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14 Nov

Il marchait la nuit

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Il marchait la nuit » de Alfred L. Werker et Anthony Mann.

 

Il_marchait_la_nuit

« Quelles étaient ses motivations et pourquoi cet homme avait-il tué l’un de ses semblables ? »

 

Roy Morgan est un cambrioleur, moitié mythomane, moitié psychopathe. Ce deuxième aspect de sa personnalité l’amène, une nuit, à assassiner un agent de police. Les sergents Jones et Brennan sont responsables de l’enquête, mais dans une ville particulièrement vaste, le risque d’erreur judiciaire est loin d’être nul…

 

« Nous utilisons des méthodes hors du commun car il s’agit d’un criminel hors du commun »

 

Il_marchait_la_nuit_anthony_mann

Après une première carrière d’acteur de théâtre, Anthony Mann devient réalisateur de cinéma à la faveur des années 40, où il s’impose au fil des ans comme l’un des artisans les plustalentueux de la série B. S’il reste surtout connu pour ses westerns des années 50 (« Les affameurs », « L’appât », « Winchester 73 », « Je suis un aventurier », « L’homme de la plaine ») et plus largement pour sa longue collaboration avec James Stewart (« Le port des passions », « Romance inachevée », « Strategic air command »), il fait d’abord ses armes dans le registre du film noir à la fin des années 40 (« La brigade du suicide », « Marché de brutes », « Incident de frontière »). C’est dans ce contexte qu’il est appelé à la rescousse en 1948 pour finir le film « Il marchait la nuit », dont la réalisation avait jusqu’ici été confiée à Alfred L. Werker, prolifique tâcheron hollywoodien dont les films (hormis peut-être son « Sherlock Holmes » en 1939) ne resteront globalement pas dans les mémoires. Reste que si le film passera quelque peu inaperçu lors de sa sortie en salles, il connaitra néanmoins un certain succès critique puisqu’il sera récompensé du Prix spécial du jury au Festival de Locarno.

 

« Les deux policiers abattus étaient mes amis. Le juge ignore à quel point je suis impliqué. Je ferai tout mon possible pour le retrouver »

 

Il_marchait_la_nuit_Richard_Basehart

Librement inspiré de l'affaire du criminel Erwin « Machine-Gun » Walker - un vétéran de la seconde guerre mondiale et ancien employé de la police socialement insoupçonnable qui défraya la chronique judiciaire des années 40 –« Il marchait la nuit » suit la traque d'un insaisissable criminel ayant tué plusieurs policiers sur son passage. Le tout sans laisser de traces. Autant dire que pour la police, il s'agit de chercher une aiguille dans une botte de foin, grande comme Los Angeles. Le film aurait pu n'être qu'un honnête film noir de série B de plus. Mais le réalisateur parvient formidablement à transcender son sujet en inversant les rôles: ce n'est pas tant le personnage du policier qui importe (celui-ci est d'ailleurs du strict point de vue de l'écriture assez ordinaire) mais bien celui du criminel. Mutique, méticuleux, ingénieux et surtout agissant sans mobile apparent, le personnage se construit ainsi une aura aussi mystérieuse et dangereuse que malsaine, reflet de cette Amérique de l’après-guerre en proie au doute et à une perte de ses valeurs morales. Le film revêt également un intérêt particulier du fait de sa construction proche du documentaire (comme pouvait déjà l’être « La brigade du suicide » du même réalisateur), montrant notamment en détail la procédure policière (travail de terrain, méthode novatrice de construction du portrait-robot, éléments de police scientifique). Mais la qualité du film tient aussi au soin apporté par le réalisateur à sa mise en scène et à son esthétique globale : le travail sur le noir et blanc ainsi que sur les jeux d’ombres donnent ainsi au film une coloration expressionniste qui participe à lui conférer crée une atmosphère étouffante et hypnotique. A l’image de la très belle séquence de la fusillade dans les égouts, à la fois très stylisée et très marquante. A l’évidence, près de quatre-vingt ans après sa sortie, « Il marchait la nuit » reste un classique indémodable du genre, toujours aussi fascinant visuellement que solide par la rigueur d’un scénario habile qui maintient suspense et tension jusqu’au bout.

 

Il_marchait_la_nuit_rimini_editions

 

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Le blu-ray : le film est présenté dans un Master restauré HD, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Florian Tréguer, enseignant à l’Université Rennes 2, spécialiste du cinéma américain (2024, 47 min.).

 

Édité par Rimini Éditions, « Il marchait la nuit » est disponible en combo blu-ray + DVD édition limitée depuis le 28 août 2024.

 

La page Facebook de Rimini Éditions est ici.

 

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