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30 Sep

Cent jours à Palerme

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Films Politiques-Historiques

Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Cent jours à Palerme » de Giuseppe Ferrara.

 

Cent_jours_à_Palerme

« Mon père disait que les abeilles produisent trois choses : le miel, la cire et la merde. A Palerme c’est pareil : on le miel, la cire et la merde. Mais on reste dans la merde, et le miel on ne le voit pas ! »

 

Printemps 1982. Après avoir brillamment combattu les Brigades Rouges, le général de gendarmerie Dalla Chiesa accepte le poste de préfet de Palerme, ville contrôlée par la mafia sicilienne. Incorruptible, inflexible, il va devenir la bête noire de l’organisation criminelle.

 

« La peur, j’essaye de la limiter à moi-même sans la transmettre aux autres »

 

Cent_jours_à_Palerme_Lino_Ventura

Décédé en 2016, Giuseppe Ferrara fut l’une des grandes figures du cinéma politique italien des années 70 jusqu’aux années 2000. Que ce soit d’abord par le biais du documentaire (« Face d’espion CIA » en 1975) puis du cinéma de fiction, il n’aura de cesse au cours de sa carrière d’observer les tourments politiques de la société italienne et d’en dénoncer les dérives avec un souci constant de vérité. A l’image de son film « L’affaire Aldo Moro » (1986, qui fut récompensé d’un prix d’interprétation au Festival de Berlin pour Gian Maria Volonté) qui revenait sur les conditions troubles de l’assassinat du premier ministre italien Aldo Moro par les Brigades rouges en 1978. Ou plus tard, « Giovanni Falcone » (1993) qui revenait sur l’assassinat du médiatique juge antimafia survenu quelques mois plus tôt et qui eu un retentissement international. Une filmographie en forme de litanie nécrologique qu’il débuta en 1984 avec « Cent jours à Palerme », qui demeure à ce jour certainement son film le plus célèbre. Avec en tête d’affiche Lino Ventura, le plus français des acteurs italiens, dont il s’agit pourtant d’une des très rares incursions dans une production transalpine.

 

« Ils t’ont pris comme paratonnerre car pour eux si tu n’arrives à rien contre la mafia, alors personne n’y arrivera ! »

 

Cent_jours_à_Palerme_Giuliana_de_sio

Alors que l’Italie commence doucement à sortir des « années de plomb » – ces quinze années marquées par une série d’attentats terroristes meurtriers menés par l’extrême gauche révolutionnaire – elle doit alors faire face à une intensification du terrorisme mafieux. Le film s’ouvre ainsi sur un long et glacial récapitulatif  des assassinats ayant ciblés de politiciens et de fonctionnaires engagés dans la lutte contre la mafia au cours des dernières années. Une contextualisation permettant d’introduire le sujet du film, à savoir les derniers mois de la vie du général Carlo Alberto Dalla Chiesa, ancien héros de la lutte contre les Brigades rouges, nommé préfet de Palerme en mai 1982 pour enrayer l’ascension fulgurante de la mafia sicilienne. Mais en dépit de sa bonne volonté, de son courage et de son aura de probité, l’incorruptible général n’aura pas le temps d’agir qu’il sera lui-même assassiné avec son épouse moins de cent jours après sa nomination. Mais si pour le spectateur averti, l’issue fatale est déjà connue avant même le début du film, ce qui intéresse Ferrara ce sont les dessous de cet assassinat et qu’il va tenter de montrer froidement à ses spectateurs : la faillite morale de l’État qui rechignera soutenir Della Chiesa en lui donnant les moyens d’agir, la corruption des élites ou encore la violence systémique qui ravage alors la Sicile et une partie de l’Italie. Comme si au fond, le héros se retrouvait d’entrée seul et abandonné face à un système tentaculaire et, par conséquent, face à une mort aussi certaine que prochaine. Pour illustrer son propos, le cinéaste opte ainsi pour une mise en scène extrêmement sobre et dépouillée, au service de son récit. Et c’est sans doute là le seul défaut de son film, qui se révèle souvent un peu trop didactique et manquant de rythme. Un peu dommage, car l’histoire s’y prêtait vraiment au final. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un film politiquement très important, Della Chiesa étant tout à la fois l’incarnation de l’espoir collectif du peuple que le symbole de l’impuissance de l’Etat face à la corruption généralisée du système italien.    

 

Cent_jours_à_Palerme_Giuseppe_Ferrara

 

***

Le blu-ray : Le film est disponible en version restaurée, dans sa version française (97 min. en VF non sous-titrée) ainsi que dans sa version italienne inédite en France (102 min., en version originale italienne sous-titrée en français). 

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Lino Ventura dans l’émission « Spécial Cinéma » du 11 février 1985 (30 min.) ainsi que d’une Interview de Clélia Ventura (TF1, 2012, 9 min.).

 

Édité par Rimini Éditions, « Cent jours à Palerme » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 17 septembre 2024.

 

La page Facebook de Rimini Éditions est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!