Trésor
« Cest-à-dire
cétait moi avant « Trésor » !!! »
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Jean-Pierre et Nathalie s'aiment depuis quatre ans. Pour fêter cet anniversaire, Jean-Pierre offre à sa compagne un cadeau inattendu, un adorable bulldog anglais de trois mois. Nathalie est folle de joie. C'est décidé : il s'appellera "Trésor".
Entre elle et l'animal, la relation devient immédiatement fusionnelle. Trésor fait de la chambre à coucher son territoire et y règne en maître, ronfle, bave, investit le lit. Le couple tangue, chavire, au gré des humeurs de ce monstre autoritaire...
« On peut aimer un homme qui naime pas les chiens à condition de ne pas les aimer soi-même »
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2009, année du chien ? Non, il ne sagit pas là dastrologie chinoise. Loin de là. Mais plutôt dun constat. Car que ce soit chez nous (« Bambou », « Un homme et son chien ») ou à Hollywood (« Marley et moi », « Le chihuahua de Beverly Hills », « Volt »), nos amis à quatre pattes auront particulièrement inspirés les scénaristes et les cinéastes. Tant pour des comédies grand public que pour des drames plus intimistes dailleurs. Concernant « Trésor », Claude Berry sest inspiré de son histoire personnelle. Ou comment un cadeau à priori anodin fait à sa femme en loccurrence un chien prénommé Georges a quelque peu remis en question léquilibre tranquille du couple. Nul naurait imaginé que cette petite comédie légère serait le dernier film posthume qui plus est du dernier nabab du cinéma français, décédé brutalement le 12 janvier 2009, soit quatre jours après le début du tournage. Cest donc dans un climat particulier que le tournage sest déroulé, François Dupeyron (réalisateur entre autres de « La chambre des officiers » ou de « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ») remplaçant Berri à la réalisation.
« Un chien ne remplacera jamais un homme et un homme ne remplacera jamais un chien »
« Trésor ». Tel était le surnom affectueux que Nathalie donnait à Jean-Pierre. Avant que celui-ci finisse par échoir au petit bulldog que ce dernier eu la mauvaise idée doffrir à sa femme pour leur anniversaire de mariage. Ou comment lintrusion à priori anodine dune petite créature innocente sème la discorde au sein dun couple uni et soudé que rien ne semblait pouvoir alors ébranler. Cest bien connu, le plus insignifiant petit grain de sable peut suffire à mettre en déroute une armée ou à enrayer une mécanique bien huilée. Car aussi mignon soit-il, le petit chiot se révèlera vite très envahissant, devenant lunique préoccupation de sa maîtresse et révélant ainsi au grand jour les lignes de fracture du couple. Sous ses allures de petite comédie canine légère et sans prétentions, « Trésor » sintéressait donc à un sujet à priori beaucoup plus dramatique quil nen avait lair, en loccurrence la radiographie du couple. Pourtant, le choix délibéré docculter la question de la maternité alors quelle semblait à lévidence sous-jacente (le chien venant combler un manque affectif évident), rend le scénario totalement creux et bancal. Un sentiment de vacuité renforcé par la banalité des situations comiques (le chien qui mange la chaussure, la question de ses déjections, labsurdité du toilettage et des concours, la caricature des mémères avec leurs chiens, les interminables séances de psy pour chien, etc
) et par une tonalité et un rythme étrangement désuets. Probablement affectés par la disparition du réalisateur, les interprètes semblent eux aussi un peu à côté de leurs pompes. On était forcément en droit dattendre mieux dun film porté par lhilarant Alain Chabat. Et ce dautant plus que sa présence dans le rôle titre nous rappelait que quinze ans plus tôt il réalisait le génial « Didier », une comédie canine qui avait vraiment du chien. Sortie de scène un peu ratée donc pour Claude Berri, avec cette dernière comédie pas très drôle. A oublier, donc. Pour mieux se souvenir de ses films les plus aboutis, comme « Le vieil homme et lenfant » par exemple.
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