27 Robes
« Javais sauvée la mariée le jour le plus important de sa vie : cest ce jour là que je suis tombée amoureuse des mariages. Jattendais désormais le mien »
Jane, jeune trentenaire célibatante, a toujours été plus douée pour prendre soin du bonheur des autres que du sien. Pour preuve, ses 27 robes de demoiselle dhonneur, qui témoignent de son dévouement. Dun tempérament très fleur bleue, elle conserve précieusement ses robes, en rêvant du jour où elle-même tiendra le rôle principal de la cérémonie. Un rôle quelle aimerait secrètement partager avec son patron, le brillant et décontracté George. Mais cétait sans compter sur sa petite sur Tess, de retour en ville. Cette dernière, charmante et charmeuse qui a toujours su y faire avec les hommes, jète son dévolu sur George, qui finit par la demander en mariage. Au grand dam de Jane, qui accepte malgré tout la demande de sa sur dorganiser le mariage. Elle devra de plus gérer les demandes de Kevin, un journaliste spécialisé dans les chroniques nuptiales, quelle a rencontré lors dune soirée mémorable où elle faisait la navette entre deux réceptions de mariage
« Croire au mariage, cest comme croire au Père Noël ? »
Genre anglo-américain par excellence, la comédie romantique a développé un nouveau type de personnage ces dernières années, celui de la trentenaire indépendante toujours en quête du grand amour. La fameuse « célibatante », dont la référence sera toujours « Bridget Jones ». Dernière production en date, ce « 27 robes » est réalisé par Anne Fletcher, qui navait jusquici réalisé que « Sexy Dance » (2006). Une certaine inexpérience néanmoins compensée par la présence de la scénariste à succès Aline Brosh McKenna, qui avait notamment signé le scénario du « Diable shabille en Prada », et qui avoue volontiers sêtre inspirée de lexpérience dune de ses propres amies. Si sur le papier « 27 robes » semble réunir tous les éléments de la petite comédie romantique dans lair du temps et très calibrée pour plaire au plus grand nombre, elle témoigne également de la volonté des producteurs d imposer Katherine Heigl, popularisée par la série « Greys anatomy » et par le succès outre-Atlantique d « En cloque mode demploi », comme la nouvelle icône féminine de la comédie grand public.
« Vous adorez les mariages romantiques en jouant les cyniques, ou vous êtes un cynique qui jouez les romantiques ? »
Manquant cruellement dun souffle doriginalité et de fraîcheur, le genre de la comédie romantique anglo-américaine sest cruellement essoufflé, ne nous proposant plus ces dernières années que des films formatés et tires-larmes à quelques exceptions près (« Garden state »). Et autant le dire tout de suite, ce nest pas ce petit film bien évidemment cousu de fils blancs, qui va révolutionner le genre. Sans être détestable, ce « 27 robes » manque quand même incroyablement de punch et de personnalité. La faute à une réalisatrice qui enfile les poncifs comme des perles sans se rendre compte que la fin en devient prévisible dès la cinquième minute (pour ceux qui nauraient pas réussis à la décrypter rien quen regardant laffiche !). Il est dailleurs stupéfiant de voir avec quelle facilité Anne Fletcher enchaîne les clichés avec boulimie, comme si elle avait peur den rater un ! A commencer par la jeune et jolie héroïne, sorte de Cendrillon des temps modernes, que le décès précoce de sa mère a obligé à jouer les maman pour tout son entourage, négligeant par la même son propre bonheur. Rajoutons à cela pêle-mêle un patron séduisant et philanthrope (il faut ce quil faut : cest plus sexy et ça va de pair avec son régime végétalien !), un journaliste beau gosse qui se fait très vite jeter mais dont on comprend tout aussi vite quil est lélu, sans parler du coup de la panne de voiture sous la pluie, ou encore linévitable scène chantée, incroyablement horripilante (mais passage obligé de toute comédie romantique qui se respecte!), qui va de pair avec la déclaration finale, forcément en public. Petite précision de taille pour rassurer tout le monde : ils sont bien évidemment tous riches et beaux ! Tout cela était également sans compter sur le petit couplet faussement cynique et politiquement incorrect du héros, journaliste malheureux selon qui le mariage demeure un rituel inutile qui ne sert quà faire fonctionner une très rentable industrie spécialisée. Rassurons-nous, il finira par rentrer dans le rang, avouant au passage avoir eu le cur brisé par un amour de jeunesse, et finira bien évidemment par se faire passer la corde au cou. Un scénario cliché, prévisible, et surtout très politiquement correct, qui se retrouve finalement sauvé par quelques bons gags et bonnes réparties qui rendent lensemble assez distrayant.
« Tu mérites mieux que ce dont tu te contentes »
Côté réalisation, la mise en scène très plan-plan de la réalisatrice n'a d'égale que le scénario. Lumières artificielles, décors cosys façon appartements témoins ou Ikéa, le visuel du film ressemble à sy méprendre à la plupart des sitcoms censés se passer à New York, tels que « Sex in the city » ou « Friends ». Finalement, ce sont les comédiens qui sauvent lensemble en portant le film sur leurs épaules. Katherine Heigl apporte sa fraîcheur, son dynamisme, et ce mélange particulier de force et de fragilité, qui lui permettent dêtre crédible dans ce rôle. La belle Malin Akerman nous prouve une nouvelle fois après « Les filles de ses rêves » son incroyable potentiel comique en jouant les belles plantes de service, maladroite et manipulatrice. Mais la grosse révélation du film se nomme James Mardsen. Avec son sourire parfait à 58 dents, son physique de beau gosse, et son air satisfait, on sétonne même quon ai pas pensé à lui auparavant pour ce genre de rôle, tant cela semble évident. Seul bémol du casting, Edward Burns, dont le manque de charisme peine ici à convaincre. Boursouflé comme une robe de mariée, sucré comme une pièce montée, ce « 27 robes » reste quand même un divertissement franchement moyen, à classer parmi les séries B du genre, qui peut devenir assez vite indigeste selon les goûts de chacun. Prévisible et très formaté, il reste cependant fréquentable et distrayant grâce à quelques passages amusant et à lénergie des comédiens. A réserver aux fans du genre, de ceux qui sont toujours émus de voir des beaux et riches jeunes gens qui doutent d'eux-même finir par se marier et s'embrasser avec leurs sourires colgate. Pour les autres, pas grand chose à retenir de ce film, pas franchement indispensable
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