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06 Jan

L'amour aux temps du choléra

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« Dieu sait combien je t’ai aimée »

 

Colombie, fin du 19ème siècle. Florentino, jeune télégraphiste issu d’un milieu modeste tombe amoureux dès le premier regard de Fermina, la fille d’un riche entrepreneur. S’ils échangent des lettres en cachette et se jurent un amour éternel, leur rêve de mariage se brise lorsque le père de Fermina découvre la relation entre les deux jeunes gens et décide d’emmener sa fille vivre loin de là dans la lointaine campagne. Les années qui passent n’empêchent pas les deux amoureux de continuer leur correspondance. Mais Fermina finit par céder à la cour assidue de Juvenal, brillant médecin de grande réputation depuis qu’il a réussi à endiguer une épidémie locale de choléra. Un beau mariage, un statut social élevé, un voyage de plusieurs années à Paris, autant dire qu’elle finit par oublier son amour de jeunesse. Une situation qui ne partage pas Florentino, qui ne parvient pas à oublier Fermina. Devenu riche armateur, il tente de l’oublier en cumulant de manière désabusée les conquêtes féminines. Jusqu’à ce que le destin remette Fermina sur sa route…

 

« Fermina, j’attends ce moment depuis 51 ans, 9 mois et 4 jours. Je t’ai aimée tout ce temps-là. Depuis que mes yeux se sont posés pour la première fois sur toi. Et je fais le vœux de t’être éternellement fidèle »

 

Pari ô combien ambitieux et risqué que de vouloir adapté un roman de Gabriel Garcia Marquez. Monument de la littérature latino-américaine reconnu mondialement (notamment pour son chef d’œuvre « Cent ans de solitude »), lauréat du Prix Nobel de littérature en 1982, Garcia Marquez est connu pour la complexité de son style, mélange à la fois de réalisme, de romanesque, et de poésie. Ce film est l’adaptation de son roman « L’amour aux temps du choléra », publié en 1985 et qui a été un grand succès littéraire international. Il s’agit du quatrième roman de l’auteur colombien a être adapté sur grand écran, après « La veuve Montiel » (Littin – 1980), « Erendira » (Guerra – 1983), et « Chronique d’une mort annoncée » de Rosi en 1986, avec Rupert Everett. Film de commande, le projet a été impulsé par le producteur Scott Steindorf, qui voue une véritable admiration à ce roman et qui a lutté plusieurs années pour en obtenir les droits. L’adaptation, jugée par tous difficile, a été confiée au scénariste Ronald Harwood. Habitué des adaptations, il a notamment signé plusieurs scénarios pour Polanski (« Oliver Twist »), et a obtenu l’Oscar du meilleur scénario pour « Le pianiste » en 2002. Côté réalisation, les manettes ont été confiées au réalisateur anglais Mike Newell, à qui l’on doit des films aussi divers que « Quatre mariages et un enterrement » (1994), « Donnie Brasco » (1997), « Le sourire de Mona Lisa » (2004), ou encore « Harry Potter et la coupe de feu » (2005).

 

« Tu es trop belle pour épouser un simple télégraphiste. A ton âge, l’amour n’est qu’une illusion »

 

Habitué des films à succès, l’inconstant Mike Newell a néanmoins démontré par le passé qu’il était capable du meilleur (« Quatre mariages et un enterrement ») comme du pire (« Le sourire de Mona Lisa »). En s’attelant à l’adaptation sur grand écran d’un roman du maître Garcia Marquez, pourtant réputé comme étant inadaptable, Newell s’est attaqué semble-t-il a un projet bien trop grand pour lui. Résultat des courses, il accouche d’un film qui restera probablement comme le plus ennuyeux de l’année 2007. Comme dans le réussi « Le voile des illusions » (Curran – 2007), adaptation d’un roman de Somerset Maugham dont l’histoire est assez semblable, il y avait dans cette histoire de Garcia Marquez – une grande histoire d’amour contrariée dans une ambiance coloniale – matière à faire un grand film romanesque. Hélas, il n’en est rien, la faute à une mise en scène consternante de mollesse. Se contentant d’aligner de belles images des paysages naturels et urbains aux couleurs bariolées, le film de Newell manque cruellement de souffle, de chair, d’énergie, et surtout, de passion. Un comble pour un film d’amour! Là où il ne fallait surtout avoir peur de faire dans le sirupeux, Newell joue au contraire la froideur, privant sont films de toute émotion. Du coup, là où il y aurait pu avoir une belle fresque romantique, Newell ne dépasse jamais le stade du simple cucul. On pourra également lui reprocher l’insertion de quelques touches humoristiques déplacées par rapport à la tonalité initiale du film (le coup du « viol » du héros sur le bateau, celui de l’agression par le chat en plein coït). En ajoutant à cela des ellipses assez mal foutues et une fin prévisible et mièvre, on obtient de loin le film le plus insignifiant et interminable de l’année.

 

« - Comment définirais-tu l’amour ?

   - L’amour, c’est tout ce qu’on fait quand on est tout nu : l’amour spirituel en-dessus de la ceinture, l’amour physique, en-dessous »

 

Côté réalisation, Newell rate également totalement son coup. Si on lui reconnaît les belles images exotiques des décors naturels amazoniens et la jolie musique qui accompagne le film (encore que par moment, ça fait trop Shakira), pour le reste, l’inspiration de Newell est restée dans ses chaussettes. Manquant cruellement de rythme, beaucoup trop long (2h10 !), le film reste dans sa forme totalement bancal. Même chose pour les effets visuels comme les maquillages censés vieillir les comédiens, d’une rare laideur (le coup de la prothèses corporelle de Giovanna Mezzogiorno pour lui faire le corps d’une femme de 72 ans vaut son pesant de cacahuètes !), sont indignes d’une production de ce genre. Reste la direction d’acteurs, aux abonnés absents. Javier Bardem est autant agaçant en jeune puceau autiste qu’en improbable Casanova vieillissant et d’une laideur repoussante. Giovanna Mezzogiorno pourtant si fraîche dans « Juste un baiser » est méconnaissable, manquant de charme et de passion. Quand à Benjamin Bratt, il est plus crédible en play-boy au sourire ultra-brite qu’en médecin chercheur dans la lutte contre le choléra.

 

« - Pourquoi avez-vous autant de succès avec les femmes ?

   - Parce qu’elles voient en moi quelqu’un de vide, en manque d’amour. Quelqu’un qui ne leur fera aucun mal »

 

Au final, « L’amour aux temps du choléra » a tout du film raté et indigeste : longueur, lourdeur, esthétisme discutable, adaptation écrite à la truelle, et interprétation bas de gamme. Mais pire que tout, le manque criant de passion et de sentiments finit par couler définitivement l’ensemble dans des abysses de nullité. L’ensemble ne dépasse pas le niveau d’un téléfilm de l’après-midi pour M6. Les deux heures les plus interminables et les plus longues de l’année 2007 au cinéma !



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B
tu m'enlèves les mots de la bouche. C'était tellement nullissime, tellement...
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