The lady
« Je resterai le temps qu’il faudra »
« The Lady » est une histoire d’amour hors du commun, celle d’un homme, Michael Aris, et surtout d’une femme d’exception, Aung San Suu Kyi, qui sacrifiera son bonheur personnel pour celui de son peuple.
Rien pourtant ne fera vaciller l’amour infini qui lie ces deux êtres, pas même la séparation, l’absence, l’isolement et l’inhumanité d’une junte politique toujours en place en Birmanie.
« The Lady » est aussi l’histoire d’une femme devenue l’un des symboles contemporains de la lutte pour la démocratie.
« Nous sommes convaincus que vous seule pouvez mener le pays vers la démocratie »
Pour toute une génération, le nom de Luc Besson reste associé aux années 80. A l'époque le tout jeune cinéaste fait souffler un vent de fraicheur sur le cinéma français en réalisant des films d'action modernes, à l'efficacité américaine, qui envoient aux oubliettes le cinéma de papa. Tout le monde se souvient de « Subway », de « Nikita » ou de « Léon ». Et puis à force d'être considéré comme un petit génie, Besson a pris le melon et s'est mis à faire des rêves de grandeur démesurés. Rêvant d'Amérique, il partit donc à Hollywood, réaliser quelques gros films qui ne rencontreront pas le succès escomptés (le très bon « Cinquième élément », le moins bon « Jeanne d'Arc »). Laissant finalement à d'autres tacherons le soin de réaliser des films d'action nanaresques à la chaîne via sa société de production (la saga des « Taxi », du « Transporteur » et autres « Banlieue 13 »), Besson prit tout le monde à revers durant les années 2000 en s'essayant à des genres où on ne l'attendait pas. Mais force est de constater que de « Angel-A » à la saga des « Minimoys », le cinéaste semble avoir perdu son inspiration et son mordant. Enchainant les films avec une boulimie rare (4 films en deux ans), il nous revient cette fois avec « The lady », consacré à l'opposante birmane et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Un projet initialement porté par l’actrice malaisienne Michelle Yeoh, qui a proposé à Besson de le réaliser.
« Votre père a gagné la bataille pour l’indépendance. A vous de finir ce qu’il a commencé»
Même s’il s’était déjà un peu frotté à l’exercice avec son « Jeanne d’Arc », Besson aux commandes d’une biographie politique, cela pouvait surprendre. Et ce d’autant plus s’agissant d’un biopic consacré à Aung San Suu Kyi. Mondialement reconnue pour ses engagements pacifiques, « l’Orchidée d’acier », condamnée à vivre en résidence surveillée depuis plus de vingt ans par la junte birmane, est devenue l’une des figures mondiales de la lutte pour la liberté et la démocratie. A l’image de ses pairs Gandhi (immortalisé au cinéma par Attenborough) ou Mandela (dont la vie et le combat ont inspiré de nombreux films comme « Invictus », « Goodbye Bafana » ou « Mandela and De Klerk »), cette femme de convictions méritait qu’on lui consacre un film. A elle et à son combat. Malheureusement, Besson oublie un peu ce dernier jusqu’à se focaliser presque exclusivement sur la séparation forcée d’avec son mari et ses enfants. Filmant ainsi l’absence, la solitude, les combats menés depuis Londres et le monde libre par un mari dévoué, le film vire trop souvent au mélo, trouvant son point d’orgue dans la (très) longue agonie de celui-ci, privé jusqu’au bout de voir sa femme. Parfois caricatural (lorsqu’il présente les militaires au pouvoir), (trop) souvent elliptique (rien sur le pourquoi des révoltes étudiantes de 1988 ou de celle des bonzes en 2007, qui arrivent comme des cheveux sur la soupe), le film de Besson souffre surtout d’une vision trop réduite du combat politique de Aung San Suu Kyi, qui se résume ici à un meeting public et une tournée en province. Toutefois s’il manque d’une manière générale d’un peu de souffle épique, « The lady » réserve tout de même quelques jolis moments, à l’image de la scène où l’héroïne joue du piano en même temps que le concert qui lui est dédié par l’académie Nobel à la radio. On en retiendra aussi la belle prestation de Michelle Yeoh, dont la ressemblance physique avec Aung San Suu Kyi est des plus impressionnantes. Un peu léger par rapport à la gravité du combat qu’il narre, « The Lady », qui n’en demeure pas moins un film acceptable, a au moins le mérite de médiatiser un peu le combat toujours en cours de Aung San Suu Kyi. C’est déjà ça.
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