Ca$h
« Il ny a pas darnaque sans pigeon »
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Un arnaqueur évite les agressifs. Et encore plus les agressifs armés. Solal a oublié cette règle. Résultat : il est mort, assassiné par un mauvais perdant. Laffaire aurait du en rester là. Mais Solal a un frère, Cash, bien décidé à le venger. A sa manière. En élaborant une arnaque de haut vol. Toutefois, ladversaire est sur ses gardes. Et Cash et ses amis se sont peut-être attaqués à plus forts queux. Dans ce genre darnaques, les alliances se font et se défont, les complices sont parfois des traîtres et les traîtres des complices. A la fin, une seule chose compte : qui est le pigeon ?
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« Quoi quil arrive, ne perdez jamais largent des yeux »
Scénariste reconnu ayant officié sur des projets aussi variés que « Le convoyeur » (Boukhrief 2004), « Travaux » (Rouan 2005), « Le nouveau protocole » (Vincent 2008), ou encore le très attendu « Babylon A.D. » (Kassowitz 2008), Eric Besnard réalise avec « Cash » son deuxième long, près de dix ans après « Le sourire du clown » (1999), polar porté par Ticky Holgado, Vincent Elbaz, et François Berléand. Calqué sur les modèles du genre américains, « Cash » veut renouer avec la tradition de ces films choral de casse à la fois léger, drôle, et élégant, comme pouvait lêtre « Larnaque » (Hill 1974), la saga des « Ocean » (Soderbergh), ou encore dans une moindre mesure les « Topkapi » (Dassin 1964) et autre « Snatch » (Ritchie 2000). Avec malgré tout un impératif quil sest lui fixé : éviter toute violence. Pour la petite histoire Besnard et Dujardin se sont rencontrés sur le tournage du « Convoyeur » sur lequel ils ont bien sympathisé. Suffisamment en tous cas pour vouloir retravailler ensemble. Cest ainsi que le rôle central de « Cash » a été écrit par Besnard pour Dujardin.
« Plus le coup est difficile, plus il est beau »
Evidemment, la référence à la saga « Ocean » lancée par la bande à Sinatra et reprise par la bande au duo Soderbergh et Clooney est flagrante. Pour preuve laffiche des deux films, dune similitude confondante, ainsi que le personnage principal descroc magnifique entourré de toute sa charismatique bande. Le réalisateur va même jusquà pousser le vice en copiant son modèle le temps dune scène dexplication du plan du casse. Mais contrairement à ce quen a dit la critique presse, qui a pris un malin plaisir à descendre le film, « Cash » est loin dêtre aussi mauvais que ça. Et sil na pas la puissance et la fluidité de la saga de Soderbergh, lintrigue se montre pour autant plutôt futée, prenant un malin plaisir à perdre son spectateur en lui ôtant systématiquement toute certitude quant aux réelles intentions des personnages. Mais cest également là où le bât blesse, à savoir dans la construction trop complexe et alambiqué du scénario, pas toujours lisible, qui à force de vouloir perdre ses spectateurs, perd de fait en tension et en enjeu. Le switch final, bien que logique et finalement prévisible, permet cependant de conclure sur une note plus agréable et convaincante.
« On finit souvent victime à trop vouloir être complice »
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Film choral oblige, reposant sur la valeur de ses interprètes, on retiendra la qualité densemble du casting, à commencer par lexcellent Jean Dujardin, dont le charme à la fois touchant, rigolard et beau gosse, donne une certaine dimension à son rôle de séducteur maladroit et classe. Face à lui, on retiendra la prestation très charismatique dun Jean Reno toujours aussi convaincant, ainsi que celle du caméléon François Berléand, qui prouve une nouvelle fois quil est bien le meilleur second rôle de sa génération. Côté féminin, cest également tout bon. Alice Taglioni est toujours aussi convaincante dans le rôle de la bombe atomique de service un peu vamp sur les bords. Reste juste quil ne faudra pas quelle senferme dans ce genre de rôle. De même avec Valeria Golino dont on retrouve le charme piquant avec plaisir. Dommage cependant quà linstar de Vincent Cassel dans « Oceans 12 », il faille toujours que le coupable dindon de la farce de ce genre de film soit toujours le comédien étranger de service. Le reste de la bande est au diapason, avec notamment Roger Dumas, Jocelyn Quivrin, ou encore Samir Guesmi. Côté mise en scène, on reconnaîtra à Besnard lefficacité de sa caméra et de son montage énergique, qui maintient un bon rythme jusquau bout, compensant en partie la relative opacité du scénario. Enfin, même si cest un élément obligatoire de ce genre de production, on soulignera le soin apporté aux décors de rêve (luxueux sans jamais tomber dans le mauvais goût bling-bling) et à la photographie, particulièrement lumineuse, qui met bien en valeur un ensemble qui contre toute attente savère beaucoup plus fréquentable que prévu. Peut-être regrettera-t-on que le réalisateur nai pas osé aller plus loin que la simple référence, en imposant un peu plus son style et sa créativité. Il passe du coup à côté du casse parfait, se limitant au simple hold-up. Reste le charme des acteurs et la relative efficacité de lensemble, qui font de ce film un honnête divertissement.
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