Il était une fois
« - Ma Reine, où lavez-vous expédiée ?
- Quelque part où on est jamais heureux jusquà la fin des temps »
Gisèle est une princesse de contes de fées de dessin-animée. Elle vit dans une maison dans la forêt entourée de ses amis les animaux, et rêve en chantant de rencontrer son prince charmant. Un prince, Edouard, quelle finit par trouver lorsque celui-ci vient lui sauver la vie. Mais la méchante reine, mère dEdouard, ne voit pas dun si bon il le mariage de son fils avec une courtisane qui lui prendra tôt ou tard son trône. Elle décide donc de monter un stratagème pour faire disparaître Gisèle. Un stratagème qui la propulse dans le New York daujourdhui, de chair et dos, où la vie est beaucoup moins idyllique et simpliste pour notre pauvre Gisèle, qui sans le sou et sans foyer erre dans les rues de la ville. Avant que le hasard ne mette sur sa route la jeune Morgane et son père, qui lui propose lhospitalité
« - Andalasia, ce ne serait pas un état ?
- Plutôt un état desprit »
Les fêtes de fin dannées approchant, les productions à destination du jeune public vont se multiplier sur nos écrans. En attendant les poids lourds que seront « Bee movie » produit par Dreamworks et « A la croisée des mondes : la boussole dor », et les outsiders tels que « Lucky Luke : tous à louest », « Lenfant et le renard », ou encore « Alvin et les Chipmunks », Disney prend les devant et lance dès la fin du mois de novembre sa nouvelle production, « Il était une fois ». Dans la veine des comédies telles que « Shrek », le film affiche clairement sa volonté de placer la comédie dans un registre dautodérision, jouant des clichés des grands classiques du conte de fée, qui ont été adaptés avec succès par le passé chez Disney. Aux commandes de ce film, on retrouve un habitué de la maison, Kevin Lima, déjà réalisateur de « Tarzan » (1999) et de « 102 dalmatiens » (2001), et dont la présence assure malgré tout une cohérence avec tout ce qua pu faire Disney par le passé.
« Je voudrais quelle sendurcisse pour affronter ce monde tel quil est. Cest pour ça que je ne lencourage pas à croire aux contes de fées »
De plus en plus concurrencés, les studios Disney se devaient de réagir en donnant un petit coup de jeune et de modernisme à leurs nouveaux films. On sent très bien à ce titre cette volonté dans ce « Il était une fois », qui combine dessin animé 2-D traditionnel chez Disney (le graphisme prend quand même un petit coup de jeune au passage), à un film avec des acteurs de chair et dos. Idée astucieuse, que dautres avaient déjà tenté par le passé (« Qui veut la peau de Roger Rabbit ? »), cela suffisait néanmoins à faire de ce film un petit événement en soi. Reste que formellement, ce « Il était une fois » nest pas non plus un chef duvre comme pouvait lêtre certains dessins-animés classiques. La faute probablement à sujet qui a le cul franchement entre chaises. Certes, il est destiné à un jeune public, mais le parti pris de parodier et rendre un peu caduc le conte de fée et la romance cucul devient indéfendable lorsquon impose une fin de conte de fée transposée dans le monde moderne. Certes, la morale reste pleine despoir (les belles histoires ne sont pas que dans les livres), mais le postulat décalé du film en prend un coup. Bien sûr lensemble est défendu par un une tonalité joyeusement humoristique. Certaines scènes sont franchement amusantes (le ménage mené par les rats et les cafards), quelques quiproquos le sont également. Mais dans lensemble, passé le cap des 7-8 ans, difficile daccrocher outre mesure à cet humour facile et ras des pâquerettes. Ceci est dautant plus dommage que quelques personnages sortaient du lot (le prince du conte, Gisèle, et surtout la souris danimation). Mais face à eux, les scénaristes nont pas su leur opposer mieux que les personnages classiques du père célibataire au grand cur et de la petite fille qui subit une belle-mère pas franchement sympa. Gros manque dimagination donc, pour une idée qui était au départ plutôt pertinente, et qui permettait certainement mieux. Tout juste les rôles seront inversés puisque Gisèle sauve son prince du monde réel de la mort, affirmant la princesse dans un rôle quasi féministe. Leffet des années 2000, sans doute...
« Je ne suis pas en train despérer que mon prince viendra. Il viendra »
Côté mise en scène, si lensemble se fait sans excès de zèle, et pire, de génie, on pourra cependant louer le joli travail des costumiers, qui auront réussi à faire passer la transition du dessin animé, féerique, au réel qui lest beaucoup moins, dune manière très réussie. Finalement, le film se retrouve sauvé par la fraîcheur des comédiens, notamment ceux qui interprètent les personnages issus du conte, qui sen donnent à cur joie dans la parodie burlesque. A ce titre, la charmante et pétillante Amy Adams fait preuve dun bel abattage, étant à laise dans le chant et la danse, sans jamais oublier de se montrer comique. Mêlant à la fois Cendrillon, Blanche-Neige et la Belle au bois dormant, elle nous amuse en dirigeant ses amis les animaux nuisibles, en confectionnant ses vêtements dans les rideaux, et en chantant avec un sourire béat des airs volontairement ringards, braillards et saoulant. Dans ce registre, le Prince Charmant du conte, interprété avec brio par James Mardsen, est également une prodigieuse tête à claque narcissique, qui porte en lui un vrai potentiel comique fondé sur lautodérision. Derrière, Patrick Dempsey, tout droit sorti de « Greys anatomy » cabotine un peu dans un rôle beaucoup trop lisse. Mais à limage de Susan Sarandon, guest star du dernier quart dheure, tout le monde semble être content dêtre là et leur plaisir sauve prodigieusement le film de la niaiserie totale.
« - Les garçons ne sont intéressés que par une chose
- Par quoi ?
- Je ne sais pas, personne na jamais voulu me le dire »
Au final, on sera indulgent avec ce « Il était une fois ». Certes, il y a un peu arnaque sur le produit, censé se moquer gentiment de lunivers du conte de fée, mais qui au final nous le revend encore mieux transposé dans notre monde. Certes, on aurait préféré à cela voir un film à lhumour plus féroce, que « Shrek » a su imposer avec succès sur un même thème. Mais les moyens techniques (costumes, maquillages, même les effets spéciaux) redonnent un plaisir visuel à un ensemble filmé dans un New York de carte postale. De même, on ne pourra que saluer le retour de Disney à des formes plus classiques qui ont assis son succès. Le chant, les chorégraphies, même si tout ceci est un peu raté et énervant ici, est certainement annonciateur de lendemains meilleurs pour un genre qui a été mis à mal par les productions 3-D. Enfin, les quelques bonnes scènes comiques, portées par une jolie brochette de comédiens enthousiastes, finissent de sauver le film de la déroute. Noublions pas aussi quil sadresse aux plus jeunes, et que ceux-ci seront probablement tout à fait comblé par ce film coloré, léger, dynamique et cucul, qui navait probablement pas de prétentions plus élevées.
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