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20 May

Le grand McLintock

Publié par platinoch  - Catégories :  #Westerns

« Pour être un gentleman, il faut être un homme. Et ton gouverneur n’est ni l’un ni l’autre »

McLintock est une petite ville, quelque part dans l’ouest sauvage. Le fondateur de celle-ci n’est autre que le grand G.W. McLintock, propriétaire de la plupart des terres et grand éleveur s’il en est, dont l’activité contribue à la prospérité de la région. Respecté et craint par tous, il voit d’un mauvais œil l’arrivée massive des pionniers. Pourtant, une personne semble oser lui tenir tête : son épouse Katherine. Et celle-ci est de retour en ville après deux ans d’absence pour réclamer le divorce et la garde de leur fille dont le retour de fin d’études est prévu quelques jours plus tard. Si McLintock refuse la requête, aucun des deux ne semble vouloir capituler devant l’autre…

 

« - M. McLintock, ça veut dire quoi « répugnant » ?

   - On m’a traité de ça une fois. J’ai vérifié dans le dictionnaire. Mieux vaut ne pas savoir ! »

.

 Film mineur dans la filmographie du grand John Wayne, ce « Grand McLintock » n’était pas en soi un projet artistiquement ambitieux défendu avec ferveur par le Duke. Il s’agit au contraire d’un vulgaire produit destiné à faire des entrées. Petit retour en arrière : au début des années 60, la société de production de John Wayne, « Batjac », est au plus bas. Et ce en dépit des succès en salles de l’acteur. Ce dernier cherche alors un projet original et populaire, capable d’attirer massivement les foules en salles et de renflouer les caisses de sa société. Il tombe alors sur ce projet, dont il confie la réalisation à un tout jeune réalisateur, Andrew McLaglen, fils du comédien Victor McLaglen qui partagea l’affiche avec le Duke à plusieurs reprises (« L’homme tranquille », « Fort Apache »), et à qui on devra par la suite des films comme « Bandolero » (1968), ou encore « Chisum » (1970) avec le même John Wayne. Ce dernier accomplira scolairement sa mission, et le film, sorti en 1963, permettra à la société de production de Wayne de repasser dans le vert. Pour la petite histoire, la débutante Stephanie Powers soutiendra que le réalisateur John Ford pris les manettes de réalisateur pendant près d’une semaine, ce qui aura toujours été démenti par le réalisateur Andrew McLaglen.

« Deux ans que votre femme vous mène en bateau : comme disait mon père, si ta voix ne suffit pas, utilise tes mains ! »

 

Western et comédie sont à priori deux genres qui ne font pas bon ménage. Rares ont d’ailleurs été les tentatives de mélange des genres, et encore plus rares ont été les réussites (« Mon nom est personne », « La vallée de la poudre »). Et ce d’autant plus que les thèmes traités à la mode franchement machiste et limite raciste sont assez lourdingues. A ce titre, « Le grand McLintock » est un peu une sorte de précis de tout ce qu’il ne faut exactement pas faire quand on se lance dans ce périlleux mélange des genres. A commencer par avoir un scénario aussi misérable. Conflit entre un gros propriétaire terrien et éleveur face aux pionniers, conflit avec sa femme autoritaire et pimbêche, relation compliquée avec les indiens et avec les autorités, retour de la fille unique du couple qui semble suivre les pas de sa mère, beaucoup de thèmes sont abordés par ce film, qui souffre de n’en suivre aucun réellement. Du coup, le scénario part clairement en vrille, donnant lieu à gros n’importe quoi même pas drôle dont on retiendra peu de choses, à part les traditionnelles fessées sexistes de John Wayne à Maureen O’Hara (c’était déjà le cas dix ans plus tôt dans « L’homme tranquille ») et une homérique bagarre dans une marre de boue. Un peu court tout de même. Surtout pour un film qui dure plus de deux heures. Deux heures interminables, tout juste relevées par un casting costaud. En faisant exception de John Wayne, dont le jeu monolithique et aussi subtil qu’un parpaing le rende aussi à l’aise dans cette comédie qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, c’est surtout au charme féminin de l’excellent tandem Maureen O’Hara et Yvonne De Carlo qu’on doit l’essentiel des bonnes scènes du film. Quelques seconds rôles (comme Stephanie Powers…eh oui !) tirent également le film vers le haut. Dommage que les lacunes scénaristiques, de rythme, et le manque d’intérêt de l’ensemble prennent vite le dessus, faisant de film un divertissement vieillot, fade, et franchement longuet. A oublier.



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B
Alors donc, je l'ai vu. Plus qu'un film xénophobe, plus que raciste, il est surtout un film d'une rare violence contre les femmes, dont la morale serait « bat ta femme tous les matins, si elle ne sait pas pourquoi, elle le sait ». Violence contre LA femme émancipée ou qui tente de l’être, en bute au fascisme d’un machisme exacerbé mis en exergue comme une bonne morale pour un homme un vrai, celui qui sait se faire respecter par la brutalité la plus extrême. Cette volonté d'humilier, de châtier, de réduire la femme à moins que rien, même avant qu’elle devienne l’épouse afin de lui signifier qui est le maître, et qui donne que chaque semaine chez nous à des femmes qui meurent sous les coups, l’épuisement et souvent le suicide, et que dans d'autres pays on fouette ou lapide à mort. Et qu'on ne rétorque pas que c'est un vieux film et qu'à l'époque... Rien n'est excusable, pas plus que le nazisme sous prétexte qu'il s'est passé dans les années 30 à 40. L'"humour" qui règne dans ce film est du plus mauvais gout, frôlant la perversité des bourreaux. Ce « film » est abject !
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V
Je me rappelle avoir apprécié étant jeune. Mais bon, oui, avec le recul, je suis d'accord avec toi.
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B
Compte tenu de ton analyse, j'avouerais en temps normal d'éviter de le voir tant j'en devine l'archaïsme outrancié que cela doit être, rien qu'au vu de l'affiche, scandaleusement machiste primaire. Et pourtant, j'ai très envie de voir par moi même cette sidérante.... connerie ??
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!