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27 Nov

Le rêve de Cassandre

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« Que ça vous serve de leçon, dans la vie on ne peut compter que sur sa famille. Ne l’oubliez jamais »

 

TFM DistributionLondres. Deux frères, Terry et Ian, achètent sur un coup de cœur un petit voilier qu’ils nomment « Le rêve de Cassandre ». Un véritable coup de folie puisque aucun des deux n’a à priori les moyens de s’offrir un tel luxe. En effet, issus d’un milieu relativement modeste, Terry travaille comme mécanicien dans un garage et Ian travaille dans le restaurant de son père, qui est loin d’être pleinement rentable. Tous s’en sont toujours à peu près sortis grâce à la générosité de leur oncle maternel, Howard, riche et célèbre homme d’affaires, qui a fait fortune en Californie. Et lorsque ce dernier annonce une visite éclair à Londres, la nouvelle est d’autant plus la bienvenue que Terry, joueur invétéré, vient de perdre une très grosse somme au poker, s’annonçant les pires ennuis, et que Ian souhaite investir dans une affaire hôtelière qui lui ai proposée en Californie. Un argent dont il a d’autant plus besoin qu’il mène le grand train pour épater sa nouvelle petite amie, Angela, une magnifique actrice de théâtre. Mais ils ne s’attendaient pas à ce qu’en contrepartie de ce service financier, l’oncle Howard leur demande d’assassiner un ancien cadre de son entreprise prêt à divulguer des informations très compromettantes sur lui à la justice…

 

« -     J’ai rêvé de toi pendant deux nuits. Etre secourue est un de mes rêves pernicieux.

-         Etre secourue n’a rien de pernicieux

-         Non, c’est ce que tu m’as fait après »

 

Ewan McGregor et Colin Farrell. TFM DistributionComme chaque année ou presque, à la même époque, nous avons droit à la production annuelle de Woody Allen. Le très prolifique cinéaste new-yorkais (pas moins de 18 films en 15 ans), semble cependant avoir du mal à se renouveler et surtout, à maintenir un niveau homogène de qualité pour ses films. Il n’est pas outrancier de ce fait de dire que certains de ces derniers films, comme « Melinda et Melinda » (2005), « Anything else, la vie et rien d’autre » (2003), ou encore « Escroc mais pas trop » (2000), ne sont pas des films majeurs dans la carrière du réalisateur. Un réalisateur qui aura néanmoins retrouvé les honneurs de la critique et du public avec le premier volet de sa trilogie londonienne, le surestimé « Match Point » (2005). Un succès auquel suivra le très léger et drôlissime « Scoop » (2006), et que viendra donc conclure ce « Rêve de Cassandre », seul volet au générique duquel ne figurera pas Scarlett Johansson. Cette trilogie devait être le départ de nouvelles aventures loin de New York et à travers des grandes villes européennes pour Allen, qui a renoncé à son projet parisien en raison de son coût, et dont la prochaine étape se situera en Espagne. « Le rêve de Cassandre » a été présenté en Sélection Officielle à la dernière Mostra de Venise.

 

« On ne bâtit pas ce que j’ai bâtit en respectant les règles. Vous ne doutiez pas de mon éthique quand vous aviez besoin de moi »

 

