Si tous les gars du monde...
Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Si tous les gars du monde... » de Christian-Jaque.
« Drôle de maladie... Un breton qui crache la gnôle, j’ai jamais vu ça ! »
Quelque part dans la Mer du Nord. Le chalutier « Lutèce » pêche en pleine mer, à deux jours des côtes de la Norvège. Un des hommes de l’équipage tombe malade, atteint d’un mal étrange. Puis, un autre. Et encore un autre... Il n’y a pas de médecin à bord. Le capitaine fait lancer des appels par radio, mais personne ne répond. Le mal fait de nouvelles victimes…
« Grâce à vous, je me suis souvenu ce soir qu’il fallait aussi penser un peu aux autres... »
En 1956, Christian-Jaque est un réalisateur établi. Une figure incontournable du cinéma français de son époque. Et pour cause, ce prolifique cinéaste a su sans cesse se renouveler au gré des années, s’illustrant dans les années 30 par ses comédies avec Fernandel (« François 1er », « Un de la légion »), dans les années 40 par ses drames (« Les disparus de Saint-Agil », « L’assassinat du Père Noël ») ou dans les années 50 par ses films d’aventures historiques (« Fanfan la Tulipe », « Barbe-bleue », « Lucrèce Borgia »). Entre deux films à la gloire de sa nouvelle épouse Martine Carol, il réalise « Si tous les gars du monde... », qu’il a coécrit avec Henri-Georges Clouzot, et dont le titre renvoie à un célèbre poème de Paul Fort, ode à la solidarité entre les hommes.
« Le règlement ? Il ne prévoit pas la solidarité humaine »
Et de fait, la notion de solidarité est au cœur même de ce récit d’aventures, construit à la manière d’une course contre la montre. Avec comme point de départ, un appel de détresse lancé désespérément à la radio par un chalutier en difficulté perdu quelque part au milieu de la Mer du Nord et qui ne sera capté que par un poste radio amateur lui-même perdu aux confins de l’Afrique coloniale. Ce qui créera une formidable chaine de solidarités à travers le monde pour acheminer de l’aide aux marins. En humaniste résolu, Christian-Jaque veut croire en l’homme et en sa nature généreuse, seule à même de dépasser les clivages géopolitiques - que ce soit avec les ennemis d’hier (les allemands) ou ceux d’aujourd’hui (les soviétiques) et par opposition aux intérêts des états qui poussent les hommes à s’opposer et à s’entretuer - et de leur apporter une forme de félicité (la jeune veuve qui retrouve de l’allant en se mettant au service des autres). De même qu’il veut croire aux progrès technologiques - ici les émetteurs radios particuliers - au service du rapprochement des hommes et non de la guerre. En soi, cette fable est plutôt jolie. Mais scénaristiquement parlant, elle demeure quelque peu plombée par un scénario invraisemblable, qui ne parvient jamais véritablement à justifier le fait que les personnages, à aucun moment, ne prennent le temps d’alerter les autorités officielles du péril en cours. On prendra donc le film pour ce qu’il est et on retiendra donc sa jolie morale un peu utopique. On en retiendra aussi son casting sans vedette mais peuplé de seconds rôles solides (André Valmy, Jean Gaven, Bernard Dhéran, Andrex...) duquel se détache le tout jeune Jean-Louis Trintignant qui trouve ici son premier rôle au cinéma.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans une version restaurée en Haute-Définition, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film, des publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode « Film seul », « Si tous les gars du monde... » se lancera directement.
Edité par Coin de Mire, « Si tous les gars du monde... » est disponible dans une très belle édition Digibook, limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation du film (14,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet de collection qui ravira tous les cinéphiles.
Le site Internet de Coin de Mire est ici.
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