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07 Jun

Un conte de Noël

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« J’ai l’impression d’être en deuil mais je ne sais pas pour qui »

A l’origine, Abel et Junon eurent deux enfants : Joseph et Elizabeth. Atteint d’une forme de leucémie rare, le jeune Joseph attendait une grève de moelle osseuse qui ne viendra jamais faute de parent compatible. Dans l’espoir de le sauver, Abel et Junon feront un autre enfant, Henri, qui ne sera pas plus compatible. Si Joseph mourut quelques mois plus tard, le couple aura quand même un dernier enfant, Ivan. Les décennies ont passées, Elizabeth est devenue auteur de pièces de théâtre produites dans le théâtre d’Henri. Mais ce dernier se montre irresponsable et joue avec ce théâtre en faillite dans l’espoir de le revendre au plus offrant. La justice le rattrapant pour dettes et impayés, Elizabeth lui sauve cependant la mise. Mais en y mettant une condition : sa famille doit bannir ce mauvais frère. Et contre toute attente la famille accepte. Tel sera le prix de son éclatement. Mais bientôt, la leucémie qui frappe Junon oblige tous les membres de la famille à se retrouver pour les fêtes de Noel et à faire des tests pour savoir si l’un d’entre eux serait un donneur compatible pour elle…

« Henri est terriblement prévisible. Comme le Mal. »

Cinéaste à part dans le paysage cinématographique français, Arnaud Desplechin se sera fait le fer de lance d’un cinéma d’auteur élitiste, névrosé, et abscons. Diplômé de la prestigieuse EDHEC, il débute sa carrière au début des années 90, et connaitra plusieurs fois les joies des sélections cannoises jusqu’au triomphe de son « Rois et Reines » (2005) lors des récompenses des Césars. Ce « Conte de Noël » est son septième long en un peu moins de vingt ans. Pour cette séance de psychanalyse d’une famille décomposée où chacun cultive des haines et des rancœurs à l’égard des autres, Desplechin s’est entourée de sa « famille cinématographique », de ses comédiens fidèles qui ont joué dans plusieurs de ses films, tels que Mathieu Amalric, Jean-Paul Roussillon, Catherine Deneuve, ou encore Hippolyte Girardot. « Un conte de Noël » a été présenté au Festival de Cannes où il faisait partie de la sélection officielle.

« J’ai fait les tests. Il se trouve que je suis compatible. Chère Mère, il se trouve que pour une fois il n’y a que sur moi que tu puisses compter »

Les mauvaises langues classeront toujours le cinéma d’auteur français comme élitiste, poseur, et chiant. Un discours qui sera forcément réducteur. Néanmoins, on doit reconnaître qu’une certaine frange de réalisateurs franchement ancrés dans le moule « intello bobo », soutenus par une partie de la critique qui se veut avant-gardiste (Télérama, Libé, les Inrocks), nous proposent chaque année des films poseurs, vain, et prise de tête. On se souvient l’année dernière du calvaire « Les chansons d’amour » de Christophe Honoré. Dans la famille «réalisateur qui se touche », c’est cette année au tour d’Arnaud Desplechin (dont on se souvient du chiantissime et très surestimé « Rois et reines » en 2005) de nous présenter son dernier film, précédé – forcément – par une ébullition d’enthousiasme de la part de la critique parisianiste. Sur la mode d’une tragédie grecque, son nouveau film dépeint les déchirures, les haines et les rancœurs d’une famille traumatisée par la perte d’un de ses enfants alors en bas âge. L’idée de jouer sur l’importance de certaines blessures qui ne se cicatrisent pas et d’en montrer leur impact sur les membres de la famille près de quarante après pouvait être bonne. Mais Desplechin, réalisateur névrosé et haineux du monde entier, ne parvient jamais à faire décoller son film, s’enfermant dans un scénario labyrinthique incompréhensible où les invraisemblances se succèdent à un rythme effréné (la famille qui cautionne le bannissement du fils, la bru qui part fauter avec le cousin de son mari sous le regard bienveillant des parents de celui-ci). Celles-ci donnent lieu à des scènes hallucinantes et malsaines, comme lorsque Henri se fait lyncher par son beau-frère sous le regard amusé de toute sa famille, ou encore quand celui-ci reçoit une déclaration de haine de la part de sa mère. Certes, il est l’enfant non désiré qui a « failli à sa mission » de sauver son frère. Mais cela justifiait-il une telle haine tenace de la part des siens, une telle méchanceté finalement sans fondements durant 2h30 de film ? Il trouvera certes la rédemption en étant finalement le seul enfant compatible pour sauver sa mère, mais son rôle de martyr semble vraiment disproportionné par rapport à la situation scénaristique initiale. Malheureusement pour nous, le calvaire n’étant pas déjà assez lourd, Desplechin s’est senti dans l’obligation d’en rajouter des tonnes de peur de perdre son statut de réalisateur intello. De bifurcations inutiles vers le destin particulier de chacun des personnages secondaires qui n’apportent rien à l’histoire, en détails superflus (besoin de rappeler que la famille en question est « supérieure » « tant ils savent tous jouer de la musique, écrire des pièces, et sont tous artistes » ; l’insupportable pièces de théâtre des enfants), le film devient très vite imbuvable et donne envie de se tirer une balle. D’autant que ces détails ne sauraient masquer cette surenchère de méchanceté gratuite d’une nullité crasse.

