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29 Jun

Un jour, peut-être

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« C’est drôle, quand on se marie, on ne se dit jamais qu’on fera un jour partie des 46% de couples qui ne vécurent pas heureux »

Will Hayes est un jeune père New Yorkais d'une trentaine d'années en plein divorce lorsque sa fille de onze ans, Maya, le questionne sur sa vie avant qu'il ne soit marié. Elle veut savoir comment ses parents se sont rencontrés et comment ils sont tombés amoureux. L'histoire de Will commence en 1992 alors qu'il n'était encore qu'un jeune politicien qui débarquait de son Wisconsin natal à New York pour travailler sur la campagne de Clinton. Will raconte ses péripéties avec son meilleur ami, Russell, et, sous forme de puzzle, ses 3 grandes histoires d'amour. Il y a eu Emily, son amour de lycée; April, sa meilleure-amie et confidente de toujours et Summer, une journaliste ambitieuse. L'une d'entre elles est la mère de Maya mais ce n'est qu'à la fin de l'histoire qu'elle saura avec laquelle il s'est marié.

« Tes ambitions et la politique te vont bien. Mais on sent trop que tu cherches à être aimé »

 

Scénariste reconnu pour son travail (il a notamment réalisé les scénarios de « Bridget Jones 2 : l’âge de raison » ou encore de « French kiss »), Adam Brooks signe avec ce « Un jour, peut-être » son quatrième long en plus de vingt ans (son premier film date de 1985). Néanmoins, aucun de ses films précédents n’étant sortis en salle en France, ce « Un jour, peut-être » est un petit événement à part entière pour le réalisateur, qui signe également le scénario du film. Un récit qu’il a volontairement voulu étendre sur plus d’une décennie dans un soucis de faciliter le sentiment d’attachement du public envers le héros. Tourné en grande partie en décors naturels dans la ville de New York, il donne l’occasion au comédien Ryan Reynolds de se voir offrir son premier vrai grand rôle en tête d’affiche, dans un registre assez différent de ce qu’il avait pu faire jusque là.

« - Sentimentalement, c’est le calme plat. J’ai pas baisé depuis la réélection de Clinton

   - Il baise bien assez pour tout le pays !!! »

Genre indémodable, la comédie romantique est néanmoins un genre qui s’essouffle, la faute à un manque de renouvellement doublé par la multiplication constante des productions du genre. Il n’y a qu’à voir à quel point les productions ressentes –  telles « Jackpot », « 27 robes », ou encore « Le témoin amoureux » - se ressemblent en de nombreux points scénaristiques (on sait toujours à l’avance comment le film va finir) et formel (choix du cadre, de la photographie, toujours très calibré et balisé). Dans ce contexte, « Un jour, peut-être », à défaut d’être parfait (loin de là), propose néanmoins de sortir un peu des sentiers battus. On peut même dire que si le réalisateur n’avait pas pêché par une volonté affichée d’imposer un happy-end, il tenait potentiellement un scénario en or. En effet, construite à la manière d’une énigme sentimentale qui prend des tournures de parcours initiatique, cette petite bluette réussit à maintenir le suspense jusqu’au dénouement, et par là même à nous tenir en haleine. Car bien que certaines ficelles soient grosses et que les coïncidences paraissent parfois improbables (la réapparition des ex plusieurs années après au hasard de la vie du héros), il demeure très difficile de deviner laquelle de ces trois jeunes femmes est en réalité la mère de la gamine. Quoi qu’il en soit, le réalisateur réussit à ménager quelques jolies scènes de séduction, comme celle du concours de cigarette sous la pluie. Outre son scénario original, le film jouit également de personnages très bien dessinés. Loin des clichés du genre, le héros masculin du film s’avère beaucoup moins parfait et beaucoup plus vulnérable que l’on croit, traînant derrière lui son lots d’échecs sentimentaux et professionnels. Même chose du point de vue des personnages féminins. Certes, chacune des trois potentielles épouse/mère est forcément un peu caricatural afin de pouvoir différencier clairement les trois, mais le réalisateur réussit à donner vie de manière égale à chacune. Enfin, l’autre grande réussite du réalisateur est d’avoir su sortir du cadre exclusif de la comédie romantique en plaçant son récit au cœur de la campagne présidentielle de Clinton en 1992. A ce titre, en donnant une dimension sociale et générationnelle à son film, cela lui permet de jeter un regard doux-amer bourré d’empathie envers une génération déçue et désœuvrée, de jeunes gens – forcément empreints d’une forme de naïveté – qui se sont battus pour des idéaux et qui se retrouvent profondément déçus et trahis quinze ans plus tard, menant une vie beaucoup moins brillante et conforme à leurs espoirs de l’époque.

