Las Vegas 21
« Ce que je faisais nétait pas illégal. Il fallait juste compter les cartes et tout le monde ne peut pas le faire. Je suis un génie. »
Ben Campell est un brillant étudiant du M.I.T.. Mais faute de moyens il est obligé de diviser son temps entre la fac, ses dossiers de candidatures aux différentes bourses, et un travail alimentaire de vendeur qui ne le passionne pas plus quil ne lui rapporte. Mais un jour, il est repéré pour son don en mathématiques par son professeur, Micky Rosa. Contre toute attente, celui-ci lui propose un plan beaucoup plus lucratif. En effet, Micky, entouré par un petit groupe détudiants surdoués, a trouvé le moyen de prévoir et de compter les cartes au black jack. Un système infaillible et un travail déquipe pouvant leur permettre de faire sauter la banque des casinos. En secret, ils partent donc incognito tous les week-ends à Las Vegas pour mettre en pratique leur combine. Une double vie particulièrement grisante pour Ben, habitué jusquici à une morne et monacale existence. Il faut dire que le temps des week-ends, Ben vit au rythme de largent facile, du luxe, des soirées fastueuses et branchées, et de lexcitation des succès dans les casinos. Il tombe également sous le charme de la belle Jill, son équipière, le genre de fille quil naurait même pas imaginé pouvoir aborder un jour. Mais cette mécanique trop bien huilée nest pourtant pas sans danger. Et si léquipe augmente de plus en plus ses mises et de fait ses gains, ses membres sont désormais dans le collimateur dun certain Cole Williams, homme de surveillance et de main des casinos, qui a repéré leur petit manège et ne rêve plus que de les faire tomber
« Je crois que ce que je préfère à Las Vegas, cest que tu y peux devenir qui tu veux »
Adapté du best-seller de Ben Mezrich « Bringing down the house : the inside story of six M.I.T. students who took Vegas for millions », « Las Vegas 21 » retrace des faits réels, à savoir lhistoire dun groupe détudiants du prestigieux M.I.T. qui, sous la coupe dun professeur aussi brillant que peu scrupuleux, avait mis en pratique une technique pour compter les cartes au black jack. Bluffé par cette histoire, le comédien Kevin Spacey avait acheté les droits du livre en vue dun film dès 2002. Mais compte tenu de son sujet, et de lemploi du temps chargé de lacteur (qui dirige le prestigieux théâtre du Old Vic à Londres depuis plusieurs années), le film aura mis du temps à se monter. Acteur et producteur du film, Spacey aura néanmoins passé la main pour la réalisation, laissant celle-ci aux bons soins de Robert Luketic, qui sétait jusquici illustré en réalisant des navets du type « La vengeance dune blonde » (2001) ou « Sa mère ou moi ! » (2005). Pour loccasion, les comédiens ont eu droit à un stage intensif dapprentissage du black jack. Chose plus étonnante, les casinos de Vegas, pourtant dindons de la farce dans cette histoire, ont accepté de jouer le jeu et de laisser léquipe tourner dans leur locaux, arguant que cette histoire de tricherie à leurs dépends devrait attirer de nombreux clients espérant reproduire ce genre de coup. A noter enfin que lauteur du livre, Ben Mezrich, apparaît brièvement à lécran dans le rôle dun croupier.
« Tu sais ce que cest un perdant ? Cest quelquun qui refuse dadmettre quil a mal joué. Gagne comme un homme, perd comme un homme »
Décidément, les films sur les jeux de cartes et les casinos nen finissent plus de passionner les foules et le petit monde du cinéma, comme le rappellent la récente saga « Oceans », son remake français « Cash », ainsi que linégal « Lucky you » (Hanson 2006). A la différence que ce film, oscillant entre comédie et thriller, est basée sur des faits réels. Et quoi de mieux pour faire rêver les gogos quune belle histoire sur un type ordinaire, qui de par ses facultés intellectuelles et son don pour les maths, a réussi à délester les casinos de Las Vegas de plusieurs millions de dollars ? Le problème, cest que ce qui pourrait être considéré comme une sorte dexploit ne bénéficie pas dune mise en valeur de qualité. La faute à un Robert Luketic dont on savait pleinement que son potentiel était limité. Pour preuve, si le scénario est incroyablement creux, le réalisateur a cru bon de létirer au maximum pour tenter de nous prouver le contraire. Ce qui donne un film totalement mou et disproportionné, avec notamment dinterminables et inutiles scènes de black jack et de calcul mental, tout juste là pour faire jolies. De même, le brave Luketic enfile les clichés avec une candeur touchante : on a ainsi droit à la caricature des matheux très laids et ringards qui construisent leur petit robot pour un concours en rêvant à la bimbo inaccessible, ainsi quà celle des barbouzes qui surveillent les casinos et qui imposent leurs lois aux tricheurs. Des clichés qui desservent forcément le film et l'intêret qu'on lui porte. Il en va de même avec la vision du luxe façon Vegas qui se limite à des fringues de marques, des boites VIP peuplées de streapteaseuses, et des déplacements en cadillac. Le parfait rêve de kéké. Là encore, sil y avait matière à creuser la double vie de Ben (basée sur lopposition étudiant sinistre la semaine, flambeur le week-end), Luketic ne fouille jamais ses personnages, se contentant daligner deux pauvres clichés en guise de démonstration. Pour finir dachever son film, outre laspect caricatural de la chose, Luketic en rajoute avec cette voix off du héros qui vient réciter platement son histoire, et qui du coup tue dans luf toute possibilité davoir un thriller digne de ce nom. Etalage de scènes de parties de cartes et intrigue sans suspense, le film ne présente dès lors plus le moindre intérêt.
« Tu ne représentes pas plus pour moi que largent que tu rapportes »
.
Pas grand chose non plus à retenir de la réalisation de Robert Luketic. Trop de longueurs, un montage sans la moindre tension ni le moindre dynamisme, des scènes « daction » (comme la course poursuite finale) sans originalité ni saveur, aucun élément ne vient sortir le spectateur de lennui profond dans lequel il est plongé. Seul les choix musicaux, pour le coup assez plaisants, sont pertinents. Le jeu des acteurs savère tout autant insipide, à commencer par le jeune Jim Sturgess, beaucoup trop propret pour convaincre dans les scènes de Vegas où il est pourtant censé jouer les personnages extravertis. Lautre déception du film sappelle Kevin Spacey. Lacteur aux deux Oscars, pourtant lun des meilleurs de sa génération, se contente ici du strict minimum en livrant une prestation de prof machiavélique finalement très ordinaire. De même pour Laurence Fishburne, qui nous avait habitué à mieux que ce personnage de méchant vigile finalement très ordinaire. Reste la jolie Kate Bosworth, dont le rôle de jolie nymphe de service est trop peu fouillé pour lui permettre de montrer quoi que ce soit. Si on attendait pas grand chose à la base de ce « Las Vegas 21 », ce dernier savère être un spectacle bien décevant et faiblard. Trop long, trop mou, sans suspense, et aussi bien réalisé quun téléfilm, « Las Vegas 21 », bien que totalement inoffensif, est un film sans intérêt. Pas indispensable, donc.
Commenter cet article