« J’accepte le don d’Henri. Après tout, il vient de mon ventre. Je reprends ce qui m’appartient »

 

Côté réalisation, Desplechin joue les fayots de service à grands coups d’effets de style pompeux et lourdingues : superpositions d’images, personnage apparaissant dans une œillère pour mieux montrer qu’ils sont au centre de l’étude psychanalytique, tirades surfaites des comédiens face caméra, et découpage théâtral du récit. Mais l’illusion ne prend pas, et sa mise en scène poseuse et  superficielle ne décolle jamais du caniveau. Pour tout dire, on se croit dans un sketch parodique des Inconnus, brocardant par l’excès ce genre de cinéma intello bavard complètement vain. Il faut dire que les interprètes ne sont pas là pour relever le niveau. A l’exception notable de Chiara Mastroiani, la seule à apporter un peu d’émotion à l’ensemble, les autres comédiens pataugent dans la médiocrité et la caricature de l’acteur de cinéma d’auteur. A commencer par la buze Mathieu Amalric. Totalement à côté de ses pompes, théâtral à outrance, ne se sentant plus pisser, il déroule son non-jeu pathétique comme à son habitude. Incompréhensible que ce type là soit l’acteur le plus respecté de sa génération. Mais connaissant notre bien-pensante Académie des Césars, il sera forcément lauréat du trophée récompensant l’acteur de l’année. A ses côtés, Deneuve boie la tasse en reine mère mal-aimante et méchante sans raison. Si Melvil Poupaud surnage à peu près, c’est la bérézina du côté des Jean-Paul Roussillon, Anne Consigny, et Hyppolite Girardot. La palme de la nullité revenant une nouvelle fois à Emmanuelle Devos. Pour reprendre l’expression fort juste de mon ami Fritzlangueur, elle joue vraiment comme une « dinde ». De quoi en faire le parfait pendant féminin de Mathieu Amalric. Barbant, inutile, pseudo cérébral, Desplechin nous livre encore une fois un imbuvable et interminable exercice de masturbation intellectuelle. Une sorte de psychanalyse familiale à deux balles dont l’unique but est d’en faire un défouloir de méchanceté gratuite, rendant l’ensemble parfaitement malsain et vain. L’archétype parfait d’un cinéma d’auteur français nombriliste, détestable et chiant. A croire qu’entre cette parodie de cinéma, et les élucubrations campagnardes de « Dialogues avec mon jardinier » et ploucs de « Bienvenue chez les ch’tis », il n’y a pas de places dans notre cinéma pour des films dignes de ce nom. Pour ceux qui aiment le genre des règlements de compte familiaux, préférez plutôt la chaleur du cinéma italien, avec notamment l’excellent « Ciao Stefano » actuellement sur les écrans. « Un conte de Noël » est à fuir comme la peste !!!

