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10 Jan

Les ponts de Toko-Ri

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films de guerre

« Quand j’étais dans l’eau après le crash, j’ai pensé à mes amis en Amérique qui n’ont pas été appelés et qui ont la chance de pouvoir profiter de la vie »

Novembre 1952. Vétéran de la seconde guerre mondiale, le Lieutenant Brubaker est rappelé pour combattre en Corée. Ce réserviste, avocat dans le civil, comprend mal pourquoi on le rappelle pour cette guerre alors qu’il a déjà servi par le passé son pays avec honneur. Surtout, il supporte mal de devoir laisser femme et enfants derrière lui, pour rejoindre un conflit qui ne porte pas encore le nom de guerre. Sur le porte-avion sur lequel il est affecté, ses qualités de pilotes autant que ses qualités humains font l’admiration de tous. Y compris de l’amiral Tarrant qui retrouve en lui le courage de son défunt fils, tué lors de la précédente guerre. Mais alors que l’escadrille de Brubaker prépare la périlleuse attaque des ponts du Toko-Ri, un incident technique qui manque de lui couter la vie plonge Brubaker dans le doute.

« Un de ces jours, nous détruirons les ponts de Toko-Ri. Ils ont une défense tellement formidable que l’impact psychologique de leur destruction sur nos ennemis n’en sera que plus grande. Cet exploit montrera que rien ne nous fera reculer »

Réalisateur de second plan, Mark Robson aura mené une belle carrière, ponctuée de deux nominations à l’Oscar du meilleur réalisateur pour « Les plaisirs de l’enfer » (1957) et « L’auberge du sixième bonheur » (1958), ainsi que de quelques succès comme « Plus dure sera la chute » (1956), « L’express du Colonel Van Ryan » (1965) ou encore « Tremblement de terre » (1974). Il signera même un film français, « Les centurions » (1966), avec Anthony Quinn et Alain Delon. « Les ponts du Toko-Ri », première incursion de Robson dans le genre du film de guerre, est l’adaptation d’un roman de James A. Michener paru en 1953. Une fiction alors clairement ancrée dans l’actualité car l’action se déroule durant la guerre de Corée qui prend fin durant le tournage du film. A noter que Michener écrira un autre roman sur fond de Guerre de Corée, « Sayonara », qui sera également adapté au cinéma par Joshua Logan et porté par Marlon Brando. Oscarisé quelques mois plus tôt pour un autre film de guerre, « Stalag 17 », la star du moment, William Holden, accepte le rôle principal du film à la condition que les producteurs renoncent à changer la fin du roman pour imposer un happy end. Il partage l’affiche avec Grace Kelly pour la seconde fois consécutive après « Une fille de province » de Georges Seaton, qui vaudra à l’actrice d’être également oscarisée. Avec plus de 4 millions de dollars de recettes, le film s’imposa comme l’un des 20 plus gros succès de l’année 1955 et obtint même l’Oscar des meilleurs effets spéciaux en 1956.

« On ne boit jamais la tasse deux fois »

De Pearl Harbor à la chute de Saigon, les Etats-Unis auront mené non-stop des guerres en Asie pendant près de 35 ans. Une source d’inspiration inépuisable pour les réalisateurs et pour Hollywood, qui aura produit durant les décennies suivantes des centaines de films retraçant aussi bien l’héroïsme des GI face au totalitarisme japonais que les traumatismes subit par toute une jeunesse dans le bourbier vietnamien. Pour autant, bien que toute aussi meurtrière, la guerre de Corée a semble-t-il beaucoup moins intéressé Hollywood qui lui aura consacré beaucoup moins de films qu’aux deux autres conflits. De quoi faire a priori de ces « Ponts de Toko-Ri » une curiosité tant cinématographique qu’historique. Pour autant, l’intérêt du film se révèle assez vite limité. En tous cas d’un point de vue historique, puisqu’à l’inverse de la plupart des films de guerre (« Le jour le plus long », « Okinawa », « Iwo Jima » pour ne citer qu’eux), « Les ponts de Toko-Ri » privilégie l’aspect romanesque en nous contant une bataille purement fictionnelle,  l’attaque des fameux ponts (existent-ils vraiment ?) n’ayant jamais réellement eu lieu. Pour le reste, le film demeure ancré dans les standards de l’époque. On y retrouve l’esprit de « Tant qu’il y aura des hommes » ou de « Sayonara », dans la description des rapports humains sur la base militaire ainsi que des tribulations des hommes lors de leurs permissions. A ce titre, les personnages sont extrêmement stéréotypés, à l’image du pilote interprété par Mickey Rooney, bagarreur franchement lourdaud mais en même temps courageux. L’introduction d’un héros en proie au doute ne tient pas non plus toutes ses promesses, celui-ci tirant finalement sur la corde patriotique à la gloire de l’Amérique. Reste l’intérêt de l’aspect plus « documentaire » du film, notamment sur tout ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement d’une task force, et de belles scènes de batailles aériennes, assez modernes pour l’époque. Un film de guerre assez mineur, donc. Et un poil longuet.



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B
Et donc, je l'ai vu. Quelques petites longueurs, un peu trop technique quant aux manoeuvres sur les porte-avions, mais ce film est très émouvant en mélant la froide épouvante d'une guerre terriblement meurtière (et encore d'actualité, car elle ne s'est pas conclue par un traité de paix mais d'une pause qui risque de se redéclancher) et dont le cinéma n'a que très peu parlé. Très belles images et des acteurs excelents.
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B
Pour autant, je le regarderais à l'occasion, ma curiosité étant éveillée.
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