Le témoin amoureux
« Si quelquun fait une bêtise et que tu ny peux rien, dis simplement « je suis heureux pour toi » »
. . « Elle laime : elle le regardait comme sil chiait des licornes ! » |
Peu connu chez nous, Paul Weiland officie néanmoins comme réalisateur depuis plus de vingt ans. Surtout connu pour son travail pour la télévision (où il aura fait lessentiel de sa carrière) on lui doit notamment de nombreux épisodes de « Mister Bean » et quelques téléfilms le réalisateur anglais aura également signé une poignée de longs pour le grand écran, dont « Pour lamour de Roseanna » (1997) avec Jean Reno, ou encore « Lor de Curly » (1994), suite de « La vie, lamour, les vaches », porté par Billy Cristal et Jack Palance. Ce « Témoin amoureux » est son sixième film pour le cinéma. A noter également que ce film constitue la dernière apparition en tant que comédien de Sydney Pollack, décédé le mois dernier.
« Elle va sur ses trente ans ! Tu crois que son conte de fée cest dattendre que tu tires un coup ? »
Genre ultra-codifié, la comédie romantique semble souffrir depuis quelques années dun gros essoufflement, dun manque de renouvellement du aux sorties successives dun nombre incalculable de film de genre assez moyens. Sur le papier, ce « Témoin amoureux » pouvait être la bonne surprise de ce début dété, notamment grâce au charme de son couple dacteurs principaux, en loccurrence la craquante Michelle Monaghan, aperçue dans quelques comédies réussies où son charme mêlé dautodérision faisait merveille (« Les femmes de ses rêves », « Shanes Black kiss kiss bang bang »), et Patrick Dempsey, latout charme de la série « Greys Anatomy », aperçu également dans le succès surprise de lhiver dernier « Il était une fois ». Et si la complicité et la fraîcheur de ce couple de cinéma paraît évidente, le film souffre quand même dun grand manque doriginalité. Répétitif par rapport aux films récents du même genre (Toujours le même cadre New-Yorkais cossu et branché, toujours les impressionnants paysages écossais ou irlandais comme dans « PS I love you », les héros sont toujours blindés de fric), cliché à mort (le personnage du séducteur impénitent, les scènes de danse joue contre joue, les déclarations théâtrales, lintervention cruciale pendant le mariage, limage caricatural des européens), le film peine à se hisser au-dessus de la moyenne par son humour facile et souvent ras des pâquerettes (le collier fluorescent de la grand-mère qui nest autre quun godemichet, les accidents à répétitions du héros avec le serveur du restaurant, la blague du prénom écossais). Tout juste pourrons-nous le remercier déviter de faire trop dans la mièvrerie et dans le tirage de larme facile qui nous est heureusement évité. Du coup, le charme et la légèreté relative de lensemble est essentiellement du à la fraîcheur des comédiens, qui rivalisent de charme pour tirer le film vers le haut. A ce petit jeu, cest Patrick Dempsey qui brille le plus, jouant avec beaucoup dautodérision les « demoiselle » dhonneur plongé dans un milieu exclusivement féminin, en totale opposition avec son image de play-boy viril. Face à lui, la pétillante Michelle Monaghan lui renvoie parfaitement la balle. Quelques seconds rôles un peu clichés mais néanmoins savoureux viennent également doper un petit peu cette comédie inégale, comme le regretté Sydney Pollack, ou les trois comédiennes interprétant les autres demoiselles dhonneur.
« Demoiselle dhonneur ? Cest pas possible, tes un mec ! Cest un truc de nanas qui se demandent si la robe leur fait pas un gros cul !!! »
Mais dans tous les cas, ce « Témoin amoureux » demeure une comédie mollassonne au rythme inégal. Il faut dire quoutre son scénario très cliché, la mise en scène de Weiland manque cruellement dambition, de punch, et doriginalité. Ce dernier, peu inspiré, se contente dailleurs de copier tous les éléments visuels inhérents au genre (photographie, décors, musiques), faisant de son film un produit finalement parfaitement calibré et impersonnel, dont le visuel ressemble à sy méprendre aux autres productions récentes du genre, telles que « 27 robes » ou « Jackpot ». En outre, on pourra également reprocher à Weiland le manque de dynamisme de son montage, le rythme du film souffrant notamment dun bon gros quart dheure de trop. Sans être un bide total, on était cependant en droit dattendre mieux de ce « Témoin amoureux »porté par un alléchant casting dans lair du temps, que cette comédie un poil fade manquant un peu de punch et doriginalité. Grâce au charme des comédiens, il en reste un film tout juste assez moyen, relativement plaisant et divertissant.
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