Ce soir je dors chez toi
« - Vivre ensemble, cest ce quon fait déjà, tu dors chez moi deux fois par semaine, je dors chez toi une fois par mois
- On ne vit pas ensemble, on ressemble à un attelage »
Alex, la trentaine, est écrivain. Il partage depuis un an la vie de Laetitia, jeune et jolie cadre commerciale, dont il est très amoureux. Malheureusement pour lui, Alex, qui mène une vie sans contraintes, à une peur bleue de sengager. Aussi, lorsque Laetitia lui fixe un ultimatum pour quils emménagent ensemble, Alex, pris de panique, finit par céder. Mais devant le bouleversement que tout cela représente, il décide de monter un stratagème avec laide de son éditeur, Jacques. Celui-ci doit se faire passer pour dépressif et ainsi emménager pour un mois chez Alex. En contrepartie, ce dernier devra finir son deuxième roman quil tarde à boucler. Mais moins crédule que ce quAlex pouvait penser, Laetitia comprend très vite le stratagème et tout en jouant le jeu, décide de mettre également son grain de sel pour pousser Alex dans ses derniers retranchements
« Dans ma vie, je me suis fait plus larguer quun champion du monde de saut en parachute »
Pour sa première réalisation, Olivier Baroux, le « O. » de « Kad et O. », était très attendu. En effet, fort dun certain nombre de succès critiques et publics, tant dans leurs émissions et leurs sketches sur la chaîne « Comédie ! » quau cinéma avec « Qui a tué Pamela Rose ? » et lexcellent « Un ticket pour lespace » (qui aura été injustement boudé par le public malgré une critique presse enthousiaste), le duo a atteint un rayonnement important dans le petit monde de lhumour français. Si Olivier Baroux était à priori rodé à lécriture de sketches, mais aussi de films comiques (il a co-écrit les deux films précédents de son duo avec Kad), lexercice de « Ce soir je dors chez toi » était un petit peu différent, puisquil sagit là dune commande. Pour cette adaptation de la bande-dessinée de Dupuy-Berberian, « Monsieur Jean », Baroux aura néanmoins eu carte blanche pour se réapproprier, via lécriture du scénario, lunivers de loriginal.
« Quand elle est partie, jai eu limpression quelle me quittait. Pourtant il ne sétait rien passé »
Depuis quelques années, on ne peut que déplorer le manque doriginalité du cinéma comique français, genre qui narrive plus à se renouveler. Et hélas, « Ce soir je dors chez toi » ne déroge pas à la règle. Ainsi, quoi de moins original que de signer une énième comédie sur la difficulté des trentenaires à grandir et à sengager ? Un thème surexploité ces dernières années pour lequel on peut citer en vrac les récents « Lâge dhomme maintenant ou jamais » (Fejtö 2007), « Cherche fiancé tous frais payés » (Isserman 2007), « Prête-moi ta main » (Lartigau 2005), « Ma vie en lair » (Bezançon 2005), « Au secours ! jai 30 ans » (Chazel 2004), « Les poupées russes » (Klapisch 2004), ou encore « Célibataires » (Verner 2006). Si on ajoute à cela le fait que les productions étrangères aient financé bon nombre de films sur le sujet (les excellents « Garden state » de Braff en 2004, « Juste un baiser » de Muccino en 2001), il semble difficile désormais de faire un film réellement original sur le sujet. Et cest ce qui pénalise dentrée la comédie dOlivier Baroux. Une comédie qui part pourtant pas mal, avec quelques répliques faisant mouche et le coup du stratagème bien loufoque et décalé. Un stratagème qui, bien quau centre de lintrigue, est sous-exploité, alors que cest la partie qui par excellence avait le plus grand potentiel comique. Malheureusement, elle se termine au bout dune demie-heure, emportant avec elle un Kad qui interprétait là aussi le personnage potentiellement le plus drôle, laissant la place à une succession de clichés dont on ne voit pas le bout et qui nont ni queue ni tête. Entre les hésitations, les tromperies pour se rassurer, les réconciliations, avant une nouvelle séparation et de nouvelles retrouvailles à New-York, le scénario éclate totalement, et le film se perd en dinfinies hésitations entre comique et romantique, qui aboutissent au final à un résultat dune rare mollesse, où les clichés les plus tartignoles et guimauves se succèdent sans intérêt aucun (le héros poursuit sa belle pieds nus dans la rue, les retrouvailles se fond dans une grande bataille de bouffe sans intérêt ). Du grand gâchis, ni drôle ni émouvant. Et terriblement ennuyeux.
« Laetitia, cest la femme de ma vie, et pour ne pas la perdre, il ny avait quun solution : le célibat à deux »
Si le scénario ne semble pas maîtrisé et souvent même franchement bâclé, Olivier Baroux a du mal également à imposer un style qui lui soit propre à ce film. Le manque de dynamisme du récit se ressent également dans une mise en scène trop pantouflarde, qui ne se risque jamais à tenter de surprendre ses spectateurs, accumulant au contraire des scènes clichées quon a limpression davoir déjà vues (le déplacement de Rouve à New York pour convaincre sa belle semble tout droit copié de « Je préfère quon reste amis », tandis que la bataille de nourriture a été vues des dizaines de fois). Côté acteurs, le bilan est moins négatif. Rouve est un peu trop en roue libre, des fois trop façon Robin des bois (« Quand je rêve la nuit, je rêve que je rêve de toi » et autres tirades absurdes dans le genre), mais assure de manière générale comme à son habitude. Face à lui, Mélanie Doutey rayonne un petit peu moins quà laccoutumée. Sans livrer une mauvaise performance, on la déjà vu cependant plus convaincante. Comme on pouvait sen douter, les meilleurs moments viennent dun Kad en pleine possession de ses moyens comiques. Dommage que son personnage disparaisse au bout de si peu de temps. Parmi les seconds rôles, on notera les apparitions de Philippe Lefevre et de la prometteuse Audrey Dana révélée dans le dernier Lelouch, ainsi que dArielle Semenoff et Alain Doutey, parents de Mélanie Doutey à lécran comme à la ville.
« - Je ne peux pas vivre sans elle
- Cest pourtant ce que tu es en train de faire »
Très attendue, la comédie « Ce soir je dors chez toi », première réalisation du comédien Olivier Baroux, savère une grosse déception. Manque doriginalité, de fraîcheur et de rythme, le film flirte ostensiblement entre deux genres sans les jouer vraiment, nétant au final jamais assez drôle pour convaincre sur le plan de la comédie, et jamais assez émouvante pour fonctionner sur le plan de la romance. Accumulant les clichés et les gags pas drôles, le film ne décolle jamais et ne parvient jamais à véritablement convaincre. Connaissant le talent dOlivier Baroux, on attendra avec impatience son prochain film en espérant que le projet sera plus personnel. En attendant, « Ce soir je dors chez toi » est probablement une des pires comédies de lannée.
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