Planète terreur
« Jaime pas les mercredi »
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Texas. Des militaires attaquent une ancienne base de larmée pour récupérer un gaz. Quelques heures plus tard, les habitants dun petit village sont confrontés à des attaques à répétitions de la part dêtres étranges. A lhôpital, William et son épouse Dakota, tous deux médecins, constatent que leurs patients sont de plus en plus nombreux et souffrent de symptômes similaires. Ils accueillent notamment Cherry, une gogo danseuse, à qui on a arraché la jambe lors dune attaque. Alors que les attaques se multiplient, il est de plus en plus évident que les assaillants sont des zombies qui attaquent pour se nourrir de la chair des vivants. Mais le groupe de survivants menés par Wrey, Cherry et Dakota ne semble pas décider à baisser les bras et est prêt à tout pour atteindre des cieux plus cléments. La nuit est loin dêtre finie
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« Ce blouson mappartient pas toi »
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Deuxième partie du diptyque "Projet Grindhouse" censé rendre hommage au cinéma bis diffusé dans les cinemas Grindhouse, ce « Planète terreur » sort deux mois après le « Boulevard de la mort » de Tarantino. Si à lorigine, les deux films étaient censés se retrouver à la suite lun de lautre, juste entrecoupés de fausses pubs, et diffusés lors dune même séance, ce format naura pas dépassé les frontières nord-américaines. En Europe, où ce format de cinéma, à savoir deux films de série B à la suite dans une même séance, na jamais été développé, les diffuseurs ont décidé de dissocier purement et simplement les deux films. Si Tarantino rendait hommage dans sa partie aux films dépouvante, son éternel complice, Robert Rodriguez (à qui lon doit « Sin City » ou encore « Desperado 2 »), a choisi de rendre hommage aux films de zombies façon Romero.
« Aucun Texan ne donnera jamais sa recette du barbeque, plutôt mourir !!! »
Même sil sagit dun projet commun et dun hommage à un genre cinématographique, on se rend compte de réelles différences entre les deux films que nous proposent Tarantino et Rodriguez. Même sils choisissent des sujets totalement différents, on peut y voir deux styles complètement opposés. Ainsi, dans le premier volet, Tarantino sappuyait plus sur des personnages charismatiques, sur des bons moments et des échanges verbaux sans fin, pour décrire lascension et la chute dun tueur sadique. Rodriguez, à linverse sattache ici à rendre un hommage primaire aux films de zombies sans jouer trop sur lemprunte personnelle. Comme pour les originaux, il tourne un film au scénario anecdotique et aux dialogues souvent ridicules, avec des personnages dont le charisme nest jamais une qualité première (si ce nest Rose McGowan). Plus que tout, plutôt que de jouer sur la forme et sur le grain de limage comme lavait fait Tarantino, Rodriguez préfère reprendre tous les codes du genre et offrir au public ce quil attend, cest à dire un vrai film gore. Sur un mode jamais sérieux, il nous offre ainsi des hectolitres dhémoglobine, de la tripailles en veux-tu en voilà, et autant de membres arrachés que de mecs éventrés vivants. Une grosse partie de lintérêt de son film repose dailleurs sur ce mélange entre gore pur et volonté constante dautodérision qui rend assez joyeuses toutes ses scènes détripages. Une vraie générosité visuelle.
« Jen ai vu des curiosités dans ma vie, mais jai jamais vu de streap-tease dunijambiste Pourtant jai été au Maroc »
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Dautant quil se repose sur un casting ingénieux et harmonieux, reposant sur quelques valeurs sûres venant faire un guest (Bruce Willis ou Tarantino himself), quelques nouvelles valeurs montantes (Rose McGowan, impeccable, Freddy Rodriguez, ou la magnifique et sculpturale Marley Shelton), et quelques vieux couteaux quon ne pensait plus revoir et quon retrouve avec plaisir (Jeff Fahey, Michael Biehn). Si la direction dacteurs se révèle plutôt ingénieuse, on regrettera néanmoins que certains personnages ne soient pas plus développés (Wray, le héros, par exemple), quand dautres personnages secondaires le sont davantage (les frangins flic et cuisinier). Mais lintérêt de Rodriguez est ailleurs, dans cet univers à la fois gore et BD (avec toujours cette attraction pour les gros véhicules, les gros moteurs, et les gros calibres), bourré des filles sexy (même la cul-de-jatte devient une tueuse ultra-sexy avec sa prothèse mitrailleuse), et où lhumour décalé et lautodérision joyeuse de cette viande étalée pourtant violemment prend le pas sur tout le reste.
« - Plus de macchabées pour Papounet cette nuit !
- Je lai jamais trop senti ce type. Aussi inutile quune bite de curé !!! »
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Au final, ce « Planète terreur » se révèle être une double bonne surprise. Tout dabord parce quil nous réconcilie avec le cinéma de Rodriguez qui nous avait si souvent laissé sur notre fin (linfâme « Sin city », ou encore la série des « Spy kids »), et surtout parce quavec son autodérision affichée, il signe le meilleur des deux segments de ce projet Grindhouse. Sans avoir la prétention dêtre un grand film, ce « Planète terreur » est un film généreux, qui rend pleinement hommage aux films de zombies de série B, en en reprenant les codes et en y apportant une bonne dose dhumour. Certes, lensemble est biodégradable et soublie une fois le film terminé, mais sa générosité en fait un agréable divertissement.
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