Away we go
« Nous avons 34 ans et nous navons toujours pas les bases »
Lorsque Burt et Verona apprennent qu'ils vont devenir parents, c'est la panique. Ils détestent la ville de province où ils habitent, et maintenant que les parents de Burt déménagent, plus rien ne les y retient. Ils décident alors de partir à la recherche de l'endroit parfait où fonder leur famille. Sur leur chemin, ils rendent visite à leur famille et à de vieux amis. Certains leur paraissent fous à lier, d'autres leur donnent envie de suivre leur modèle... Mais finalement, tous vont aider à leur manière Burt et Verona à réaliser qu'ils n'ont peut être besoin que l'un de l'autre pour fonder leur foyer.
« Le bébé va naitre dans trois mois et tout ce qui le préoccupe, cest que mes nichons restent les mêmes après laccouchement »
Auteur de cinq films en dix ans, Sam Mendes réussit lexploit den sortir deux la même année. En effet, à peine dix mois après la sortie du drame « Les noces rebelles », il nous revient avec une comédie volontiers douce-amère, « Away we go ». Pour loccasion, le réalisateur délaisse les castings de stars pour offrir les rôles principaux de son film à de jeunes comédiens issue de la comédie : John Krasinski (révélé par la série TV « The office ») et Maya Rudolph (qui a fait ses classes dans le célèbre « Saturday night live », avant dapparaitre au cinéma notamment dans « Idiocratie »).
« Je taimerai toujours, même si tu deviens énorme, même si tu mets des années à retrouver ta ligne. Tu peux le graver dans la pierre. Et dans ton cur. »
Les amoureux sont seuls au monde, dit-on. Burt et Verona, eux, le sont doublement : non seulement ils forment un couple harmonieux et en parfaite symbiose que personne ne semble comprendre, mais en plus, loin de leur famille et de leurs amis, ils se retrouvent sans véritables attaches alors quils sapprêtent à fonder une famille. Après avoir longuement traité des fractures du couple dans « American beauty » et « Les noces rebelles », Sam Mendes aborde pour la première fois celui-ci sous un angle plus léger et plus optimiste, par le biais dun road movie identitaire. Ou comment savoir où lon va sans chercher à savoir doù lon vient. Si le film prend au départ des faux airs de « feel good movie » (on pense forcément à « Juno » et « Little miss sunshine », avec en prime une superbe bande musicale), le problème, cest quil se perd assez vite dans une caricature grotesque (la famille pseudo hippie, le couple qui insulte ses enfants, les amis québécois qui se la jouent Brad et Angelina avec leur famille « United colors ») qui rend factices les scènes qui auraient du être touchantes (la déclaration dans le train couchette, lagaçante scène sur le trempoline, la scène finale). Pire encore, si le film affiche au départ des velléités libertaires et anticonformistes (couple « mixte », critique sous-jacente dune Amérique du paraitre bien que tous les enfants soient énormes, critique dun système où largent et la réussite sont les valeurs les plus importantes), celles-ci font vite place à une insidieuse morale des plus réactionnaires (le héros qui rêve à tout prix de se marier, la sempiternelle rengaine pro-life du « pourquoi ma femme narrive-t-elle pas à avoir un enfant quand des adolescentes qui ne le souhaitent pas ou de potentielles mauvaises mères qui abandonneront leur progéniture y arrivent ? »). Tout ça pour que, sans surprise aucune, le couple trouve finalement ses racines dans une Amérique rurale et profonde, en loccurrence celle du Mississipi, qui derrière la fantasmagorie des récits de Tennessee Williams, demeure toujours à ce jour un des états les plus conservateurs et racistes de tous les Etats-Unis. Enorme déception.
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