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19 Nov

Once

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films musicaux

« Vous chantez pour l’argent ? Allez travailler dans un magasin dans ce cas »

 

SNDDublin. Un guitariste des rues tente tant bien que mal de vivre (de) sa passion. Un soir, il se fait aborder par une jeune vendeuse ambulante de roses, immigrée tchèque, qui lui dit combien elle trouve ses chansons belles. Dès lors, leurs rencontres sont de plus en plus fréquentes, et ont lieu autour d’une passion commune : la musique. D’autant que la jeune femme est une pianiste très douée et que sa voix et son univers musical correspondent parfaitement à ceux du guitariste. Ils se retrouvent également dans les difficultés de la vie : ils sont sans le sou, lui ne s’est jamais remis de sa dernière séparation amoureuse, elle est mariée à un homme qu’elle n’aime plus et qui tarde à la rejoindre en Irlande.  Si ces deux-là semblent faits l’un pour l’autre, la raison prend parfois le dessus sur la passion. Ce qui ne les empêchera pas de tout faire pour réaliser leur rêve de musique…

 

« Je ne te connais pas, mais celle que je veux, c’est toi »

 

Glen Hansard. SNDPrésenté et remarqué à de nombreux festivals, « Once » s’est surtout illustré au grand Festival de Sundance, où non content d’avoir largement convaincu la critique, il est en plus reparti avec le Prix du Public. Un véritable tour de force quand on sait que le film a été réalisé avec un budget ridicule et qu’il a de ce fait été tourné dans un temps record de deux semaines. Il faut dire que le film a connu quelques mésaventures en pré-production : la défection, pour incompatibilité d’emploi du temps de l’acteur irlandais « bankable » Cillian Murphy, qui avait accepté de tenir le rôle principal, a vu le retrait de bon nombre de financiers au préalablement d’accord pour participer au projet. Aux commandes de ce projet, on retrouve le réalisateur irlandais John Carney, déjà réalisateur de trois longs métrages en Irlande dont « La vie à la folie », avec Cillian Murphy, sorti sur nos écrans en 2002. A noter qu’avant de faire du cinéma, Carney était un musicien confirmé, et jouait au sein du groupe The Frames, dont le leader n’est autre que Glen Hansard, l'interprète principal de ce film.

 

« Tu as écrit cette chanson pour une fille qui est partie ? Pour moi celui qui a écrit ça ne s’en est jamais remis »

 

Markéta Irglová et Glen Hansard. SNDEt on comprend ce qui a pu toucher tant les critiques que le public de Sundance, tant ce « Once » prend à contre-pied l’industrie cinématographique actuelle par la simplicité de son propos. Car le film nous propose ni plus ni moins qu’une histoire aussi simple et normale que la rencontre de deux personnes normales qui vont apprendre à se découvrir, à s’aimer, et à partager une même passion. Une histoire forte, et pour une fois sans mièvrerie, sans réel happy-end, qui touche par sa sincérité et son authenticité. En cela, on ne peut que saluer la démarche du réalisateur et de son scénario. D’autant que le parti pris de substituer la musique aux mots pour exprimer les sentiments les plus forts était très intéressant, donnant lieu également à quelques jolies scènes (comme celle où le héros raconte sa vie en musique dans le bus). Une volonté d’épure qui permet aux plus belles scènes de planer agréablement. Malheureusement, Carney ne sait pas jouer habilement avec les proportions, et certains passages musicaux finissent par ennuyer quelque peu, d’autant que les chansons – aussi jolies soient-elles – finissent par se ressembler toutes un peu. De même, alors que son film surfait sur une belle sincérité, Carney ne peut s’empêcher de glisser dans son film quelques scènes déconcertantes, dont le décalage casse la belle poésie du film (je pense en particulier à la demande de prêt où le banquier finit par sortir sa guitare). Carney nous gratifie aussi de quelques scènes « clichés » qui étaient très dispensables, comme la ballade en moto pour créer une intimité entre les deux héros, la façon dont il choisit ses musiciens à l’angle de la première rue, ou encore les retrouvailles de toute la joyeuse bande sur la plage pour décompresser de la cession d’enregistrement du disque. Tout cela demeure d’autant plus dommage que la force du film reposait sur son originalité, loin des codes imposés, et sur son authenticité.

