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06 Aug

Fido

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Quelle terrible chose cette guerre des zombies : des familles entières qui se tiraient dessus »

 

Il faut bien reconnaître que l’œuvre du réalisateur canadien Andrew Currie est franchement méconnue de par chez nous. Bien que réalisateur d’une poignée de films et de téléfilms, « Fido » est, à ma connaissance, son premier film à sortir de ce côté-ci de l’Atlantique. Raison de plus pour aller découvrir un nouvel univers cinématographique ! D’autant que ce « Fido » bénéficiait de quelques bonnes critiques, et que la bande-annonce semblait annoncer un ovni au milieu des grosses productions de cet été. Impressions.

Metropolitan FilmExport

 

« Je tuerais ma femme sans hésiter s’il le fallait »

 

L’histoire :

 

Suite à un nuage radioactif, les morts sont revenus sur Terre sous la forme de zombies. Après une terrible guerre entre vivants et zombies, la société Zomcon, qui semble désormais régir le monde, a inventé un collier électronique permettant de domestiquer les zombies. Du coup, les vivants les ont astreint aux tâches les plus contraignantes. Parfaits en ouvriers, jardiniers, livreurs, majordomes, ou même objets sexuels, les zombies sont partout dans la société. Timmy, un jeune écolier, regarde tout cela avec beaucoup de dédain, jusqu’au jour où, pour convenance sociale, sa mère en achète un pour chez eux. Si au début Timmy se sert de son zombie comme d’un objet à tout faire, une relation d’amitié finit par naître peu à peu, et Timmy va jusqu’à lui donner le nom de Fido (parfait nom de chien domestique). Mais quand le collier de ce dernier connaît quelques petites pannes, de drôles de disparitions sont signalées dans le quartier…

           Carrie-Anne Moss et Billy Connolly. Lions Gate Films Inc.Billy Connolly. Lions Gate Films Inc.

 

« De la poussière tu es venu, à la poussière tu retournas, de la poussière tu ne reviendras pas »

 

Il est frappant de voir combien le film de Wright, « Shaun of the dead » (2005), a marqué les esprits par sa créativité et a ouvert des voies. Car ce « Fido », par son ton décalé et particulier, s’inscrit clairement dans la lignée des films de zombie comico-gore. Gros délire gentiment régressif au premier abord, le film marque surtout par son univers visuel très soigné. L’action se situe en effet à une époque qui se veut intemporelle mais qui est clairement marquée comme étant les années 50, dans une espèce de banlieue pavillonnaire calme et proprette, pour classes moyennes. Cette univers années 50, trop lisse, trop calme, trop vernissé ressemble à s’y méprendre à celui du très bon « Pleasentville » de Gary Ross (1998). Dans ce monde aseptisé en apparence, Currie développe un scénario légèrement barré dans lequel on retrouve des enfants qui apprennent le tir contre zombie à l’école, des personnes armées jusqu’au dent, un voisin qui culbute gentiment sa zombie domestique, des zombies qui bouffent des vieux, et des adultes qui vident leurs chargeurs sur des gamins un peu teignes. Le contraste est saisissant, et très vite, cette farce recèle quelques bons moments subversifs et jouissifs.

      Carrie-Anne Moss et Tim Blake Nelson. Dylan Baker, K'Sun Ray, Billy Connolly et Carrie-Anne Moss. Lions Gate Films Inc.

 

« Je sais que tu ne devrais pas posséder une arme avant tes douze ans révolus, mais on est jamais trop prudents »

 

Sans pencher vers l’humour très anglais et délirant de « Shaun of the dead », tout en références, flegme et gros délire, « Fido » se démarque et s’offre le luxe d’avoir son univers propre. Et ce d’autant plus que le film propose gentiment, sans jamais pousser la chose trop loin, une critique de la société américaine, ou du moins, une réflexion sur celle-ci. Société fondée sur les apparences et le communautarisme (la rue est peuplée de blancs, plutôt aisés, ceux qui le sont un peu moins font leur possible pour essayer de se montrer au même niveau que les autres, d’où l’arrivée de Fido dans la famille du héros qui était la seule de la rue à ne pas posséder de zombie), où on se gargarise des guerres antérieures sans en tirer la moindre leçon, où les armes tiennent une place primordiale et renforcent un peu plus le caractère égoïste, violent et paranoïaque de la société. Les zombies, ceux qui n’appartiennent pas à ce monde par définition, sont réduits aux tâches les plus ingrates (travail à la chaîne, travaux domestiques, livraisons), dans des conditions semblables à l’esclavage (attachés avec une chaîne dès que le travail est fini, promenés en laisse, souvent humiliés). Comment ne pas y voir là encore une jolie métaphore sur la manière dont sont traités ceux qui n’appartiennent pas réellement à cet univers (certaines minorités, clandestins, immigrés, étrangers… ). Pour se jouer des préjugés, il nous offre même une vision personnelle selon laquelle certains vivants paraissent plus chiants que les morts, et certains morts plus attachants que les vivants (Fido ressemble d’avantage à un père et un mari idéal que le propre père de Timmy).

 

Au niveau de la forme, la mise en scène est soignée. On regrettera cependant quelques longueurs, et un manque de maîtrise du rythme du film. Celui-ci a néanmoins le mérite d’imposer un univers qui lui est propre et de ne pas se limiter à l’étalage de références mais au contraire de savoir les transcender. On retiendra également les prestations très savoureuses de Carrie-Ann Moss, formidable en femme au foyer charnelle et insatisfaite, et de Billy Connolly en zombie doué de sentiments.

Carrie-Anne Moss. Lions Gate Films Inc.

 

« Je suis un très bon père : mon père a essayé de me manger, moi je n’ai jamais mangé Timmy »

 

Avec ce « Fido », Andrew Currie se glisse parfaitement dans la brèche des films de zombies à la fois comiques et gore, ouverte par l’excellent « Shaun of the dead ». Si le film regarde obligatoirement, par son synopsis, vers le film de Wright, Currie réalise un coup de maître en développant un univers qui lui est très personnel et qui ne ressemble pour le coup à rien d’autre. Avec un scénario barré et gentiment subversif et critique à l’égard de la société américaine, il signe une œuvre intéressante et originale, hélas diminuée par quelques problèmes de rythme. Sans avoir le potentiel pour devenir un gros succès commercial ni un film culte, ce « Fido » est néanmoins une comédie surprenante, révélant de belles surprises et réservant quelques jolies scènes comiques. Une agréable découverte.



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F
C'est pour moi l'une de belles surprises de l'été. J'ai adoré le travail technique et visuel même s'il est vrai que le rythme est inconstant. Et j'aime ce discours un peu séditieux qu'il diffuse avec beaucoup d'humour...
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B
La lenteur nuit en effet au début alors qu'ilo se passe énormément de chose. Film plein donc, drole et très soigné et très bien joué. Forcément à voir...
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!