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01 Apr

Disco

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Dans un ancien temps, j’ai connu un autre Didier, qui portait des bottines et tutoyait les étoiles. On l’appelait Didier Travolta »

Le Havre. Didier, la quarantaine, vit encore chez sa mère, dans un quartier populaire de la ville. Chômeur de son état, d’une immaturité confondante, il est père d’un fils, qui vit en Angleterre avec sa mère. Seulement, cette année, elle se fait menaçante : si Didier n’est pas capable d’offrir des vacances à son fils, alors il ne verra pas son fils de l’été. Endetté jusqu’au cou, sans perspective d’emploi, Didier semble résigné à l’idée d’être privé de son fils pour les vacances. Jusqu’à ce que Jackson, son ancien mentor, ne revienne aux affaires au Havre. Celui-ci, désormais associé à « La Baronne », vient de reprendre en main le « Gin Fizz », mythique boite locale, où, sous le nom de « Bee Kings », Didier Travolta et ses acolytes Walter et Neuneuil ont gagné tous les concours de danse disco à la fin des années 70. Et pour sa réouverture, le « Gin Fizz » organise un nouveau tournoi de disco, avec en premier prix, un voyage pour deux en Australie. De quoi redonner un peu d’espoir à Didier, qui finit par convaincre ses anciens partenaires, devenus désormais docker syndicaliste et vendeur chez Darty, de le rejoindre. Mais près de vingt années se sont écoulées depuis leur dernier tournoi, et nos trois compères n’ont plus leur niveau d’antan. Leur salut ne pourra venir que de France Navarre, une prof de danse classique issue de la haute, de retour de New-York, qui accepte d’aider Didier et ses copains à défendre leur chance…

« Tu sais très bien que pour moi le disco est mort le jour de la mort du batteur de Boney M »

Dubosc/Onteniente : deuxième ! Deux ans après leur triomphal « Camping » (qui avait tout de même réuni près de 5 millions et demi de spectateurs!), et avant de se retrouver pour un troisième projet intitulé « Le Mexicain », le duo nous revient sur les écrans avec une nouvelle comédie attendue : « Disco ». Spécialiste des comédies franchouillardes et populaires pas très fines – on lui doit notamment « Jet set » (2000), « 3 Zéros » (2002), ou encore « People » (2004) – la sortie de chaque nouveau film de Fabien Onteniente laisse toujours craindre le pire. Et ce en dépit de petits films méconnus plutôt réussis, comme « Tom est tout seul » (1995). Il faut dire que son association avec l’humoriste Franck Dubosc, qui construit au fil de ses spectacles et de ses films toujours le même personnage de gentil looser ringard, mythomane, et plouc, n’est pas là pour rassurer. Si le projet est né des souvenirs de jeunesse de Dubosc, qui participait à des concours de danse en pleine fièvre du disco, on ne peut s’empêcher de penser que cette histoire exploite un filon de la culture has-been et kitsch déjà exploitée dans les réussis « Podium » et « Poltergay ». Reste à savoir si cette recette cumulée à un impressionnant casting suffira à rééditer l’exploit d’un carton en salles, quelques semaines seulement après la sortie de « Bienvenue chez les Ch’tis », bien parti pour être le plus gros succès français en salles de l’Histoire.

« Le disco, c’est pas qu’une danse : ça rentre par les cheveux, ça ressort par les pieds, 50 centimètres au-dessus du sol. Le disco, c’est  la musique du cœur ! C’est une religion ! »