« C’est typique des histoires d’amour : la meilleure amie ne veut plus être la meilleure amie, elle veut devenir la petite amie. Mais trop tard. »

 

Ce scénario original et plutôt intelligent souffre néanmoins de quelques petits travers propres aux films américains, comme ce sempiternel petit moralisme (sur le tabac, sur l’approche de la sexualité), ainsi qu’une volonté trop appuyée du réalisateur d’arriver sur un fin positive et un peu gnian-gnian. Dommage, car jusqu’à ce dernier quart d’heure pour le coup raté, le film évitait vraiment toute mièvrerie écœurante. Sur la forme, on pourra aussi reprocher à ce « Un jour, peut-être » quelques petites longueurs. Pour autant, le réalisateur fait preuve dans sa mise en scène d’une belle décontraction et d’une absence totale de prétention, à l’image du joli et aérien générique du début. De même, on saluera la qualité de la bande musicale, où Sinatra cohabite avec Nirvana, laissant entre les deux un petit peu de place pour quelques morceaux de pop plus sucrées qui ont pleinement leur place ici. Côté interprétation, la grosse révélation du film est certainement Ryan Reynolds, qui impose à la fois un physique bien viril tout en faisant preuve d’une belle sensibilité et d’une grande sobriété. A ses côtés, les trois actrices qui gravitent autour de lui développent des trésors de charme, que ce soit Elizabeth Banks ou Rachel Weisz. Pour autant, la révélation féminine est sans conteste la pétillante Isla Fischer qu’on avait remarqué en nymphomane rigolote dans « Serial Noceurs ». Tour à tour séductrice, grande gueule, ou femme-enfant émouvante, elle crève littéralement l’écran par son naturel. A noter également la présence dans un savoureux second rôle du trop rare Kevin Kline. A ce petit jeu, c’est finalement la jeune Miss Sunshine Abigail Breslin qui déçoit le plus. A sa décharge c’est elle qui hérite du seul vrai rôle ingrat du film. Contre toute attente, ce « Un jour, peut-être » est une très agréable surprise. Malin, surprenant, original, et dans l’air du temps, ce film a le mérite de renouveler un peu le genre avec beaucoup de légèreté. Porté par des comédiens très convaincants, ce film est un agréable divertissement très recommandable.

  



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B
Vu ce soir dans de bien meilleures confitions, j'ai vraiment beaucoup aprécié le film. Belle réalisation soignée et léché, belle brochettes d'acteurs et actrices que j'aime, histoire alenbiquée à souhait. Reste la fin qui aurait se terminer plus sur un suspens ou que le happy end soit quand le père sert à sa fille dans central park.
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B
Vu dans de mauvaises conditions, je n'ai pas su trop comment en penser. Il faut que je retourne le voir avec une meilleur attention,
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S
Tout à fait d'accord avec toi, cette comédie romantique est vraiment agréable, plaisante. On ne s'ennuie pas, on s'attache aux personnages avec facilité et l'arrière-plan politique des années Clinton ajoute du piment et de la profondeur à ce scénario habilement ficelé. Et en effet, Isla Fisher crève l'écran et le trop rare Kevin Kline est génial.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!