Dalton Trumbo
Un grand merci à TF1 Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Dalton Trumbo » de Jay Roach.
« J’aime notre pays et nous avons un bon gouvernement. Mais on peut toujours améliorer les choses. »
Hollywood, la Guerre Froide bat son plein. Alors qu’il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d’être communiste. Avec d’autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler. Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction. En menant dans l’ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.
« On ne répond aux questions par oui ou par non que quand on est un imbécile ou un esclave ! »
En vingt ans de carrière et plus d’une dizaine de films, Jay Roach s’est imposé comme l’un des poids lourds de la comédie américaine. A son palmarès, on retrouve notamment les sagas « Austin Powers » et « Mon beau-père et moi » qui comptent parmi les plus populaires et les plus rentables de ces vingt dernières années. Surtout, il peut se vanter d’avoir fait tourner les plus grands noms actuels du rire US, de Ben Stiller à Steve Carell (« The dinner », remake américain du « Diner de cons ») en passant par Will Ferrell. Au début des années 2000, le réalisateur prend cependant un virage un peu plus sérieux, en s’intéressant davantage à l’actualité politique et à l’observation de la société américaine. A l’image de l’hilarant « Moi, député », farce grinçante et irrévérencieuse qui lui permettait de brocarder et de porter un regard corrosif sur la vie politique américaine. Mais c’est surtout « Game change », son biopic consacré à Sarah Palin (interprétée par Julianne Moore) réalisé pour la télévision, qui lui vaudra une pluie de récompenses. Il nous revient avec « Dalton Trumbo », biopic consacré à l’immense scénariste de « Vacances romaines » et de « Spartacus », qui fut l’un des « Dix d’Hollywood » et l’une des plus célèbres victimes du Maccarthysme. Il adapte pour ce faire le livre éponyme de Bruce Cook.
« Si chaque scène est géniale, votre film risque d’être profondément monotone ! »
La fameuse « chasse aux sorcières » menée par la Commission des activités anti-américaines du sénateur Joseph McCarthy aura laissée des séquelles durables au sein de la société américaine. Mais c’est sans doute à Hollywood qu’elle fut la plus visible et la plus médiatique. Longtemps tabou, il fallut du temps avant que les réalisateurs osent s’emparer du sujet. Si on se souvient de films comme « Nos plus belles années » (Pollack, 1973) ou « Le prête-nom » (Ritt, 1976), il faut attendre les années 90 et 2000 pour voir des films aborder frontalement cette période sombre de l’Histoire américaine (« Good night and good Luck » de Clooney, « La liste noire » de Winkler, « Hollywood liste rouge » de Francis ou encore « The majestic » de Darabont). Avec « Dalton Trumbo », Jay Roach pose à son tour sa pierre à ce difficile devoir de mémoire en rendant un vibrant hommage au courage et à l’esprit de résistance de l’auteur de « Johnny s’en va-t-en guerre ». Mais au-delà même du portrait très intéressant de l’homme de lettres (et ces savoureux bons mots) et de convictions, ce sont surtout les descriptions des coulisses qui passionnent. En effet, avec minutie, le réalisateur détaille les jeux de cour, les actions des lobbys conservateurs qui usent de méthodes de gangsters pour intimider les studios et les acteurs, ainsi que les subterfuges trouvés pour permettre aux scénaristes black-listés de travailler (à moindre coût pour les studios) sous couvert de prête-noms. Surtout il nous montre comment cette machine infernale à pu briser en toute légalité autant de vies. Le film évoque également la petite histoire dans la grande Histoire, les anecdotes sur le comportement de certaines vedettes tels que John Wayne, Edward G. Robinson ou encore Kirk Douglas. Mais plus encore, le film pose la question morale de savoir comment une société se revendiquant comme démocratique a pu sombrer dans la paranoïa au point de bafouer les droits les plus élémentaires tels que la liberté d’opinion en condamnant pour leurs seuls prétendues idées des citoyens qui n’avaient commis aucun crime, ou en forçant à la délation pour prouver sa loyauté envers l’état. Plus qu’un passionnant biopic, ce « Dalton Trumbo » est surtout un grand film politique et historique. Forcément indispensable.
****
Le blu-ray : Le film est proposé en version originale américaine ainsi qu’en version française (toutes deux en 5.1). Des sous-titres optionnels français sont également proposés. Côté bonus, le film est accompagné de deux courts modules documentaires : « Qui est Dalton Trumbo » (4 min.) et « Bryan Cranston » (2 min.).
Edité par TF1 Vidéo, « Dalton Trumbo » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray à compter du 6 septembre 2016.
Commenter cet article