Actrices
« Tu as tout ce que tu voulais et maintenant tu te plains et tu pleures »
Marcelline, la quarantaine, sapprête à endosser le rôle de Natalia Petrovna dans la pièce de Tourgueniev, « Un mois à la campagne », montée dans un grand théâtre parisien. Un personnage tourmenté qui finit par la hanter, lui rappelant sa vie insatisfaite, sans mari et sans enfants. De répétitions poussives en crises dangoisse existentielle, Marcelline senferme un peu plus dans un repli sur elle-même, incapable de communiquer et déchanger avec les autres, essayant de comprendre pourquoi et comment elle en est arrivé là
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« Saint Vierge, donnez moi un enfant, et je renoncerai à la gloire et aux honneurs »
Projet tragi-comique ambitieux et original, « Actrices » était dautant plus attendu au tournant quil était encensé par la critique réputée « intello » (Inrocks, Libération, Télérama, Nouvel Obs) depuis plusieurs mois. Seconde réalisation de Valéria Bruni-Tedeschi après « Il est plus facile pour un chameau » (2003), ce « Actrices » sannonçait en partie beaucoup plus autobiographique et introspectif. Cétait également loccasion pour la réalisatrice de retrouver son éternelle complice Noémie Lvovsky (réalisatrice du récent « Faut que ça danse ! » où Bruni-Tedeschi était interprète), qui co-signe ici le scénario et joue un rôle secondaire. Un aspect familial qui semble omniprésent dans ce projet puisque celui-ci prend pour décor le Théâtre des Amandiers de Nanterre, où la réalisatrice a débuté sa carrière de comédienne dans les années 80, et que la plupart des comédiens gravitant autour delle sont des gens qui lui sont proches, quils soient danciens camarades de théâtre avec qui elle a débuté (Laurent Grévill, Olivier Rabourdin), ou directement de sa famille (sa maman, Marisa Borini). Pour la petite anecdote, la trame du film sinspire dune histoire vraie, puisquen 2000, Valéria Bruni-Tedeschi interprétait sur scène le rôle de Natalia Petrovna, un rôle dans lequel elle narrivait pas à rentrer et qui lui a valu de se faire congédier et remplacer par lassistante du metteur en scène. Le film a été présenté au dernier Festival de Cannes dans la catégorie « Un certain regard », doù il est reparti avec le Prix Spécial du Jury.
« Vous avez peur de moi, je le sens bien. Apprenez à me connaître, et vous naurez plus peur »
Entre psychanalyse et portrait ironique et critique du milieu des théâtreux, Valéria Bruni-Tedeschi nous propose un film fantaisiste tragi-comique, sorte de bric-à-brac fourre-tout qui sent à plein nez la grosse fumisterie. A commencer par la maladroite mise en abîme entre Natalia Petrovna et Marcelline, dont on comprend quelle est un double fictionnel (en plus demeurée et excitée) de la réalisatrice. Expression de ses frustrations de femme (la quarantaine, réussite professionnelle et artistique pour laquelle elle a sacrifié sa vie de femme elle na pas de mari ni denfants) et de comédienne (impossibilité dinterpréter le personnage de Natalia Petrovna), la psychanalyse à laquelle se livre ici la réalisatrice aurait pu être un exercice intéressant. A condition de ne pas sombrer dans lauto complaisance et les lieux communs (désir tardif denfant au moment où on lui annonce que son horloge biologique a lancé le compte à rebours, figure du père trop importante, amour de jeunesse décédé accidentellement, mère écrasante). Il en va de même pour ses frustrations de comédienne, qui lui servent surtout à fustiger de manière plus générale le milieu du théâtre. Milieu dégoïstes, dintellos pédants, darrivistes, de gens sûrs de leur génie qui en deviennent autoritaires, et de frustrés à la rancur tenace. Là encore, cest un portrait original. A condition de ne pas avoir vu « Le goût des autres » (Jaoui 2000) ou dautres films plus récents comme « La vie dartiste ». La psychanalyse aboutit à un désir de liberté partagé tant par la femme que par lactrice (dans sa façon dagir, de sassumer, de refuser de se faire diriger), et qui se traduit à lécran par une détestable mise en scène où lincohérence règne dans la succession des scènes et où le récit se retrouve complètement disloqué, sans unité de rythme et sans cohérence thématique.
« - Vous avez un mari, des enfants, vous êtes folle ?
- Je suis prêt à les abandonner pour un seul baiser de vous »
Tout cela ne poserait peut-être pas de problème sur un film au format assez court, mais pour un film dépassant les 2h, lensemble devient très vite insupportable et imbuvable, et tenir jusquau bout du film relève du chemin de croix. Dautant que les défauts de rythme sont en parti dus à des longueurs invraisemblables où la réalisatrice a cru bon de laisser livre court à sa folie le temps de scènes inutiles (le coup de la piscine ou de la fuite en avant). A cette mise en scène boursouflée sajoute une interprétation étonnamment bas de gamme. Valéria Bruni-Tedeschi, pourtant si charmante et talentueuse, narrive pas ici à briller. Mathieu Amalric est comme à son habitude assez énervant, et surtout Louis Garrel confirme son statut de quiche du cinéma national. Laid et sans aucun charisme, sa présence à lécran reste un des grands mystère de ce début de siècle. Dans un genre totalement excessif, cest à la rigueur Noémie Lvovsky qui sen sort le mieux.
« Ce quil vous manque, ce sont les battements de cur. Ils sont trop lents. Vous nêtes pas amoureuse, mais ce nest pas grave »
Au final, loin de toutes les dithyrambes faites par la presse, « Actrices » se révèle être larchétype du film dauteur français, prétentieux, creux et assommant. Ami lecteur assidu et enthousiaste des « Inrockuptibles », ce film est fait pour toi ! Pour les autres, il y a vraiment peu de choses à sauver de ce film qui partait pourtant dun assemblage de bonnes idées. Cette psychanalyse aurait même pu être intéressante si elle avait été mieux amenée, moins foutraque, et plus profonde que la simpliste rengaine « jai la quarantaine, pas denfants et pas dhomme, au secours, quai-je fait de ma vie ? ». Mais comme hélas, dans ce film tout est tellement nombriliste, la démarche est vaine et ne parvient jamais à faire entrer le spectateur dans ce film, qui restera probablement comme la plus grosse déception de ces derniers mois.
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