Tout s'est bien passé
Un grand merci à Diaphana pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Tout s’est bien passé » de François Ozon.
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« Je ne suis pas inquiète. Mon père est solide. Il s’est toujours remis de tout. »
Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se précipite à l’hôpital, son père André vient de faire un AVC. Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir. Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis.
« Je veux que tu m’aides à en finir »
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Cinéaste parmi les plus prolifique de sa génération, François Ozon a su construire en plus de vingt ans de carrière une œuvre foisonnante et surtout fascinante de par sa propension à toucher à des genres très divers qui lui permettent d’être en permanence là où on ne l’attend pas. Il est ainsi passé avec brio du drame conjugal (« Sous le sable ») à la comédie policière façon whodunit (« 8 femmes ») en faisant des détours par la comédie de mœurs (« Potiche »), le thriller psychologique (« Dans la maison », « L’amant double ») ou le mélodrame historique (« Frantz »). Et toujours en citant, de manière plus ou moins appuyée, les grands cinéastes qui marqué sa cinéphilie (Fassbinder, Sirk, Lubitsch ou encore Minelli pour ne citer qu’eux). Après la romance adolescente « Été 85 », il nous revient à peine un an plus tard avec un nouveau drame cette fois plus volontiers gériatrique, « Tout s’est bien passé ». Sélectionné en compétition au Festival de Cannes 2021, le film est une adaptation du roman éponyme d’Emmanuelle Bernheim (publié en 2013) dans lequel l’auteure raconte comment elle a aidé son père à mourir. A noter que l’un premier projet d’adaptation fut un temps envisagé par le cinéaste Alain Cavalier, avant celui-ci ne soit repris après le décès de l’auteure par son ami François Ozon. L'occasion pour le cinéaste de réaliser un vieux rêve, à savoir de diriger l'actrice Sophie Marceau, après plusieurs rendez-vous manqués.
« Aide-le. Comme le ferait une amie. »
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La vieillesse est (définitivement) un terrible naufrage. Que peut-il y avoir en effet de pire pour quelqu’un qui a trop aimé jouir des plaisirs de la vie que de ne plus pouvoir la vivre ? Riche industriel et collectionneur d’art octogénaire, André est victime d’un accident vasculaire cérébral qui le laisse lourdement amoindri. Suffisamment pour savoir qu’à son âge avancé il ne pourra pas remonter la pente et re-gouter aux joies de sa vie d’avant. Suffisamment surtout, pour cet homme coquet et brillant, pour savoir qu’il veut en finir. Aussi dignement que possible. En adaptant le roman éponyme de son amie et collaboratrice (coscénariste de quatre de ses films dont « Sous le sable » et « Swiming pool ») feu Emmanuelle Bernheim, François Ozon s’intéresse donc aux difficultés de la fin de vie en abordant la difficile question de l’euthanasie. Un sujet sociétal brûlant et d’actualité d’autant plus passionnant que le récit adopte deux points de vue, à savoir celui du mourant et celui de son entourage, pour qui les conséquences (morales, psychologiques et judiciaires) sont toutes aussi lourdes. Sans jamais juger, il pose là la problématique de savoir s’il appartient ou non à chacun de choisir sa propre mort. En l’état, un privilège réservé aux plus aisés (pouvant se payer les services des associations suisses ainsi que le voyage) et soumis à de forts risques judiciaires pour les proches aidants pouvant être considérés comme complices. En regard de cela, il dresse le portrait (hélas) réaliste et sans concession de la fin de vie, sans cacher les aléas souvent avilissants de la déchéance physique ni la dimension particulièrement autocentrée des personnes grabataires envers leurs proches. Si François Ozon signe là un plaidoyer très juste pour le droit à l’euthanasie – et plus encore à la dignité – son film souffre néanmoins de quelques lourdeurs formelles, à l’image de l’interprétation un peu trop cabotine d’André Dussolier, acteur pourtant d’ordinaire assez précieux. Un film dur et courageux, mais pas complètement convainquant.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0 et 5.1) ainsi qu’en audiodescription.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec François Ozon (5 min.) d’entretiens avec Sophie Marceau, Géraldine Pailhas et André Dussollier (11 min.), de Scènes coupées (7 min.), d’essais lumières et costumes (4 min.), de Projets d’affiches (2 min.) ainsi que d’un documentaire : « Claude De Soria, sculpteur » de Michelle Porte (1994, 29 min.).
Édité par Diaphana, « Tout s’est bien passé » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 1er février 2022.
Le site Internet de Diaphana est ici. Sa page Facebook est ici.
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