August Rush
« Ecoutez ! Vous entendez la musique ? Moi je lentend partout : dans lair, dans le vent, dans la lumière, partout autour de moi. Il suffit pour cela dêtre ouvert, dêtre à lécoute. Si japprenais à jouer de la musique, mes parents mentendraient et viendraient me chercher. »
August Rush, 13 ans, a toujours vécu dans cet orphelinat de la banlieue de New York. Persuadé davoir une famille qui le cherche à lextérieur, il refuse obstinément toute opportunité dêtre placé ou adopté dans des familles. Mais August a surtout un don : celui dentendre la musique dans toute chose, persuadé de pouvoir communiqué avec le monde par ce biais. Bien décidé à fuir les brimades de ses petits camarades et à retrouver ses parents, August prend la tangente et fugue pour New York. Sans y connaître personne, il déambule jusquà atterrir dans une troupe denfants orphelins des rues. Ceux-ci vivent dans le squat dun théâtre gardé par Wizard Wallace, qui les envoie jouer de la musique dans la rue tout en récupérant leurs gains. Une expérience pour August, qui se découvre le don de jouer parfaitement de la musique, alors quil navait jamais touché un instrument auparavant. Cette fois, il en est convaincu : sil compose une symphonie pour eux et quils lentendent, alors ses parents le reconnaîtront
« La vie est parfois cruelle, mais je crois à la musique comme dautres croient aux comtes de fées »
Deuxième réalisation (après « Disco pigs » en 2001) pour la réalisatrice irlandaise Kristen Sheridan, « August rush » est son premier film américain. Si elle semble encore novice en terme de réalisation, son travail de scénariste a déjà été récompensé par une citation à lOscar du meilleur scénario pour « In America » en 2004. Un film réalisé par son père, le célèbre réalisateur irlandais Jim Sheridan, à qui lon doit entre autres les films « My left foot » et « Au nom du père », qui auront révélé au grand public le comédien Daniel Day-Lewis.
« Si mes parents ne me trouvent pas, à moi de les trouver »
Si les éléments publicitaires du film (bande-annonce et affiches bien guimauves) annonçaient clairement la couleur, on se surprend quand même à être étonné devant la totale nullité de ce film. Non pas quon y plaçait par avance beaucoup despoir, mais on reste stupéfait que des gens aient osé porter un tel scénario, aussi cucul et ridicule, sur grand écran. Car il faut voir la tronche des rebondissements, toujours alambiqués, purement improbables et téléphonés : sur son lit de mort le père avoue à sa fille avoir profité de son coma après son accident douze ans plus tôt pour lui faire croire à une fausse couche, alors quil a en fait abandonné lenfant en falsifiant les papiers pour ne pas compromettre sa carrière de violoncelliste virtuose. Il en va de même sur le don incroyable de lenfant pour la musique, qui joue comme un virtuose de chaque instrument quil touche alors quil na jamais joué auparavant. Même chose lorsquil écrit des symphonies une heure après quon lui ai expliqué comment écrire la musique sur une partition. Si le film revendique son appartenance au genre du comte (la partie où August est recueilli par dans une bande denfants des rues protégée par un musicien raté et autoritaire fait directement référence à Dickens), cet « Oliver Twist » des temps modernes, pur produit tire-larmes écurant de mièvrerie, sombre totalement par ses excès de bons sentiments et de guimauve.
« Tu sais ce quest la musique ? Une façon pour Dieu de te prouver que lunivers est magnifique. Un lien qui unit les hommes et les étoiles. »
Hallucinant de niaiserie, le film se distingue également par la platitude de sa mise en scène. Totalement lisse et banale, avec ses couleurs saturées et artificielles, ses mouvements de caméra sans ambitions, et son montage sans dynamisme, « August Rush » a une qualité visuelle digne dun téléfilm, qui cherche à ratisser un public le plus large possible. Totalement apathique et affligent, le film nest pas sauvé non plus par sa bande musicale, qui tient une place centrale dans le récit. Les chansons, très pop sucrées, arrivent à être encore plus niaises et agaçantes que le « Vois sur ton chemin » des « Choristes ». Cest dire. Linterprétation nest pas non plus à la hauteur, les acteurs en faisant des tonnes. En premier lieu, le jeune Freddie Highmore. Sa tête de puceau "très premier de la classe", et son regard de chien battu, en feraient le candidat idéal pour promouvoir de la pâte à tartiner. Il est foncièrement et terriblement agaçant. Même chose pour Robin Williams, qui en fait des tonnes dans en Teynardier au look pompé sur Bono, et pour Jonathan Rhys Meyers, qui joue comme un cabot sur son côté ténébreux et sa bouche molle façon Elvis. Seule Keri Russell, dans un registre plus contenu et sobre, parvient à garder la tête hors de leau. Une performance qui ne pèsera pas suffisamment lourd pour sauver ce film tire-larmes, dont la niaiserie et la mièvrerie en font un grand monument de connerie. A fuir !
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