P.S. I love you
« Je taimerais jusquà la fin »
New York. Malgré le fait quils se soient rencontré très jeune, Holly et Gerry, mariés depuis 10 ans, sont toujours aussi amoureux et unis quau premier jour. Et ce, même si leurs projets et réalisations individuelles tardent à se mettre en place. Du coup, lorsque Gerry décède subitement dune tumeur au cerveau, cest tout le petit univers de Holly qui seffondre, et elle senfonce rapidement dans une profonde dépression. Jusquau soir de ses trente ans où elle reçoit une lettre de Gerry. La première dune série de dix. Rédigées avant sa mort, elles forment un jeu de pistes, avec des instructions à suivre pour à terme tourner la page et tenter de redémarrer une nouvelle vie
.
« Sa vie est peut-être finie, mais il vit en chacun de nos nous. Au fond de nos cur. Pour toujours. »
« P.S. I love you » est le quatrième long métrage de Richard Lagrevese, après « Dune vie à lautre » (1999), « Une vie sous influence » (2003), et « Ecrire pour exister » (2007). Il avait également signé lun des segments du film « Paris je taime » en 2006. Mais plus que tout, Lagrevese est surtout renommé à Hollywood pour son travail de scénariste. On lui doit ainsi, et entre autres, les scénarios de films comme « Sur la route de Madison » (Eastwood 1995), « Lhomme qui murmurait à loreille des chevaux » (Redford 1998), ou encore « Erin Brockovich » (Soderbergh 2000). Un travail récompensé par une nomination à l'Oscar du meilleur scénario pour « Fischer King : Le roi pêcheur » (Terry Gilliam) en 1992. Pour son nouveau long, « P.S. I love you », Lagrevese a décidé dadapter le best-seller de lirlandaise Cecelia Ahern. A noter quil sagit de sa deuxième collaboration de rang avec lactrice Hillary Swank, après « Ecrire pour exister ».
« Gerry ne continuera pas éternellement. Ses lettres cesserons, comme sa vie. Et il faudra que tu fasses face toute seule »
Sur le papier, il y avait tous les ingrédients pour faire de ce « P.S. I love you » un beau film émouvant. A condition déviter les pièges de la mièvrerie et du romantisme cucul qui ne vise quà arracher coûte que coûte les larmes aux spectateurs. Malheureusement pour lui (et pour nous), Lagrevese a probablement lu trop de romans de Marc Lévy avant de se lancer dans son projet. Et cela est dautant plus dommage que ces histoires de deuil et damour passionné au-delà de la mort, ont donné lieu à quelques grands films, comme le sublime et extrêmement romantique « Laventure de Mme Muir » (Mankiewicz 1948), « Lucia et le sexe » (Medem 2002), ou encore « Ouvre les yeux » (Aménabar 1999) et son remake « Vanilla sky » (Crowe 2002). Mais par son parti pris cucul et pleurnichard, le film regarde davantage vers des uvres beaucoup plus mièvre et gnangnan comme « Ghost » (Zucker 1990), « Sweet november » (OConnor 2001), ou encore « Entre deux rives » (Agresti 2006). Car Lagrevese ny va pas de main morte quand il sagit de vouloir faire pleurer dans les chaumières ! Rien ne nous est ainsi épargné, ni de lexcessive descente aux enfers de lhéroïne (elle ne travaille pas pendant des semaines, senferme chez elle sans se laver ni faire le ménage : ridicule); ni le portrait de lhomme parfait présent et amoureux contre vent et reproches, histoire de faire ressurgir un peu de culpabilité chez la capricieuse héroïne ; ni la comparaison avec le décès du père de lhéroïne, qui va lamener à une confrontation puis à la paix avec sa mère ; ni le parcours initiatique, de la salle de karaoké à lIrlande, rappelant à Holly tout un tas de souvenir plus mielleux les uns que les autres (le coup de la rencontre sur un chemin irlandais vaut son pesant de cacahuètes). Et je ne parlerais pas de sa rencontre avec un sosie du défunt mari qui nétait autre que son meilleur ami denfance ! Lagrevese a également fait très fort niveau clichés sur lIrlande, dont on retiendra le grand désert de verdure, les pubs, la Guinness et le whisky, et bien sûr la musique (comme chacun le sait, chaque irlandais est un chanteur/guitariste accompli). Dès lors, le film paraît très long (plus de deux heures), et souffre dincroyables longueurs (la scène douverture, de dispute, en est le parfait exemple). Reste alors quelques personnages secondaires assez amusant, la palme revenant à Lisa Kudroow et Harry Conick Jr., qui égayent passablement lensemble.
« Je nai pas peur que tu moublies. Jai peur que tu oublies celles que tu étais »
Côté réalisation, Lagrevese se montre également assez peu inspiré. La luminosité et la photographie confèrent à une atmosphère irréaliste particulièrement bonbon (comme souvent dans les comédies romantiques), et les décors (lappartement de Holly, la salle du karaoké) sont tout justes dignes dune sitcom comme « Friends ». Reste alors la bande musicale, composée de très bons morceaux irlandais, très agréable bien quaccentuant le côté too much du film. Côté comédiens, lensemble est assez moyen. A commencer par Hillary Swank, définitivement plus à laise dans des registres plus dramatiques. En surjeu permanent, manquant de crédibilité et de sincérité du début à la fin, elle peine à trouver la mièvrerie qui imposé Meg Ryan comme lactrice fétiche du genre (mais au fond est-ce un défaut ?). A ses côtés, Gerard Buttler, tout de muscles vêtu, hérite dun personnage trop lisse et caricatural pour pouvoir réellement montrer létendu de son jeu. Restent alors Lisa Kudrow, Harry Conick Jr., et Katie Bates, qui assurent suffisamment derrière pour éviter au film la débâcle.
« Noublie jamais : même si nous sommes toujours tout seul, cest aussi ce qui nous rassemble »
Sujet potentiellement fort, palette de comédiens expérimentés et talentueux, Lagrevese avait tout pour réussir un film émouvant. Hélas, agrippant la perche tendue par le roman original, le réalisateur sest laissé aller à réaliser un mélo des plus sirupeux et larmoyant, de la trempe des téléfilms des après-midi de M6. Pire, dune mièvrerie confondante, Lagrevese accumule les clichés du genre comme sil voulait battre un record en la matière, rendant son film particulièrement prévisible, fade et larmoyant. Reste alors quelques brefs rayons dhumour (Lisa Kudrow notamment), et une bande musicale plutôt sympa, pour éclairer un temps soit peu ce triste ciel irlandais. Regardable, mais aussitôt oublié.
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