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26 Mar

Son ex et moi

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« - Arrête de chercher des noms bizarres pour notre bébé. Regarde-moi et dis-moi quel prénom je t’inspire.

   - Jean-Foutre »

New York. Tom, la trentaine désabusée, enchaîne les boulots sans parvenir à en garder un seul. Un véritable problème en soi puisque Sofia, son épouse, est sur le point d’accoucher lorsqu’il perd de nouveau son job. Devant faire face à ses nouvelles responsabilités, Tom décide d’accepter la proposition de son beau-père d’intégrer l’entreprise de publicité qu’il gère depuis des années. Pour se faire, Tom et Sofia partent donc s’installer dans l’Ohio, dans la petite ville où Sofia a grandit. Mais pour Tom, la galère ne fait que continuer car il se retrouve sous les ordres de Chip, le petit génie créatif de la société. Brillant, courageux, et d’une force de caractère impressionnante en dépit de sa paraplégie, il a su gagner l’admiration et le respect de tous. Pourtant, Chip se révèle beaucoup plus fourbe qu’il ne veut bien le faire croire : ancien amant de Sofia, il semble bien décidé à tout mettre en œuvre pour faire chuter Tom et récupérer son ex. Et couvert par son statut d’handicapé, il sait très bien que tout le monde prendra son parti contre Tom lorsque celui-ci tentera de répliquer…

« Tu sais, Tom, avoir un vrai métier, ça vous change un homme. Ce n’est pas bêtement une question de salaire. C’est être fier de ce que tu es. »

Après « First love, last rites » (1997) et « The château » (2002), tourné en France avec Sylvie Testud, « Son ex et moi » est le troisième long de l’américain Jesse Peretz. Réalisateur au parcours atypique, ce dernier a notamment été bassiste d’un groupe de rock et réalisateur de clips avant de se lancer dans l’aventure cinématographique. Un projet qui a connu pas mal de péripéties au niveau de la production, changeant notamment de titre juste avant sa sortie (passant de « Fast track », titre initial sous lequel le projet faisait parler de lui sur Internet et dans les médias, à « The ex »), semant une confusion regrettable et préjudiciable auprès du public. Une raison qui explique en partie (les distributeurs français n’ont pas non plus cru au projet), que le film débarque chez nous directement en DVD, sans passer par une sortie en salle, et ce malgré l’importance du casting.

« Papa va aller pédaler dans la campagne avec un gros client, alors que Chip, lui, il peut pas pédaler ! »

Etonnant donc de voir un film porté par le populaire Zach Braff, acteur potentiellement bankable, et avec un tel casting (Amanda Peet, Jason Bateman, Mia Farrow, Charles Grodin), sortir directement en DVD. C’était sans compter sur la capacité de ces comédiens à faire de mauvais choix, et accepter de mauvais projets. Ce qui est bel et bien le cas ici tant ce film est raté ! Sans aucune originalité, « Son ex et moi » se contente de dérouler ainsi un classique scénario mi-comédie mi-romance reprenant des ficelles et des ressorts archi usés (le pauvre trentenaire instable et maladroit, qui n’arrive pas à garder un boulot ; sa confrontation avec l’ex de jeunesse de sa femme qui tente de la reconquérir ; une séance de thérapie de couple faite par un amateur obsédé sexuel ; sans compter le gentil handicapé modèle, qui est en fait un fourbe et méchant valide, personnage qui existait déjà dans « Mary à tout prix » des Frères Farrelly). Outre ses situations prévisibles et ses gags éculées, le film souffre aussi d’un manque cruel de fraîcheur et de finesse dans l’humour (attendez vous à voir un gamin gober littéralement des hamburgers, un handicapé qui ne cesse de faire référence à son sexe surdimensionné, ou encore des gags style chute à vélo), qui finit de l’enfoncer définitivement. On pourra également déplorer le ton faussement « politiquement incorrect » du film, qui se jouer gentiment de l’image des handicapés, puisque celui-ci ruissèle au final de bons sentiments et de gentille morale américaine (importance de la famille et de la franchise). Il est d’autant plus dommage que le scénario se vautre dans une certaine facilité complaisante, car si le scénariste avait suivi jusqu’au bout ses idées premières, il y avait dans cette histoire (difficulté de prendre ses responsabilités, de conserver et de retrouver un emploi, de s’y faire accepter par ses collègues quand à leur différence, on a été pistonné, etc…) des éléments intéressants, qui auraient pu en faire une comédie efficace, assez réaliste et bien encrée dans son époque 

« Ce que je déteste le plus chez toi, Tom, c’est pas ta voix de pédé, c’est que tu es faible. Je t’ai vaincu dans tous les domaines sans exception. J’ai massacré ton travail, j’ai dressé tes beaux-parents contre toi, et dans un peu moins de trois jours, je regrimperais sur ta cochonne de femme. Et tu as le culot de venir me dire que tu as pitié de moi ? »

Ce scénario raté n’est pas sauvé par la mise en scène sans reliefs ni ambitions de Peretz. Ne cherchant jamais à donner ou à affirmer un style ou une personnalité à sa mise en scène, le réalisateur livre ici un produit très impersonnel et standardisé, avec les attributs qui vont de pairs, comme les décors cartons-pâtes, les couleurs chatoyantes et totalement artificielles, fruits d’un éclairage et d’une photographie digne d’une sitcom, montage peu efficace ne redynamisant pas un récit pourtant sujets aux longueurs. Du coup, les comédiens semblent ne pas y croire beaucoup non plus, et le niveau général d’interprétation n’est pas très probant. Zach Braff en tête. Reproduisant son numéro habituel de « Scrubs » (au demeurant très savoureux dans la série), il semble s’enfermer dans ce genre de personnages un peu bancal et décalé. Après le décevant « Last kiss » (à tous ceux qui auraient envie de prendre la défense de ce film, je vous en conjure, regardez l’original « Juste un baiser » avec Stefano Accorsi), il peine à confirmer l’étendu du talent qu’il a laissé entrevoir dans « Scrubs » et l’excellent « Garden state ». Face à lui, Jason Bateman campe un handicapé cynique trop caricatural et pas assez délirant pour réellement convaincre et égaler celui de « Mary à tout prix ». Amanda Peet souffre aussi d’un rôle trop lisse et réducteur pour prouver l’étendu de son talent. Tout juste son joli minois apporte-t-il une petite touche de charme féminine à ce film. Derrière eux, si on se réjouit de retrouver les vétérans Mia Farrow et Charles Grodin (qui avait disparu des écrans pendant plus d’une décennie), on se demande pour autant ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. D’autant que Mia Farrow se retrouve enfermer dans un rôle quasiment inexistant, tandis que Grodin se livre à un numéro de cabotinage assez stupéfiant. Définitivement, « Son ex et moi », comédie de seconde zone comme les Etats-Unis en produisent beaucoup, restera un film beaucoup trop terne, facile et complaisant pour retenir l’attention. Anecdotique.

  



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V
C'est complètement mou et formaté.<br /> Un seul sourire : quand Zach imite l'accent irlandais. <br /> Autant revoir un bon épisode de Scrubs !
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B
Pourtant fan de Zach Braft, j'avoue cependant n'avoir jamais entendu parler de ce film. Si d'autant plusil est aussi mauvais que tu le dis, c'est moins domageable pour moi de l'avoir manqué.
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