Cloverfield ».

 

« Jason est mort mais tu savais qu’il t’aimais. Il a pu te le dire. Je ne peux pas imaginer perdre Beth sans lui avoir jamais dit que je l’aime »

 

Sur la forme, si la réalisation s’avère efficace, le vrai problème du film, c’est que ses qualités sont aussi ses défauts. La caméra DV en mode caméra subjective est ainsi à la fois la vraie originalité du film avec la volonté de faire entrer les spectateurs dans l’action, mais aussi son principal défaut, rendant vite le film inregardable. De même, si les effets spéciaux sont franchement léchés et spectaculaires, ils sont finalement en inadéquation avec le scénario, qui ne se prend pas assez au sérieux. Le décalage qui en résulte est assez regrettable, limitant de fait l’immersion du spectateur. Un peu comme si on associait le scénario d’un film d’ados façon « The faculty » (Rodriguez – 1999) avec les effets spéciaux les plus modernes de Dreamworks. Dommage, car le choix d’imposer une sorte d’action filmée quasi en temps réelle contribuait à créer une ambiance assez prenante. Reste les interprètes, tous inconnus du grand public. Si leur jeu est assez bon dans l’ensemble, on regrette cependant que le choix de la production se soit porté sur des acteurs rentrant trop dans les canons de la beauté hollywoodiens (les filles sont des bimbos ou des rebelles façons Avril Lavigne dans le look, les garçons sont de parfaits stéréotypes des capitaines d’équipe de foot américain, tombeur des lycées de tous les teen movies), décrédibilisant un peu l’ensemble.

 

« ça change rien au problème, mais il faut que j’en parle, sinon, je vais finir par chier dans mon froc »

 

Avec son buzz d’enfer et surtout la grande originalité de sa forme et de son traitement, « Coverfield », film catastrophe et de science-fiction, est un parfait ovni cinématographique. Film de genre efficace, bénéficiant d’effets visuels particulièrement probants et spectaculaires, il réjouira certainement les amateurs du genre. Néanmoins, avec le tangage et l’instabilité de son image DV, ce « Cloverfield » reste difficile à suivre, provoquant des migraines carabinées. Dommage également que le scénario n’ose pas se prendre un peu plus au sérieux. Le côté second degré, un peu trop teen movie assumée, retire au film son potentiel dramatique un peu trop tôt. Ni réussite totale, ni échec absolu, ce « Cloverfield » est donc un projet novateur et original. A voir donc pour ce qu’il est, un gros divertissement pop corn à partager entre potes. Un peu dommage, car il y avait du potentiel et des moyens pour faire un film franchement plus flippant.



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F
La scène d'exode sur le pont est vraiment top. Pour le reste bof bof.
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F
Exact, moi c'était pas la migraine c'était la gerbe ! Parti au bout de 30 mns...
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B
Il s'agit surtout de la plus grosse arnaque médiatique, ou comment faire parler d'un film en entrenant un "mystère" sur ce qui se révéle être finalement, un film de série B. C'est tout simplement inregardable tant ça tremble du début à la fin dans l'osbcurité quasi totale, un scénario tenant sur une fuille de cigarette et un jeu d'acteur assez proche de zéro. Les effets spéciaux ?? lesquels ?On en voit mieux sur les images du film de ce blog. A ne pas aller voir, sous peine de migraine, ou alors fermer les yeux, le son vous en apprendra autant.
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