The dinner
« Certains collectionnent les voitures, dautres les bons vins, lui collectionne les gens »
The Dinner, cest lhistoire de Tim, un homme auquel presque tout sourit.
Seule une chose lui manque pour faire de sa carrière un plein succès : trouver linvité idéal au dîner annuel organisé par son patron, événement à lissue duquel celui qui présentera linvité le plus excentrique à son hôte sera désigné comme le grand gagnant de la soirée. Condition sine qua non pour sassurer la promotion professionnelle de ses rêves.
Cest alors quil rencontre Barry, un type qui réalise des reproductions duvres dart avec des souris...
« Un diner top secret ? Cest quoi ? Une orgie ? Un sacrifice humain ? »
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Hollywood pourrait se contenter dacheter les succès populaires issus de notre production cinématographique et les distribuer en létat à travers les Etats-Unis. Oui mais voilà : il parait que le spectateur américain moyen naime ni les sous-titres ni les doublages, que nos humours ne sont pas toujours compatibles et que dune manière générale, il perd vite ses repères sil ny a pas à laffiche des comédiens quil connait. De quoi justifier a priori, du moins selon eux, le fait de faire systématiquement des remakes de nos films. Nombre dentre eux sont dailleurs déjà passés à la moulinette hollywoodienne : « La cage aux folles » (« The birdcage »), « Mon père ce héros » (« My father ce héros »), « La totale ! » (« True lies »), « Neuf mois » (« Nine months »), « Trois hommes et un couffin » (« Trois hommes et un bébé »), ou encore « Les visiteurs » (« Les visiteurs en Amérique »). Avant de voir débarquer sur nos écrans les versions américaines de « Lol » et de « Bienvenue chez les Chtis », voici donc « The dinner », relecture américaine du « Diner de cons », le film de Francis Veber qui, avec 9,2 millions dentrées, fut le gros succès de lannée 1998. Un remake dirigé par Jay Roach, poids lourd de la comédie US a qui lon doit les sagas « Austin Powers » et « Mon beau-père et moi ». Il a dailleurs renoncé à réaliser « Mon beau-père et nous », troisième volet de la saga qui sortira dans quelques semaines, pour pouvoir se consacrer à ce film.
« Je ne comprends pas ? Vous invitez une brochette de génies pour vous payer leur tête ? »
La réussite du « Diner de cons » tenait du numéro déquilibriste autant que du travail dorfèvre : un savant mélange de réparties cinglantes, dhumour féroce et dune certaine forme de théâtralité qui permettait à Veber de signer sa comédie la plus vacharde. Loin de vouloir le copier trait pour trait, Jay Roach semblait bien décidé à réaliser son propre film en prenant un maximum de libertés par rapport au support initial. Bien sûr, la trame scénaristique demeurait peu ou proue la même, reprenant au passage de nombreux gags du film original (la blessure au dos, le quiproquo avec lenvahissante maitresse, le coup de fil passé avec un accent ridicule). Cependant, le réalisateur décidait den gommer la théâtralité en changeant à la fois la temporalité du récit (lhistoire sétale ici sur plusieurs jours et non plus sur une seule soirée) ainsi que son unité de lieu (laction ne se déroule plus en huis clos dans le seul appartement de Brochant). Mais surtout, Jay Roach décidait dopérer deux changements majeurs. Tout dabord en édulcorant le scénario. Ainsi, si Veber opposait un François Pignon très con à un Pierre Brochant très méchant et cruel, les deux héros de « The dinner » sont davantage de gentils bougres, des braves types un peu dépassés, plus bêtes que méchants et pour lesquels on peut développer aisément une réelle empathie (à limage des scènes de la vie de Barry reproduites avec des souris). Lautre changement de taille ! réside dans le fait que le réalisateur ne résiste pas à lidée de nous faire prendre part à ce fameux diner de cons, alors que Veber préférait au contraire renoncer à la soirée. Un diner qui est à limage du film : plutôt sympathique et rigolo bien quun peu (trop) moraliste. Lensemble serait sous doute même assez plat si Roach navait pas dans sa manche un atout formidable nommé Steve Carrell. Précis comme une horloge suisse jusque dans la moindre de ses mimiques, le comédien porte le film sur ses épaules et prouve quil est actuellement de loin (avec Will Ferrell ?) le comique le plus doué du cinéma US.
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