Le coeur des hommes 2
« On devait tous divorcer au moins une fois. Fallait bien que ça tarrive un jour ou lautre »
Quatre années sont passées. Alex, Manu, Antoine et Jeff sont toujours les meilleurs amis du monde. Mais contrairement à ce quon pouvait penser en les laissant quatre ans plus tôt, ils nont pas forcément réussis à stabiliser leur vie : Antoine a finalement divorcé de sa femme, Manu trompe la sienne avec une fournisseuse mariée, Jeff sennuie ferme dans le sud et revient aux affaires à Paris, et Alex se fait jeter par sa femme qui découvre des preuves formelles de son infidélité. Or ce dernier veut la reconquérir
Les amis, les amours, les emmerdes : la suite des tribulations de nos héros plus quinquagénaires que jamais
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« Ya pas de mal à mentir pour aider un pote »
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Marc Esposito aura marqué lunivers cinéphile français. Co-fondateur de Première puis de Studio magazine, le passage derrière la caméra semblait être un prolongement naturel pour ce passionné de cinéma et décriture. Et cest ce quil fit en 2003 en réalisant un des succès surprises de lannée, « Le cur des hommes ». Sur un thème cher au cinéma français, le film de potes (on pense à « François, Paul et les autres » de Sautet, « Mes meilleurs copains » de Poiré, « Un éléphant ça trompe énormément » et « Nous irons tous au paradis » dYves Robert), il avait réussi un véritable carton au box-office, totalisant pas moins dun million et demi dentrées. Entre temps, Esposito semblait sêtre un peu perdu dans linexplicable mièvrerie de « Toute la beauté du monde » (2006). La suite du « Cur des hommes » semblait donc inévitable, et la voici quatre ans plus tard. Avant un troisième opus ?
« Jai bien réussi arrêter de fumer, je vais réussir à arrêter de niquer. En plus, je suis sûr que cest plus facile »
On se souvient tous du charme fou et de la fraîcheur quon avait ressenti dans les salles lors du visionnage du « Cur des hommes ». Cette petite comédie sur lamitié, lamour et la vie fleurait bon le vécu et avait gagné la sympathie du public par son authenticité et son improbable casting réunissant le crooner Gérard Darmon, le chanteur à minettes Marc Lavoine, le bougon Jean-Pierre Darroussin, et lex-inconnu Bernard Campan. Même si le charme du film semblait mort au deuxième visionnage (qui a eu lieu pourtant longtemps après
si, si je vous jure, cest du vécu !), on était intrigué par la suite donnée à cette petite bande. Et ce malgré une critique largement assassine, se plaignant justement de la perte de cette fraîcheur du premier opus, au profit dun film plus vulgaire et misogyne, flirtant trop souvent avec la caricature facile. Et sur le fond, on ne pourra pas leur donner totalement tort : oui, « Le cur des hommes 2 » est plus vulgaire (dans ses mots, les personnages utilisant constamment un langage des plus fleuris). Oui, il est plus misogyne et caricatural (tous les mecs sont des cavaleurs invétérés et insatiables, les femmes nétant quun objet de conquête, un trophée que lon laisse à la maison avec les gosses). Mais il est aussi le reflet dune société où les valeurs changent : les femmes sont en train de prendre le pouvoir et pour une fois elles ne sont plus les victimes, et ont leur part de responsabilité dans le comportement de ces messieurs. Le tout est fait de manière volontairement assumée, comme si Esposito sétait autorisé ce quil navait pas osé faire sur le premier film et qui lui donnait cet aspect finalement trop lisse. Alors certes, lensemble est caricatural, mais, plus proche de la réalité, on rigole beaucoup plus. Ça faisait dailleurs un petit moment quun film français ne mavait pas fait rire autant.
« - Tas toujours pas craqué ?
- Lhomme de marbre on mappelle. 70 jours sans fourrer ! »
Côté mise en scène, pas grand chose à dire tant elle ressemble trait pour trait à celle du premier opus. Tout juste pourra-t-on souligner le soin apporté à un rythme qui prend soin déviter scrupuleusement les temps morts et les baisses de régime. La direction dacteurs dEsposito reste impeccable. Si on retrouve la même brochette de comédiens que lors du premier épisode, lélargissement du groupe crée des inégalités dans la répartition des rôles. Et comme le scénario le suggère avec la fin de lère de victimisation des femmes et larrivée de nouvelles têtes, se sont du coup les actrices qui pâtissent un peu de cette situation. Exit donc Fabienne Babe, Florence Thomassin, et Ludmilla Mickael, qui napparaissent du coup que le temps dune ou deux scènes. Zoé Félix et Catherine Wilkening sen tirent à peine mieux. En revanche, deux nouvelles têtes font leur apparition, Valérie Stroh et Valérie Kaprisky. Cette dernière est dailleurs le seul point faible du côté des interprètes féminines. Si toutes ces camarades sont bonnes (mention particulière à Mickael et Stroh), Kaprisky, qui a sa décharge jouit dune rencontre et dune relation des plus improbable et inintéressante, ne semble jamais concernée par ce qui se passe. Côté masculin, on pourrait faire le même reproche à Campan, qui, loin de son époque Inconnus, finit par jouer tous rôles « sérieux » pareil. Sa sensibilité a quelque chose qui sonne étonnement faux. A ses côtés, en revanche, les trois autres acteurs déroulent, tels des machines de guerre, un jeu irréprochable et précis. Et cest finalement Lavoine, bien aidé par un scénario qui lui donne quelque part la vedette, qui rafle la mise. Et ce de manière méritée compte tenu de sa justesse et de lautodérision avec laquelle il joue de son image.
« - Tes le plus fort
- Crois pas ça. Je serais une épave si tu me quittais. Tu me retrouverais clodo devant le Franprix du coin »
Contre toute attente, « Le cur des hommes 2 » remplit parfaitement son contrat et est une très agréable surprise. Injustement démolie même si elle ne révolutionne pas le genre, la nouvelle comédie de Marc Esposito savère pourtant très efficace. Tout juste regrettera-t-on son côté trop caricatural et parfois facile. Mais en ces temps de disette qui frappent les comédies françaises (on ne peut que déplorer les sorties de comédies ratées comme « Steak », « Linvité », ou « Lâge dhomme, maintenant ou jamais »), on ne pourra que se réjouir den voir une qui fonctionne. De là à dire que le 3 est obligatoire, il ny a quun pas que je ne franchirais pas pour autant !
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