Avant toute chose, je me dois de faire une précision : il y a comédie et comédie. J’entend par là que même si « Disco » est une comédie bien franchouillarde, lourdingue et ratée, elle reste largement plus drôle que le récent « Astérix aux jeux olympiques ». Dès lors, si le film est assez plutôt rigolo, qu’est-ce qui peu bien clocher dans ce « Disco » ? Tout d’abord, son aspect franchouillard lourdingue. Facile (Patrick Chirac cède sa place à Didier Travolta, la recette du succès précédent est appliquée à la lettre), très basique, limite copié (le coup du looser superbe qui retrouve ses potes pour revivre sa passion kitsch du disco, ça sent à plein nez le « Podium »), le nouveau film d’Ontoniente ne fait pas dans la demie-mesure, se vautrant allégrement dans le cliché et la facilité : rien de tel pour faire marrer les beaufs qu’un chômeur immature sapé en survêtement et accroc à la culture plouc (le disco, musique has-been par excellence, mais aussi à une kyrielle de références telles que Darty ou Buffalo Grill), le tout agrémenté de quelques vieilles blagues potaches pas bien neuves (du genre faire rimer Véronique avec Nique, ou Margueritte avec Bite, y’avait plus que Dubosc pour oser !). Le choix de la ville du Havre comme décor n’est à ce titre pas un hasard, tant la ville a encore une image prolétaire forte en raison de son importante activité portuaire. Rajoutez à notre pecnot deux copains bien en décalage avec l’ambiance patte d’éléphant et boule à facettes, un ancien mentor avec une moumoute de raggaeman, et une prof bcbg invitée à un dîner chez Buffalo Grill, et vous obtiendrez cette comédie facile et bien beauf. Une comédie qui aligne les poncifs comme d’autres enfilent les perles (les pauvres prolos ont un cœur gros comme ça, une humilité et une gentillesse indécrottable, tandis que les riches sont forcément des cons méprisants, le chômeur est forcément un looser irresponsable et flémard), et qui se complet dans la médiocrité d’un humour ras des pâquerettes (Dubosc en débardeur et jean moule-bite, pour finir en slip kangourou quand il n’a plus de blague en réserve dans sa poche). Sans parler de quelques scènes stupéfiantes de bêtise (comme le plan drague façon Compagnie Créole au Buffalo Grill). Reste que malgré ça, et contrairement à « Astérix », ce spectacle affligent nous arrache malgré tout ça et là quelques rires et sourires honteux. Suffisamment pour ne pas arriver à blâmer totalement le film et à avouer qu’on aurait presque voulu l’apprécier. Et ce grâce à des moments franchement réussis, comme toutes les scènes dansées, à la fois impressionnantes et drôlissimes, mais aussi grâce à la sympathie qui se dégage des personnages secondaires, en particulier Walter et Neneuil, qui n’ont pas la gueule de l’emploi. Mais le manque d’originalité d’un Dubosc qui n’arrive pas à se renouveler, reprenant perpétuellement le même personnage d’un film ou d’un spectacle à l’autre, empêche ce film de décoller réellement.

« Je vais te mettre un suppo : elle va vite te passer ta fièvre du samedi soir »

 

Côté réalisation, Ontoniente fait du Ontoniente. L’ensemble, très classique, est très calibré pour plaire au plus grand nombre. La mise en scène est ainsi relativement efficace, même si elle manque par moment de punch, et est en même temps dépourvue de tout génie (il est clair que c’est à peine mieux filmé que « Plus belle la vie » ou que « Sous le soleil »). Plus déprimant, la succession des marques (référencés comme appartenant à la culture de masse dans un subtil raccourci les rendant populaires donc ringardes) qui apparaissent comme autant de publicités pour les sponsors (RTL, Buffalo Grill, Darty), confère à l’ensemble un aspect assez puant pour ne pas dire putassier. Reste les comédiens, qui ont la lourde tâche de porter le film sur leurs épaules. Le casting impressionnant réuni autour de l’omniprésent et inénarrable Franck Dubosc se montre cependant inégal. Si Dubosc finit par agacer quelque peu en cabotinant au-delà du supportable dans son énième interprétation du même personnage, les bonnes surprises viennent clairement de Samuel Le Bihan, très sobre, qui assure dans tous les domaines (comédie, danse, sujets plus graves), et de Abbes Zahmani. Si Gérard Depardieu est assez marrant dans son genre, Emmanuelle Béart, Annie Cordy, ou encore Christine Citty, se contentent du minimum syndical. La palme de la lourdeur revenant à François-Xavier Demaison. On notera également une série de caméos assez ridicules (Danielle Gilbert, Julien Courbet), dont le summum est atteint par l’exaspérant Francis Lalanne dans un rôle auto-parodique totalement lamentable et hypocrite. Comme on pouvait s’y attendre, « Disco » est une grosse comédie bien franchouillarde et pas subtile pour un sou dont le seul but est de faire des entrées en salle. Mais son humour lourdingue et facile, mêlé à un Dubosc répétitif et lassant ne permettent jamais à ce film de décoller réellement. Reste quelques passages, marrants et efficaces, qui sauvent le film de l’ennui et du ratage total. Clairement mieux qu’ « Astérix », mais pas fabuleux non plus… 

  



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B
PLus que tout, c'est cette horripilante succession de publicité qui nous agresse du début à la fin. Je ne suis pas sûr que ça rehausse l'image de ces entreprises. Côté acteurs, moi qui ne l'appréçie pas des masses, j'ai trouvé Emmanuelle Béart pas si mal. Pour le reste, Disco est en fait une nullité qui aurait pu être... bien ? Domage !$
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