Les femmes de ses rêves
« Je pige pas, tu refuses le mariage, mais tu ne profites pas du célibat. Cest pas une vie, cest le purgatoire ! »
Eddie, la petite quarantaine, tient un magasin de sport à San Francisco. Célibataire, il semble avoir renoncé à lidée de se marier un jour. Pourtant, entre son père, retraité soumis au démon de midi et qui à la vie sexuelle débridée, et son meilleur ami, soumis à sa femme et qui a préféré se marier pour entrer dans le rang et par peur de la solitude, Eddie fait lobjet dune pression le poussant à rencontrer la gente féminine. Un jour, après avoir assisté au mariage dune de ses ex, il fait la rencontre fortuite de Lila, une jeune et jolie chercheuse en écologie. Entre eux, lattirance est immédiate et réciproque. Cest le début dune liaison qui semble intense et passionnée. Mais le statut de célibataire de la belle Lila lui vaut une mutation plus ou moins forcée et à long terme à lautre bout du monde. Malgré ses doutes et la très faible durée de leur histoire, Eddie, sous la pression des siens, franchit le pas et épouse Lila. Alors que tout semble marcher comme dans un conte de fée, la lune de miel prend des tournures inattendues, et la princesse se transforme peu à peu en cauchemar, se montrant caractérielle et menteuse. Entre succession de gaffes, de disputes, et autres imprévus, Eddie passe la plus grande partie de son temps tout seul. Ce qui lui permet de faire la connaissance de Miranda, jolie touriste venue en famille fêter le renouvellement des vux de son oncle et de sa tante. Entre eux, le courant passe bien dentrée. Et si cétait finalement Miranda la femme de ses rêves ?
« On vise tous lexploit, mais la patience paye toujours »
Références en terme de comédies gentiment potaches et irrévérencieuses, la carrière des frères Farrelly nen est pas moins sinueuse. Lancés par le déjanté « Dumb et dumber » (1994), les deux réalisateurs auront connus quelques gros succès au box-office, comme « Mary à tout prix » (1998) ou « Fous dIrène » (2000), mais aussi, avec la décennie 2000, des films passés plus ou moins inaperçus comme « Lamour extra large » (2002), ou « Deux en un » (2003). Leur précédente réalisation, « Terrain dentente », pourtant portée par Drew Barrimore, sera tout juste sorti dans une toute petite poignée de salles en France. Pour marquer leur grand retour, les frangins terribles ont décidé de faire un remake de « The heartbreak kid » (le film des Farrelly reprend le même titre en anglais), comédie dElaine May sortie en 1972, et portée par Charles Grodin et Cybill Shepherd. Loccasion pour eux de signer leurs retrouvailles avec Ben Stiller, dix ans après « Mary à tout prix », leur plus gros succès. A noter que le film a été présenté au dernier Festival de Deauville.
