Un mari de trop
« Lamour nest pas censé vous asphyxier ni vous étouffer, mais vous donner du souffle »
Emma est la célèbre animatrice d'une émission de radio qui aide les gens à trouver l'amour, et son livre est en tête des ventes. Des millions de gens la considèrent comme la meilleure conseillère qui soit en matière de relations humaines. Epanouie, elle s'apprête en plus à épouser Richard, un homme qui a tout pour plaire. Sa vie est un océan de plénitude... jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive que par un étrange mystère, il semble qu'elle soit légalement déjà mariée ! Pour éviter de voir sa vie et ses projets exploser, la seule solution est de retrouver ce mari qu'elle n'a jamais vu afin de rectifier cette incroyable erreur. Lorsqu'Emma découvre Patrick, un pompier aussi charmant qu'immature, elle ne se doute pas qu'il cache un gros secret. La rencontre de leurs deux univers est un choc. Alors que l'union avec Richard se rapproche de plus en plus, Emma commence à se laisser séduire par l'esprit libre et passionné de cet homme qu'elle n'aurait jamais dû rencontrer... Pour Emma, il n'est désormais plus question de choisir entre un mari et l'autre, il est temps de se découvrir elle-même.
« Vous savez ce qui est pire que dêtre seule ? Se retrouver marier avec la mauvaise personne pour le reste de sa vie »
Comédien de formation (il apparaît notamment dans « After Hours » de Scorsese ou dans « Le grand bleu » de Besson), Griffin Dunne sest lancé voici une bonne dizaine dannées dans la réalisation de longs. Mais si ce « Un mari de trop » est déjà sa sixième réalisation, seuls deux de ses précédents films avaient eu lhonneur de sortir sur nos écrans, en loccurrence les très oubliables « Addicted to love » (1997) avec Meg Ryan et « Les ensorceleuses » (1999), gros navet avec Nicole Kidman et Sandra Bullock. Pour cette petite comédie romantique dans lair du temps, le réalisateur retrouvait Uma Thurman, quil avait déjà dirigée dans son premier film resté inédit en France, « Duke of groove » (1996). Loccasion également pour Dunne doffrir son premier véritable rôle important dans un film populaire à Jeffrey Dean Morgan, acteur de séries apparu dans le récent « PS : I love you ».
« Vous cherchez létincelle qui provoquera en vous lincendie. Mais prenez gare à ne pas vous bruler ! »
Décidément, Hollywood la grande machine à rêves semble produire les comédies romantiques à la chaine et en quantité industrielle. Il faut dire que le genre, souvent léger et populaire, permet de faire des films « faciles », à moindre coût, et donc capables de réaliser de gros bénéfices. Reste quà force de tirer sur la corde, les réalisateurs narrivent plus à renouveler le genre (même si on a eu quelques bonnes surprises ces dernières années comme « Garden State » ou « Un jour peut-être ») et accouchent de films totalement formatés qui se ressemblent traits pour traits les uns les autres. Et il ne faudra clairement pas compter sur ce « Un mari de trop » pour apporter un petit peu de fraicheur au genre. Car dans le genre, Dunne aurait pu difficilement faire pire. Reprenant le banal canevas du triangle amoureux, le réalisateur se borne en effet à enchainer les clichés (comment aurait-il pu faire pire que ce personnage de pimbêche, chroniqueuse radio spécialisée dans le conseil sentimental qui se retrouve prise au piège de ses sentiments et de ses désirs contradictoires ?) et à jouer sur les oppositions faciles entre dun côté un fiancé très british, riche, maniéré, classe, intello et névrosé, et de lautre un pompier à la virilité brute, déconneur, enjoué et résolument fêtard. Stéréotypés au possible, ces personnages nous renvoie à la traditionnelle opposition entre raison et passion. Mais celle-ci savère peu savoureuse. La faute à des personnages rarement creusés que le réalisateur se borne a enfermer dans la caricature, et à un scénario des plus prévisibles, qui repose sur des ressorts comiques qui ne fonctionnent jamais. A limage de cette rencontre alcoolisée dans un pub (ridicule !), de ce quiproquo même pas drôle avec le couple dinvestisseurs allemands, ou de cette scène de choix du gâteau nuptial particulièrement factice et surjouée. Finalement, malgré toute notre indulgence, le réalisateur finit par toucher le fond tout seul en mettant en scène une fête communautaire indienne, particulièrement kitsch et désolante.
« Je ne vais pas épouser lhomme de mes rêves mais celui de ma réalité »
Car si le scénario est assez mauvais, ce nest pas la réalisation particulièrement molle de Dunne, manquant cruellement de punch et dentrain, qui permet de sauver le film. Les comédiens ne sont pas non plus à la parade : Uma Thurman, quon avait découverte plutôt à laise dans le registre de la comédie sentimentale avec « Petites confidences à ma psy » semble ici à côté de la plaque et surjoue en permanence. Pire, le film est tellement mal filmé que le réalisateur parvient même à la rendre laide
si, si, cest possible ! Côté masculin, Colin Firth en bon sujet de Sa Majesté hérite du rôle de langlais coincé de service. Un rôle quil a déjà tenu de trop nombreuses fois pour quon ai envie de lui trouver ici une quelconque qualité. Enfin, Jeffrey Dean Morgan manque de charisme et de subtilité dans ce rôle de mec viril et déconneur. En outre, il ne dégage rien qui permette de croire quil inspire un quelconque désir. On se demandera également ce que sont venus faire dans cette galère Isabella Rossellini et Sam Sheppard
Dans la lignée des comédies romantiques médiocres dont les USA nous inondent ces dernières années (récemment on pense au « Témoin amoureux » ou à « 27 robes »), ce « Un mari de trop » savère être un film raté et de piètre niveau. Formaté, sans la moindre once de fraicheur ni de sincérité, le film finit par ennuyer faute de rythme et dhumour efficace. Quand est-ce que Hollywood va arrêter cette partie de massacre ?
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