Un conte de Noël
« Jai limpression dêtre en deuil mais je ne sais pas pour qui »
A lorigine, Abel et Junon eurent deux enfants : Joseph et Elizabeth. Atteint dune forme de leucémie rare, le jeune Joseph attendait une grève de moelle osseuse qui ne viendra jamais faute de parent compatible. Dans lespoir de le sauver, Abel et Junon feront un autre enfant, Henri, qui ne sera pas plus compatible. Si Joseph mourut quelques mois plus tard, le couple aura quand même un dernier enfant, Ivan. Les décennies ont passées, Elizabeth est devenue auteur de pièces de théâtre produites dans le théâtre dHenri. Mais ce dernier se montre irresponsable et joue avec ce théâtre en faillite dans lespoir de le revendre au plus offrant. La justice le rattrapant pour dettes et impayés, Elizabeth lui sauve cependant la mise. Mais en y mettant une condition : sa famille doit bannir ce mauvais frère. Et contre toute attente la famille accepte. Tel sera le prix de son éclatement. Mais bientôt, la leucémie qui frappe Junon oblige tous les membres de la famille à se retrouver pour les fêtes de Noel et à faire des tests pour savoir si lun dentre eux serait un donneur compatible pour elle
« Henri est terriblement prévisible. Comme le Mal. »
Cinéaste à part dans le paysage cinématographique français, Arnaud Desplechin se sera fait le fer de lance dun cinéma dauteur élitiste, névrosé, et abscons. Diplômé de la prestigieuse EDHEC, il débute sa carrière au début des années 90, et connaitra plusieurs fois les joies des sélections cannoises jusquau triomphe de son « Rois et Reines » (2005) lors des récompenses des Césars. Ce « Conte de Noël » est son septième long en un peu moins de vingt ans. Pour cette séance de psychanalyse dune famille décomposée où chacun cultive des haines et des rancurs à légard des autres, Desplechin sest entourée de sa « famille cinématographique », de ses comédiens fidèles qui ont joué dans plusieurs de ses films, tels que Mathieu Amalric, Jean-Paul Roussillon, Catherine Deneuve, ou encore Hippolyte Girardot. « Un conte de Noël » a été présenté au Festival de Cannes où il faisait partie de la sélection officielle.
« Jai fait les tests. Il se trouve que je suis compatible. Chère Mère, il se trouve que pour une fois il ny a que sur moi que tu puisses compter »
Les mauvaises langues classeront toujours le cinéma dauteur français comme élitiste, poseur, et chiant. Un discours qui sera forcément réducteur. Néanmoins, on doit reconnaître quune certaine frange de réalisateurs franchement ancrés dans le moule « intello bobo », soutenus par une partie de la critique qui se veut avant-gardiste (Télérama, Libé, les Inrocks), nous proposent chaque année des films poseurs, vain, et prise de tête. On se souvient lannée dernière du calvaire « Les chansons damour » de Christophe Honoré. Dans la famille «réalisateur qui se touche », cest cette année au tour dArnaud Desplechin (dont on se souvient du chiantissime et très surestimé « Rois et reines » en 2005) de nous présenter son dernier film, précédé forcément par une ébullition denthousiasme de la part de la critique parisianiste. Sur la mode dune tragédie grecque, son nouveau film dépeint les déchirures, les haines et les rancurs dune famille traumatisée par la perte dun de ses enfants alors en bas âge. Lidée de jouer sur limportance de certaines blessures qui ne se cicatrisent pas et den montrer leur impact sur les membres de la famille près de quarante après pouvait être bonne. Mais Desplechin, réalisateur névrosé et haineux du monde entier, ne parvient jamais à faire décoller son film, senfermant dans un scénario labyrinthique incompréhensible où les invraisemblances se succèdent à un rythme effréné (la famille qui cautionne le bannissement du fils, la bru qui part fauter avec le cousin de son mari sous le regard bienveillant des parents de celui-ci). Celles-ci donnent lieu à des scènes hallucinantes et malsaines, comme lorsque Henri se fait lyncher