« Je vais enfin pouvoir mettre un visage sur ce slip »
Après les grosses déceptions des comédies made in Apatow que la presse nous avait survendus ces derniers mois (« En cloque, mode demploi » et « Supergrave »), on ne pouvait que se montrer très méfiant avant la sortie dune nouvelle grosse comédie américaine. Dautant quau-delà des films dApatow, aucune comédie américaine sortie ces derniers mois naura laissé de souvenirs impérissables. Mais voilà, pour leur grand retour, les frères Farrelly ont décidé de revenir à leurs fondamentaux, reprenant la recette miracle du film à mi-chemin entre comédie romantique et humour potache. Et pas de doute, cest ce quils savent faire de mieux! Bien sûr, quon se le dise, lhumour ici reste principalement centré sous la ceinture. Ami poète, ce film nest pas fait pour toi ! Mais on doit reconnaître quavec « Les femmes de ses rêves », ils font très forts. Pour leur nouvelle réalisation, ils retrouvent les personnages ordinaires quils affectionnent tant, et prennent un malin plaisir à les confronter à des situations qui les dépassent, et les malmènent à fond, en gardant lhabitude de pousser les gags toujours un peu trop loin. Et ça fonctionne du tonnerre ! Entre Eddie le brave gars maladroit qui se retrouve dépassé, confronté à une femme de rêve avec qui il na finalement rien en commun et dont le passé caché est en totale inadéquation avec sa vie bien rangée (elle est une ancienne junkie, endettée, sans travail, forte tête et se comporte au lit comme une actrice porno), ou Lila la fausse candide qui passe de la femme idéale au cauchemar vivant avant dêtre malmenée physiquement à lextrême, les Farrelly ne reculent devant aucune situation énorme et torturent nos deux héros pour notre plus grand plaisir. Et tout en arrivant à nous les rendre finalement attachants. Il est certain que ce film ne révolutionne pas lhumour des films du genre (on y retrouve beaucoup de « Mary à tous prix » mais aussi de « Polly et moi » de Hamburg 2004), mais les Farrelly restent maîtres en la matière quand il sagit de manipuler tant lhumour bien gras situé bien en-dessous de la ceinture, que lhumour tarte à la crème. Ils nous gratifient ainsi de grands moments (les scènes de sexe sont à mourir de rire, celles avec le père de Stiller et loncle Tito également, sans parler de la bientôt culte scène de la méduse qui égalera probablement la zigounette coincée dans la fermeture éclair de « Mary à tout prix »), et les gags senchaînent sans fautes à un rythme très soutenu. A lexception dun dernier quart dheure poussif et plus convenu, « Les femmes de ses rêves » soffre le luxe dêtre vraiment hilarant pendant une heure et demie. Et ce dautant plus que contrairement aux derniers films dApatow, il ny a pas de fond moraliste à ce film, pour lequel le mariage (valeur sacrée pour tout américain qui se respecte) est assimilé au pire calvaire qui soit pour lhomme.
« Tu crois que ta femme est folle parce que pendant sa lune de miel elle chante tout le temps, veux baiser sans arrêt et a un coup de soleil ? »
Quon aime ou non ce genre de comédie, on ne pourra que saluer la virtuosité du scénario de ce film, qui assume totalement tous les gags, même les plus horribles, et qui ne se fixent aucune limite en la matière. De même, et cest rare par les temps qui courent, le rythme soutenu et sans temps morts ou passages à vide avec lequel senchaînent les gags est un des grands facteurs de réussite du film. Celui-ci est dailleurs renforcé par une mise en scène et un montage dynamique, tout comme le sont les choix musicaux. Mais la réussite du film est également due à un incroyable duo dacteurs qui acceptent les pires situations et qui manient lautodérision avec une grande maestria. Ben Stiller retrouve ainsi un rôle lui permettant de donner la pleine mesure de son extraordinaire talent comique, et trouve en la magnifique débutante Malin Akerman un alter ego insoupçonnée. Derrière eux, la très charmante Michelle Monaghan, livre une jolie performance, mais reste prisonnière dun rôle beaucoup plus sage. A noter enfin que le comédien jouant le personnage de papa de Stiller nest autre que son propre père, Jerry Stiller, quon avait notamment vu dans les deux versions de « Hairspray ».
« Le secret dun mariage heureux ? Efforce toi de sourire tout le temps, endure les cinquante prochaines années, et attend la délivrance de la mort ! »
Humour hilarant et bien potache, fond de comédie romantique et personnages attachants, « Les femmes de ses rêves » est une comédie très réussie qui signe définitivement le retour des frères Farrelly à leur meilleur niveau. Bien évidemment, on pourra toujours reprocher à ce genre de film son humour un peu trop potache et facile. Mais maniée avec leur dextérité et leur envie de bien faire, on se retrouve victimes de rires coupables devant ce film hilarant. Porté par un trio dacteurs brillants et charmants, on retiendra également le retour en grande forme de Ben Stiller dont les dernières comédies étaient un peu décevantes, ainsi que la révélation Malin Akerman. « Les femmes de sa vie » est donc une excellente comédie qui a tout pour réussir un joli score au box-office. De très loin la meilleure comédie américaine de lannée.
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