  



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M
Bien sur qu'on reste amis de blog, ce n'est pas un film qui pourra nous séparer ! Par contre, après Emmanuelle Devos, je dois t'avouer tout simplement que Louis Garrel est mon acteur préféré ! Décidément !!! Un conseil, ne va surtout pas voir La frontière de l'aube quand il sortira en salle, tu risquerais d'être énerver ! En tout cas, j'aime bien tout c'est petit débat, comme quoi, les films dépendent vraiment de la personnalité de chacun !
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V
Ah, pas de doute ! Des points aux ? Mystères, ça sauve la vie ! C'est ultra pratique ! Encore faut-il en faire bon usage ! ;-)
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P
Loin de moi l'envie de te contrarier chère Mélissa! <br /> <br /> Mais quand même, je vais avoir du mal à dire d'Emmanuelle Devos que c'est une grande actrice alors qu'en près de 20 ans de carrière elle n'aura joué qu'un seul et même rôle, celui de la nana délurée et nunuche de service. Et puis faut voir la filmographie! Pour quelques bons films commes "Sur mes lèvres", "Les patriotes" ou "De battre mon coeur s'est arrêté", elle a quand même enchainé avec frénésie les grosses bouses prétentieuses et inregardables du type "Aïe", "GEntille", "Rencontre avec le dragon", "Rois et reines", "Deux vies plus une".... De ces actrices qui n'ont pas le physique pour jouer les jeunes premières, je préfère de loin le jeu et la filmographie de Sylvie Testud par exemple, ou de Dominique Blanc. <br /> <br /> Quant aux "Chansons d'amour", pour moi ce film reste de loin le plus surestimé de l'année dernière. La qualité des chansons ne vole quand même pas bien haut, l'histoire est de plus niannian et des plus improbables, et puis il faut encore se coltiner les pseudos acteurs que sont Louis Garrel et autre Grégoire Leprince-Ringuet. C'est d'autant plus dommage que Christophe Honoré est formellement l'un de nos réalisateurs les plus talentueux. "Dans Paris" était à ce titre admirable malgré Garrel. Mais entre l'abominable "Ma mère" et l'ennuyeux "Les chansons d'amour", j'ai vraiment du mal avec ses films!<br /> <br /> Pas fachée? On reste amis de blog?<br /> <br /> Sinon, Cher Vincent, Je te remercie pour ton commentaire, je te rassure, oui oui je suis sincère! Pour Amalric, il peut venir maintenant qu'il sait se battre. Ce serait même légitime, puisque je lui avait déjà taillé un costard pour "Actrices"! Je pourrais toujours essayer de monnayer ma vie sauve contre mes points au ? Mystères!!!
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M
D'une, on ne peut pas critiquer comme ça Emmanuelle Devos, qui est tout de même l'une de mes actrices préférées, de deux, gare à celui qui touchera aux Chansons d'amour !!! Les gouts et les couleurs, c'est clair que ça ne se discute pas, mais ce film... comment passer à côté d'un bijou d'émotions pareil ? C'est à ne plus rien y comprendre !
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B
Ha ! voilà une critique comme j'aime. Véhémente, sans concession, vive et joyeuse qui nous réveille de toutes les critiques intello-bobo bien léchées, que j'aime rassurez vous, et nous oblige à nous remetre en cause. Quand au film, je ne l'ai pas vu, donc n'en dirais rien, sauf que j'aime pas le réalisateur ni ses acteurs...
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V
Hep hep hep ! Laissez Emmanuelle Devos tranquille, c'est une formidable actrice !
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S
Etonnante critique. Mais voilà les grands films irritent souvent. Comment osez comparer cet immense film à la daube qu'était Les Chansons d'amour ? Et comment démolir Amalric qui est en effet un des plus talentueux de sa génération. Par contre, Devos, je comprends tes critiques.
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V
Platinoch, serais-tu tomber sur la tête ???????!!!! Es-tu fou ?? Mesures-tu ce que tu énonces ??? :D<br /> Moi, j'en pense l'extrême inverse (je me veux avant-gardiste, a priori) mais c'est avec plaisir voire jubilation que j'ai lu ce démolissage colossal, un poil abusif mais sincère, c'est l'essentiel.<br /> <br /> (Fais gaffe si tu croises Amalric un de ces quatre, il revient du nouveau James Bond, il y a appris à se battre !)
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M
Aaaah, c'est rare qu'on soit en très grand désaccord, mais là c'est le cas. Loin d'être un film chiant, pseudo-intellectuel, Un conte de noël est une oeuvre assez atypique dont tu ressors sonné. A la fois tu l'aimes et à la fois tu le déteste. Pour ce qui est des acteurs, Mathieu Amalric m'a tout simplement bluffé, tout comme Chiara Mastroianni et Melvil Poupaud. Reste Anne Consigny dont je ne suis pas très fan et Catherine Deneuve... mais ça, c'est une autre histoire.
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