Little New York
« Cette fois cest décidé. Je veux contrôler toute lîle. Je veux tout rafler. »
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Sully, vidangeur de fosses septiques et futur père, est prêt à tout pour assurer l'avenir de son fils. Jasper, modeste épicier, a une qualité primordiale aux yeux de la mafia pour qui il travaille contraint et forcé : il est sourd-muet. Parmie Tarzo, chef de la mafia locale, se verrait bien éliminer la concurrence.
Tous trois vivent à Staten Island, sous l'ombre écrasante de Manhattan. Leurs chemins vont se croiser, a priori pour le pire...
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« Ce mec na pas gagné son fric à Wall Street. Tas intérêt à être sûr de ce que tu veux. »
Des cinq districts qui composent la ville de New York, Staten Island est probablement le moins connu. Le plus à part aussi. Excentré et isolé, celui-ci semble vivre en autarcie, loin des buildings et de lagitation de la Grosse Pomme. Avec ses forêts et son immense décharge municipale, elle passe même souvent pour le parent pauvre et oublié de la métropole. Le lieu idéal pour faire prospérer des trafics en tous genres, loin de lagitation du reste du monde. Ce nest donc pas un hasard si lîle a toujours été un repère privilégié pour la mafia. Par soucis dauthenticité, de nombreux films traitant de la mafia sy sont ainsi tournés, du « Parrain » aux « Affranchis ». Scénariste de formation (on lui doit les scénarii du « Jack » de Coppola, du « Négociateur » ou encore du remake de « Assaut sur le central 13 » signé Richet), James DeMonaco a donc décidé de faire de cette île le théâtre de son premier long en tant que réalisateur. Une île que le réalisateur connaît bien puisquil y est né et y a grandit.
« Jai volé ce fric pour que mon bébé soit supérieurement intelligent. Pas con comme moi. »
James DeMonaco est un jeune réalisateur pétrit de références. Avec sa narration éclatée, son intrigue qui se dévoile progressivement par le prisme des points de vue successifs des trois personnages, dont les destins sentremêlent par hasard à la même histoire, son film fait immanquablement penser au récent « 7h58 ce matin-là » de Lumet, le côté décalé en plus. Un procédé narratif qui, sil a le mérite dêtre assez original, demeure tout de même difficile à maîtriser totalement. Cest là la faiblesse de ce « Little New York », qui en dépit de ses bonnes intentions, se perd dans les méandres dun scénario alambiqué, tortueux et pas assez fluide. A limage des quelques incohérences et autres interrogations qui restent en suspens (pourquoi lépicier est-il contraint « de rendre service » à la mafia ? Pourquoi se venge-t-il ?) et qui mettent en évidence des faiblesses scénaristiques. Dommage, car derrière, le réalisateur réussit à instaurer une belle ambiance de film noir, à la fois décalée et désespérée (jolie image que celle de lépicier qui gagne le gros lot aux courses mais qui ne sait pas quoi en faire). Celle-ci est également portée par des personnages bien écrits, aussi improbables quatypiques, que le réalisateur parvient à rendre attachants grâce à un sens du détail minutieux. Mention spéciale au vétéran Seymour Cassel, impeccable dans son rôle de boucher sourd et mystérieux. Bien quimparfait, « Little New York » savère donc être un film noir assez plaisant, qui place DeMonaco parmi les réalisateurs à suivre.
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