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21 Mar

10 000

Publié par platinoch

« Tu vois cette lumière dans le ciel ? Elle n’a pas parcouru le monde comme les autres. Elle est comme toi dans mon cœur : elle ne s’éteindra jamais. »

10 000 avant notre ère. Le jeune chasseur D’leh aime d’un amour tendre la jeune et belle Evolet, une orpheline rescapée du massacre d’une tribu voisine et que sa tribu a recueilli dès son plus jeune âge. Celle-ci est, selon le mage du village, porteuse d’une prophétie selon laquelle l’homme qui gagnera son cœur par sa bravoure deviendra le nouveau chef de la tribu. Jusqu’au jour où un groupe de pillards débarquent dans le village tuant une partie de ses habitants et capturant les autres dont Evolet. N’écoutant que son cœur, D’Leh, accompagné d’une poignée de braves, décide de partir à leur poursuite. Un périple durant lequel le petit groupe va franchir les limites de son territoire, découvrant d’autres régions plus hostiles encore, et d’autres peuplades. Ces dernières, régulièrement attaquées et pillées, se décident à se joindre aux côtés de D’Leh, sur la piste d’un mystérieux empire, où Dieu vivant tyrannique et mégalo, asservit les hommes afin qu’ils lui construisent de monumentales pyramides à sa gloire… 

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« Quand ils partirent, Vieille Mère savait qu’ils n’étaient plus de simples chasseurs mais des guerriers. »

Spécialiste du nanar spectaculaire à gros budget, le réalisateur allemand Roland Emmerich s’est distingué par sa filmographie alternant le très mauvais (« Godzilla », « Independance day », « Universal soldier »), le simplement mauvais (« The patriot »), et le bon (« Le jour d’après »). La sortie de son nouveau film, l’aventure préhistorique « 10 000 », s’accompagnait donc d’une certaine crainte quant à son contenu. Si l’univers préhistorique avait déjà été porté – avec succès – sur grand écran par la saga « Jurassic Park » lancée par Steven Spielberg, ainsi que par Jean-Jacques Annaud et sa « Guerre du feu », Emmerich ambitionnait clairement de se servir de se contexte primitif pour peindre une grande fresque d’aventures. Un défi de taille, qui aura nécessité la participation de plusieurs historiens et de spécialistes d’effets visuels, devant pour l’occasion recréer un univers particulier, peuplé d’animaux ayant disparus depuis des milliers d’années et dont l’apparence, la texture et la démarche nous sont méconnus. De plus, devant le nombre de paysages différents présents à l’écran, le tournage s’est donc effectué aux quatre coins du monde, passant par la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du sud, et la Namibie. A noter que pour préserver le buzz du film (et pour éviter toute mauvaise publicité !), seules les vingt premières minutes du film ont été présentées à la presse. Enfin, pour la petite histoire, le nom du personnage principal, « D’Leh », est l’exact inverse du mot « Held », signifiant « héros » en allemand.

« Un homme bon trace un cercle et s’occupe de ceux qui sont dedans, femmes et enfants. D’autres font des cercles plus larges, avec frères et sœurs. D’autres font des cercles plus larges encore. Ce sont des hommes d’exception, et ton père en était un. »

A la base, l’idée de faire une grande fresque d’aventure située en pleine préhistoire semblait plutôt bonne et prometteuse. Cet univers lointain, méconnu et hostile permettait, du moins sur le papier, de faire un film à grand spectacle ou l’aventure humaine se verrait particulièrement valorisée. De même, la reconstitution de ce monde, avec ses animaux gigantesques, semblait être taillé sur mesure pour l’imagination fertile et pour le goût de la démesure de Roland Emmerich. Malheureusement, le spectacle qui nous est proposé demeure assez affligent. Entre l’incroyable mélange des époques (mais que foutent ces hommes des cavernes au beau milieu des chantiers des pyramides des pharaons égyptiens, séparés par plus de 4000 ans ?), les improbabilités absurdes (la succession des décors traversés, passant des montagnes de l’ère glaciaire, à la jungle tropicale avant d’aborder le désert de sable, avec chacun son lot de bestioles improbables, comme l’autruche géante), et les anachronismes (les menottes en métal à l’époque du feu !), la grande fresque promise sombre toute seule dans le ridicule. D’un point de vue purement scénaristique, ce n’est pas beaucoup mieux : cette chevauchée à travers le monde (les longs passages de marche à pied sur tous les terrains n’est pas sans rappeler en moins beau ceux du « Seigneur des anneaux »), à la poursuite des hordes barbares enlevant des jeunes gens dans toutes les tribus afin de les asservir au travail de la construction des pyramides n’a rien ni de convaincant, ni de trépident. Les thèmes abordés, comme la lutte pour la liberté, ont déjà été traité mieux, notamment dans le genre pas si éloigné du péplum (« Spartacus », « Gladiator »). Pire, la référence biblique à Moïse, semble encore plus risible qu’incongrue. Le tout pour aboutir à un dénouement des plus stupides et ridicules qui soient. Reste des personnages particulièrement mal écrit, toujours stéréotypés, complètement manichéens, qui peinent à accrocher les spectateurs. La palme revenant à la vieille femme du village, faisant office de mage, qui réussit à être encore plus caricatural et drôle malgré elle que le personnage de « Gros lolos » dans le film des « Simpson » ! 

« - Par rapport à nous, ils sont trop nombreux, ils sont invincibles.

   - Non. Ceux qu’ils obligent à travailler pour eux sont plus nombreux encore. »

 

Côté réalisation, Emmerich sort une nouvelle fois l’artillerie lourde en terme d’effets visuels : décors, costumes, animation numérique d’animaux préhistoriques aujourd’hui disparus, impressionnante reconstitution visuelle du chantier des pyramides. Pourtant, rien de tout cela ne parvient à sauver le film. Si on reconnaîtra la qualité de l’animation des mamouths, qui donne lieu à une impressionnante scène de chasse (seule scène réussie du film), le reste flirte avec le grotesque. Il faut dire qu’il n’y a qu’Hollywood et sa phobie de ne pas présenté de choses laides, pour faire un film sur des hommes préhistoriques, présentés habillés de peau et sales, mais avec des sourires étincellent comme dans une pub pour du dentifrice. Pour le reste, le classicisme d’une réalisation sans grand génie, et plus que tout, sans souffle, finit d’enfoncer le film. Côté interprètes, pas grand chose non plus à sauver, tant l’ensemble est caricatural et raté. Tout juste retiendra-t-on le joli minois de Camilla Belle, plus connue pour son face à face avec George Clooney dans une célèbre pub pour le café. Décidément, peu de choses sont à retenir de ce spectacle creux et affligent, même pas beau à voir. A éviter !

  



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B
LA grosse daube de ce début d'année ! Affligeant, nullissime, crétinerie débilitante. En résumé, une merde !
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S
Entièrement d'accord, une bonne grosse daube. Emmerich doit avoir un secret pour en pondre autant.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!