Les liaisons dangereuses
Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les liaisons dangereuses » de Roger Vadim.
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« On vous choisit. On vous séduit. Et vous croyez quand même nous avoir conquises ! »
Valmont et sa femme Juliette forment un couple de libertins. Ils n’ont de loi que leur plaisir. Ils sont de parfaits complices pour choisir leurs victimes et imaginer les conquêtes et les abandons de leurs maîtresses et amants respectifs. À Megève, Valmont entreprend de conquérir la jeune Cécile. Il doit la souiller avant son mariage pour plaire à sa femme. Mais dans son entreprise, il rencontre Marianne. Cette femme est la vertu incarnée, mariée et heureuse ; en somme le gibier le plus savoureux pour un libertin. Bientôt des liens ambigus se nouent : Valmont ne désire-t-il Marianne que pour mieux la perdre, ou découvre-t-il enfin, le véritable amour, celui qui n’a pas d’arrière-pensées ?
« Il n’y a pas de citadelles imprenables. Il n’y a que des citadelles mal attaquées. »
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Touche à tout doté d'une grande érudition, Roger Vadim se destinait à de grandes et brillantes études de sciences politiques, qu’il fera finalement le choix d’abandonner pour les joies de la vie d’artiste. Esprit résolument libre, il aurait pu être peintre, écrivain ou surtout acteur. Mais par le jeu des rencontres, c'est finalement vers le cinéma, et plus spécifiquement vers la réalisation, qu’il se dirigera. Et avec succès puisque son premier film (« Et dieu créa… la femme », 1956) restera célèbre pour avoir donné naissance à deux mythes: Brigitte Bardot, sa compagne d'alors, dont il fait un symbole de beauté, mais aussi Saint-Tropez, paisible petit port de pêche du Var qui deviendra grâce a lui une attraction touriste mondialement connue. La suite de sa carrière sera marquée par son amour inépuisable des femmes, de l'amour et par un goût certain pour l'anticonformisme et la provocation. D’une certaine manière, il semblait presque destiné à se confronter tôt ou tard au mythique roman épistolaire de Choderlos de Laclos « Les liaisons dangereuses », auquel aucun cinéaste jusqu’alors n’avait osé se frotter en raison de son sujet – le libertinage – jugé beaucoup trop sulfureux par rapport aux mœurs de l’époque.
« Je ne veux pas la prendre. Je veux qu’elle se donne. »
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Un défi que relève alors néanmoins courageusement l’anticonformiste Roger Vadim, osant parler ouvertement de plaisir – et notamment féminin – dix ans avant Mai 68 et la Révolution sexuelle. La principale difficulté pour le cinéaste étant alors de trouver la juste distance avec le texte original de ce qui est déjà considéré comme un monument de la littérature française, et son envie de s’approprier l’intrigue et les personnages. C’est ainsi qu’il choisit finalement d’en transposer l'action dans la bourgeoisie parisienne et mondaine contemporaine. Un pari particulièrement audacieux quand on sait le conservatisme moral qui prévalait alors au sein de la société française. Mais force est de constater qu'en dépit de quelques arrangements avec le texte originel (Valmont et Merteuil ne sont plus amants mais bien mari et femme), le parti pris se révèle gagnant. D'une part, car il contribue à moderniser pleinement l'intrigue et à lui donner une dimension plus sombre encore (Merteuil et Danceny semblant plus perfides encore que dans le roman). Et d'autre part car le récit y gagne une dimension quasi subversive du fait du portrait qu’il dresse de la haute-bourgeoisie parisienne oisive et superficielle, aussi immorale que décadente. Mais le film ne serait rien sans la qualité de ses acteurs, à commencer par un Gérard Philippe formidable à contre-emploi et totalement habité, jouant les séducteurs impénitents et sans scrupules, face à une Jeanne Moreau machiavélique et manipulatrice, dont on ne pourra que regretter que son personnage ne soit pas plus avant développé. Le film marque aussi les débuts de l’actrice danoise Annette Stroyberg, alors nouvelle compagne de Vadim, qui campe une fort charmante et attachante Madame de Tourvel. A noter également que les disparitions soudaines et tragiques de Gérard Philippe et de Boris Vian (qui fait une apparition à l’écran) avant la sortie du film contribuent à lui donner une aura élégiaque toute particulière.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans une Nouvelle restauration 4K à partir du négatif original par TF1 Studio. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Les liaisons dangereuses » se lancera directement.
Édité par Coin de Mire Cinéma, « Les liaisons dangereuses » est disponible depuis le 18 mars 2022 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.
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