Partir
« Jaime tout quand je suis avec toi »
Suzanne a la quarantaine. Femme de médecin et mère de famille, elle habite dans le sud de la France, mais l'oisiveté bourgeoise de cette vie lui pèse. Elle décide de reprendre son travail de kinésithérapeute qu'elle avait abandonné pour élever ses enfants et convainc son mari de l'aider à installer un cabinet.
A l'occasion des travaux, elle fait la rencontre d'Ivan, un ouvrier en charge du chantier qui a toujours vécu de petits boulots et qui a fait de la prison. Leur attraction mutuelle est immédiate et violente et Suzanne décide de tout quitter pour vivre cette passion dévorante.
« Ça mest tombé dessus. Je men veux de vous faire du mal mais je ne peux pas faire autrement. Laisse-moi partir. »
« Aimer à perdre la raison » chantait Ferrat. Rappelant ainsi le vieil adage selon lequel la frontière séparant lamour et la haine est souvent des plus ténues. A lévidence, lambition de la réalisatrice Catherine Corsini était de capturer cet instant où les sentiments dictent les actes, où la passion prend le pas sur la raison, et où toute une vie peut basculer, inexorablement, sans espoir de retour en arrière. Cet instant grave où une personne peut décider de tout plaquer sans se poser plus de questions sur son avenir. Cet instant souvent destructeur et dramatique pour les gens qui sont autour et qui souffrent de la situation. Ambitieux, le projet de Corsini létait certainement. Risqué aussi. De fait, la chute nen est que plus dure. Car là où le sujet nécessitait obligatoirement précision et subtilité, la réalisatrice nous propose un film pénible et hystérique.
« Cest un taulard. Un escroc. Cest ça qui te fait fantasmer ? La bourgeoise et le prolo, cest ça ton truc ? »
Il y a tout dabord cet enchaînement invraisemblable de clichés : la bourgeoise qui se retrouve attirée par louvrier, qui quitte le milieu friqué et aisé de son mari chirurgien et notable local pour un monde ouvrier totalement misérable. Il y a ensuite ce scénario grotesque auquel on ne peut jamais adhérer. A commencer par cette volonté délibérée de zapper lambiguïté et le trouble naissant entre les deux personnages avant quils ne décident de franchir le pas et qui nous ferait croire un peu à leur histoire. Le fait de vider ensemble une grange ne suffisant pas à justifier à lécran cette passion. Mais plus que tout, ce qui gène dans le film, cest quon néprouve jamais la moindre empathie pour cette femme. La faute à des personnages mal écrits et jusquau-boutistes, incapables de pondération. Honnêtement, difficile de trouver de la sympathie chez cette femme qui part avec fracas, qui vient mendier de largent, organise le cambriolage de son ex domicile familial, et manipule ses enfants. Il en va de même pour les autres personnages, que ce soit lamant (ex-taulard à la nature pseudo contemplative doté dune sensibilité à deux balles) ou le mari (ultra possessif jouant la politique de la terre brûlée). Pour couronner le tout, ce film fastidieux sachève dans un sommet de grotesque et de ridicule. « Partir »
le mieux encore étant de ne pas y aller !
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