 

« Comment dit-on en tchèque « est-ce que tu l’aimes encore » ? »

 

Glen Hansard et Markéta Irglová. SNDDu point de vue de la forme, le film est beaucoup moins défendable, les faibles moyens étant là, certainement, pour excuser la laideur visuelle de l’ensemble. Et si l’image vacillante de la caméra DV au poing témoigne certainement d’une urgence, Carney semble en jouer à fond, jusqu’à la fumisterie. Car entre le grain franchement dégueu de l’image, les plans tremblant, sans stabilité, et la luminosité teintée de grisaille, le résultat est limite repoussant, et il faut s’accrocher à l’histoire pour tenter d’en faire abstraction. Reste alors les deux interprètes, en état de grâce. Débutants ou presque devant la caméra, ils apportent leur fraîcheur et leur naturel, et portent ce film sur leurs épaules. A noter que le héros, Glen Hansard, est le leader du groupe irlandais The Frames, et qu’il connaît la jeune Marketa Irglova, musicienne également, depuis quelques années, déjà, cela expliquant leur belle complicité à l’écran.

 

« - C’est trop romantique pour moi

   - Tu as verve romantique »

 

Glen Hansard et Markéta Irglová. SNDAnnoncée depuis Sundance (qui avait révélé ces dernières années des pépites comme « Garden State » de Zach Braf ou « Little Miss Sunshine » de Faris et Dayton) comme le film le plus surprenant, le plus simple, et le plus émouvant de cette fin d’année, porté par l’accroche ultra flatteuse de Steven Spielberg, « Once » cristallisait beaucoup d’attentes. Malheureusement, s’il part de bonnes intentions et de bonnes idées, on ne peut s’empêcher de sortir un peu déçu de ce film. Entre une musique qui devient vite trop présente, une histoire jolie mais un brin cucul, qui tombe souvent dans le piège des clichés, et un résultat visuel grossier, voulant trop jouer sur son caractère authentique, « Once » n’est rien de plus qu’une agréable curiosité. A voir cependant, surtout si vous aimez la musique pop/folk irlandaise.

 Glen Hansard et Markéta Irglová. SND    Glen Hansard et Markéta Irglová. SND



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B
Peut importe le rendu visuel dû au faible budget de la réalisation je suis sorti du film plein de surprise et je n'avais jamais vu un film d'une telle simplicité aussi touchant. Ce que tu dis est juste il n'empeche que la musique (répétitive lorsqu'on n'est pas amateur de ce genre de musique) ne lasse pas c'est d'ailleurs un atout et le coté cucul n'existe pas c'est un histoire passionelle comment n'égliger des scènes d'intimité? Ce n'est pas parce que un film est original qu'il doit a tout pris s'écarter du conventionnel sinon autant faire un scène d'intimité dans un macdo entre deux clochard un big ma plein la bouche. Je ne suis sans doute pas assez objectif mais la réalisation "caméra en main" donne une authenticité au film et c'est aussi ce qui est beau.
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C
" Je plains " pardon... ( quelle honte... )
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C
Ce film touche la sensibilité des spectateurs que demander de plus ? C'est bien pour ça qu'on va au cinéma !<br /> Je plein un peu le critique extra exigeant qui ne peut plus se laisser emporter par la simplicité émotionnelle que peut porter un film comme "Once". Faut juste péter un bon coup avant d'entrer en salle et se laisser aller...<br /> <br /> Signé le roi des cucul niais ( qui adore ça ! )
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H
Je pourrais commencer comme Bob Morane "Tout ce que tu dis est à peu près juste"... sauf que moi, je vais dans l'autre sens...j'ai détesté: ce film est vraiment très laid, aucune idée de mise en scène, un grain "franchement dégueu" (comme tu le dis) et une caméra portée lourdingue... A propos de l'histoire, je te trouve gentil: c'est pire que cucul, c'est niais! il ne se passe rien! Ils ne font que chanter tout le temps: dans la rue, le bus, la plage... (c'est tellement cool de chanter à la plage avec ses copains encore mieux s'il y a un chien qui court) mais bon " ils sont trop gentils" alors beh on se dit. que c'est pas grave si le film est moche, il est tout remplie de bons sentiments, tellement que ça déborde sur les côtés... Quant à la musique je la trouvais juste insupportable... A propos de l'interprétation, je me dis que Cillian Murphy aurait peut être su sauver un peu plus cette "chose" à mes yeux, vu la piètre performance de l'acteur principal. Bon, je m'emporte un peu (beaucoup)... mais j'avoue prendre un petit plaisir coupable à descendre un film que "tout le monde" aime...
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F
Mon coeur de midinette (MDR) s'est laissé embarqué par ce film certes de facture modeste, mais tellement agréable à suivre et comme tu le dis justement qui se démarque un peu de la production standardisée du moment. La BO est vraiment top, tellement que je l'ai commandée et l'attend avec impatience.
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B
Tout ce que tu dis est à peu près juste, il n'empêche que les défauts, lourdeurs et autres inepties, s'effacent pour laisser place à un joli spleen. Je reconnais que j'ai aimé. Les acteurs, la musique, l'image faussement super8, les tremblements qui donnent l'impression de frivolité et toute cette tendresse qui en ressort. Un petit avni mal dégrossi mais qui fait tout son charme. Fallig slowly...
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