L'art d'aimer
« En matière d’amour, je suis pour le partage des richesses »
Au moment où l’on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus.
Surtout, elle débouche sur des comportements très différents : certains se laissent consumer par la passion, d’autres n’osent pas faire face et assumer leurs sentiments, d’autres encore ne peuvent se résoudre à renoncer aux désirs qu’ils ont pour d’autres.
Mais le plus dur reste encore de trouver l’être aimé. Celui avec qui se produira la parfaite alchimie…
« Je ne veux pas te tromper, c’est au-delà de mon corps. Mon corps a gagné je ne peux plus lutter »
Formé à la prestigieuse FEMIS, Emmanuel Mouret avait eu l’honneur de voir son film de fin d’études – « Promène-toi donc tout nu ! » - bénéficier d’une sortie en salles. Un privilège rare, qui lançait de la meilleure façon sa carrière de réalisateur débutant. Depuis, Mouret en parcouru du chemin, réalisant six longs, pour certains présentés à Cannes. Six longs métrages par lesquels il aura su imposer sa petite musique singulière. Mélange d’influences aussi variées que Sacha Guitry, Eric Rohmer ou Woody Allen, le style Mouret, résolument littéraire et écrit, demeure sans égal dans le panorama cinématographique français actuel. Après son charmant « Fais-moi plaisir », largement influencé par le cinéma de Blake Edwards, il nous revient avec un film choral au casting prestigieux : « L’art d’aimer ».
« Etait-ce une faute de la désirer malgré lui ? »
De l’amour, de l’amour encore et toujours. Telle pourrait être la devise d’Emmanuel Mouret qui n’en finit plus de film en film d’explorer la carte du tendre. A l’inverse de Sun Tzu qui nous enseignait « L’art de la guerre », Mouret, lui, nous initie (une nouvelle fois) à « L’art d’aimer ». Selon le cinéaste, il s’agit d’un art en soi puisque a priori accessible à chacun sans pour autant qu’il y ait en la matière de « recette » universelle. Ainsi il n’y a pas une seule façon d’aimer, mais une multitude de façons de faire, chacun agissant selon son propre ressenti. Variation légère sur l’amour et le désir (thèmes centraux de l’œuvre de Mouret), « L’art d’aimer » explore différents comportements amoureux au travers d’histoires et de couples différents. Malheureusement, par manque d’imagination de l’auteur, tous issus d’un même microcosme parisien privilégié (tous sont libraires dans les beaux quartiers, habitant de magnifique et immenses appartements). Si certaines saynètes se révèlent aussi drôles que réussies (le trio Godrèche/Depardieu/Stocker, le couple Cluzet/Bel, voire le segment Ulliel/Navarre/Mouret), l’ensemble – et c’est là l’une des grandes faiblesses du film à sketchs – se révèle extrêmement inégal, la plupart des autres saynètes s’avérant dans l’ensemble assez fades. Sauvé pour l’essentiel par quelques dialogues biens huilés et par le jeu de ses comédiens (mention spéciale aux toujours géniales Julie Depardieu et Pascale Arbillot), « L’art d’aimer » est un Mouret en mode mineur. Inégal et parfois un peu décevant, il n’en demeure pas moins agréable pour autant.
Article publié dans le cadre du Festival d'automne.
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