par son beau-frère sous le regard amusé de toute sa famille, ou encore quand celui-ci reçoit une déclaration de haine de la part de sa mère. Certes, il est lenfant non désiré qui a « failli à sa mission » de sauver son frère. Mais cela justifiait-il une telle haine tenace de la part des siens, une telle méchanceté finalement sans fondements durant 2h30 de film ? Il trouvera certes la rédemption en étant finalement le seul enfant compatible pour sauver sa mère, mais son rôle de martyr semble vraiment disproportionné par rapport à la situation scénaristique initiale. Malheureusement pour nous, le calvaire nétant pas déjà assez lourd, Desplechin sest senti dans lobligation den rajouter des tonnes de peur de perdre son statut de réalisateur intello. De bifurcations inutiles vers le destin particulier de chacun des personnages secondaires qui napportent rien à lhistoire, en détails superflus (besoin de rappeler que la famille en question est « supérieure » « tant ils savent tous jouer de la musique, écrire des pièces, et sont tous artistes » ; linsupportable pièces de théâtre des enfants), le film devient très vite imbuvable et donne envie de se tirer une balle. Dautant que ces détails ne sauraient masquer cette surenchère de méchanceté gratuite dune nullité crasse.
« Jaccepte le don dHenri. Après tout, il vient de mon ventre. Je reprends ce qui mappartient »
Côté réalisation, Desplechin joue les fayots de service à grands coups deffets de style pompeux et lourdingues : superpositions dimages, personnage apparaissant dans une illère pour mieux montrer quils sont au centre de létude psychanalytique, tirades surfaites des comédiens face caméra, et découpage théâtral du récit. Mais lillusion ne prend pas, et sa mise en scène poseuse et superficielle ne décolle jamais du caniveau. Pour tout dire, on se croit dans un sketch parodique des Inconnus, brocardant par lexcès ce genre de cinéma intello bavard complètement vain. Il faut dire que les interprètes ne sont pas là pour relever le niveau. A lexception notable de Chiara Mastroiani, la seule à apporter un peu démotion à lensemble, les autres comédiens pataugent dans la médiocrité et la caricature de lacteur de cinéma dauteur. A commencer par la buze Mathieu Amalric. Totalement à côté de ses pompes, théâtral à outrance, ne se sentant plus pisser, il déroule son non-jeu pathétique comme à son habitude. Incompréhensible que ce type là soit lacteur le plus respecté de sa génération. Mais connaissant notre bien-pensante Académie des Césars, il sera forcément lauréat du trophée récompensant lacteur de lannée. A ses côtés, Deneuve boie la tasse en reine mère mal-aimante et méchante sans raison. Si Melvil Poupaud surnage à peu près, cest la bérézina du côté des Jean-Paul Roussillon, Anne Consigny, et Hyppolite Girardot. La palme de la nullité revenant une nouvelle fois à Emmanuelle Devos. Pour reprendre lexpression fort juste de mon ami Fritzlangueur, elle joue vraiment comme une « dinde ». De quoi en faire le parfait pendant féminin de Mathieu Amalric. Barbant, inutile, pseudo cérébral, Desplechin nous livre encore une fois un imbuvable et interminable exercice de masturbation intellectuelle. Une sorte de psychanalyse familiale à deux balles dont lunique but est den faire un défouloir de méchanceté gratuite, rendant lensemble parfaitement malsain et vain. Larchétype parfait dun cinéma dauteur français nombriliste, détestable et chiant. A croire quentre cette parodie de cinéma, et les élucubrations campagnardes de « Dialogues avec mon jardinier » et ploucs de « Bienvenue chez les chtis », il ny a pas de places dans notre cinéma pour des films dignes de ce nom. Pour ceux qui aiment le genre des règlements de compte familiaux, préférez plutôt la chaleur du cinéma italien, avec notamment lexcellent « Ciao Stefano » actuellement sur les écrans. « Un conte de Noël » est à fuir comme la peste !!!
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