Colin Farrell et Ewan McGregor. TFM DistributionTitre annonciateur (référence au personnage mythologique de Cassandre, fille de Priam qui pouvait voir l’avenir et l’annoncer par des prophéties. Victime d’une malédiction d’Apollon qui empêche les autres de la croire, elle annoncera en vain la chute dramatique de Troie), Allen prend inspiration ici dans la tragédie grecque. Décidément, il semble que son intrusion chez la Perfide Albion lui ai fait laisser à New York les thèmes plus légers et décalés de ses comédies traditionnelles au profit d’œuvres beaucoup plus classiques, plus sombres, s’interrogeant sur la noirceur et la corruptibilité de l’esprit humain. Ainsi, comme dans « Match Point », il met en scène des personnages de classes moyennes ou basses, sans argent et reconnaissance sociale, face au dilemme du meurtre rémunéré. Et Allen s’en donne à cœur joie pour pimenter et donner une dimension quasi faustienne à cet acte irrémédiable et irréversible, où se mêle habilement fable morale et importance du destin : commandité par le tonton riche qui subvient depuis toujours aux besoins des uns et des autres et qui joue la carte des liens du sang, nos deux héros finissent par rencontrer directement la future victime. De même, la première occasion planifiée pour supprimer ce dernier ne se déroule pas comme espéré et ils sont obligés de remettre le coup. Bref, à la difficulté de prendre ou non la décision de commettre l’irréparable s’ajoute la difficulté technique de passer à l’acte et enfin la difficulté à gérer et à vivre avec un crime sur la conscience. Et comme toujours, c’est celui qui avait pourtant le côté brute épaisse qui sombre dans la dépression et le remord, alors que le plus discret et intelligent semble le vivre très bien, craignant même de devoir supprimer son propre frère devenu trop bavard. Rien de bien nouveau en somme sous la comète de Allen, ce « Rêve de Cassandre » semblant en effet s’inspirer de l’oeuvre de Hitchcock et de films plus récents comme « Petits meurtres entre amis » (Boyle – 1995). Certes, la réflexion morale sur la corruptibilité de l’esprit humain, appuyé par un scénario classique et basique mais maîtrisé, donne une réelle épaisseur à ce film noir. Mais venant du grand Woody, on est quand même en droit d’être un peu déçu de ce film qui ressemble beaucoup à son « Match point », et qui ne renouvelle ni le genre, ni son propre travail.

 

« Si on franchit la ligne, on ne pourra plus jamais revenir en arrière »

 

Ewan McGregor et Hayley Atwell. TFM DistributionCar bien que le film soit maîtrisé et le scénario bien ciselé, on ne peut s’empêcher de trouver le résultat trop classique pour un cinéaste qui nous avait justement habitué à imposer sa différence. En effet, même s’il y apporte une certaine légèreté, Allen se borne ici à reprendre les codes traditionnels du film noir (enjeu dramatique, difficulté de choix, lutte des classes, destin rattrapant l’acte immoral), mais sans grande réussite : la mise en scène est assez terne et sans rythme, et les rebondissements connus à l’avance et sans aucune surprise. De là le film reste regardable sans déplaisir, mais on doit lui reconnaître une certaine banalité malvenue pour un tel réalisateur. Reste sa direction d’acteurs, toujours de qualité. Si Tom Wilkinson, par ailleurs très bon, retrouve un rôle auquel il semble habitué, c’est Colin Farrell qui surprend heureusement tout son monde dans ce rôle sensible et fragile qu’on ne lui connaissait pas. A l’inverse d’un Ewan McGreggor décevant en héros trop propret, manipulateur et sans foi ni loi. Reste la jolie révélation Haylay Atwell, qui apporte son charme vénéneux à ce film, faisant planer l’ombre de l’étrangement absente Scarlett Johansson.

 

« Je ne suis plus le même et je ne le serais plus jamais »

 

Tom Wilkinson, Ewan McGregor er Colin Farrell. TFM DistributionAprès « Match Point » et « Scoop », « Le rêve de Cassandre » vient donc clore la trilogie londonienne de Woody Allen. Episode ressemblant étrangement au premier, le film déçoit par son classicisme et par son manque d’originalité. Si le film se laisse voir et s’il est honnêtement construit, on pourra en revanche le classer parmi les films mineurs de l’auteur. En espérant qu’Allen sera plus inspiré par Madrid !

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 Sally Hawkins , Ewan McGregor, Hayley Atwell et Colin Farrell. TFM Distribution     Colin Farrell et Ewan McGregor. TFM Distribution



Commenter cet article
M
Tout a fait d'accord avec toi, rien à redire.
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B
Bons avteurs, bien joué, belle mise en scène, pas grand chose a redire, si ce n'est cet indicible ennuie d'une histoire sans surprise, sans grand intérêt. Le moins bien des trois, le moins drôle. Dommage...
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!