The american
« Fais-toi oublier un instant. Et surtout, ne te fais pas damis. »
Jack est un tueur à gages habile et expérimenté. Toujours en alerte, il na aucune attache. Quand une mission tourne mal et lui coûte la vie de la femme quil aime, il se fait la promesse que son prochain contrat sera le dernier. Cette ultime mission le conduit dans un pittoresque village italien niché dans de hautes collines. Mais pour Jack, chaque lieu peut se révéler un piège et chaque personne une menace. Toutefois, il prend goût aux confidences échangées autour dun armagnac avec le prêtre du village, et se laisse entraîner dans une liaison avec une belle Italienne. Mais en baissant la garde, Jack prend peut-être des risques. Une menace semble se rapprocher, et la mystérieuse femme qui la engagé nest peut-être pas ce quelle prétend. Alors que Jack, de plus en plus méfiant, envisage de vivre, aimer et mourir en Italie, la tension monte jusquà la confrontation ultime, dans le dédale des ruelles escarpées du village.
« Vous dites quun homme est riche sil a Dieu dans son cur. Malheureusement, je doute que Dieu ne sintéresse à moi »
Réalisateur venu du clip (il a notamment officié pour U2 et Bowie), Anton Corbijn avait bluffé tout son monde avec son premier long de cinéma, « Control », consacré au chanteur de Joy Division, groupe de rock mythique des années 80. Il faut dire qu'avec un tel sujet, ce passionné de rock était en terrain conquis. Trois ans après ce premier essai, il nous revient avec « The American », film de genre adapté dun roman de Martin Booth publié en 1990. Une manière pour le réalisateur de prendre des risques en savançant en terrain beaucoup moi familier. Loccasion aussi pour lui de sadjoindre les services dune vraie star internationale, George Clooney. Pour la petite histoire, le film a été tourné dans la région des Abruzzes à peine quelques mois après le terrible séisme qui a ravagé la région. Et lami George sest fait une nouvelle fois un plaisir de médiatiser et de soutenir la cause des sinistrés.
« Vous ne pouvez douter de lenfer : vous y vivez »
Peut-être est-ce en raison de tout le mystère qui entoure leur profession que les tueurs à gages excitent à ce point limaginaire des réalisateurs et passionnent autant les spectateurs. Ainsi, quils soient taiseux (« Le samouraï »), romantiques (« Cible émouvante » ou son remake « Petits meurtres à langlaise »), raffinés (« Lhomme au pistolet dor »), cyniques (« Collateral »), désabusés (« Bons baisers de Bruges »), décalés (« Ghost dog ») ou amnésiques (« La mémoire du tueur », « Vengeance ») : il semble y avoir des tueurs à gages pour tous les goûts. Avec « The american », Corbijn semble opter du côté de Melville, avec un héros taciturne et silencieux, quil décide de planquer au vert en terrain inconnu et austère, façon « Bons baisers de Bruges ». Malheureusement pour lui, en dépit dun sens très sûr du cadre et de lesthétisme, son film souffre dun scénario dont le classicisme rime avec prévisibilité. Multipliant ainsi les personnages archétypaux (le prêtre, la prostituée) et les situations les plus conventionnelles pour un film de ce genre (lhypothétique rédemption dans les bras de la prostituée qui arrive trop tard, le patron et sa cliente qui se révèlent être les vrais commanditaires du contrat placée sur la tête du héros), « The american » souffrait déjà à la base dun manque cruel de nouveauté et dinnovation. Une sensation dautant plus forte que le réalisateur étirait inutilement son film en longueur, alors même que le rythme était déjà très lent. Du coup, « The american » savère être plus ennuyeux quautre chose. Et ce nest pas la plastique largement exhibée de la belle Violente Placido qui y changera grand-chose. Au final, on sort donc de ce film plutôt perplexe, en se disant quil nest ni tout à fait réussi, ni franchement mauvais. Corbijn ne fait donc pas mouche. Un comble pour un film de tueur à gages.
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