Les rois de la glisse
« Nabandonne jamais, petit. Trouve ta voix, cest la marque des champions »
Perdu dans son village sur la banquise, le jeune Cody Maverick est passionné de surf et rêve de faire carrière dans ce domaine. Malheureusement pour lui, il travaille dans le tri de poissons et les gens de son village, à commencer par sa propre famille, ne lencouragent pas. Au contraire, il essuie même souvent les quolibets. Faisant lobjet dun reportage façon télé-réalité, il profite de la venue à limproviste des recruteurs du plus grand tournoi de surf au monde pour quitter sa banquise et rallier lîle ensoleillée de Pin Goo, où se réunissent les meilleurs surfeurs de la planète. Mais la réalité est rude et le tournoi semble écrasé par le rude Tank, personnage violent programmé pour gagner, et qui avait pris le dessus sur le légendaire Big Z, lidole de Cody qui avait trouvé la mort sur ce même tournoi. Linexpérimenté et impatient Cody se décourage vite face au niveau imposé par les meilleurs, ce qui le pousserait presque à abandonner. Mais cétait sans compter sur sa rencontre avec lénigmatique Geek
« Big Z, cest le surf. Locéan a été crée rien que pour lui. Avant il ne servait à rien. Il vivait à fond parce quil navait pas peur de vivre ni de mourir »
Si le monde du film danimation est largement dominé par les deux géants Dreamworks et Pixar, on voit depuis quelques mois que plusieurs studios tentent de se faire une petite place au soleil entre les deux. Sony Pictures est à ce titre lun des plus prometteurs et des plus en vu. Après « Monster house » (2006) et « Les rebelles de la forêt » (2006), voici donc leur troisième production, « Les rois de la glisse ». Réalisé par Ash Brannon et Chris Buck, le film, annoncé à grands coups de publicité, est la sortie phare de la période des vacances de la Toussaint. Comme un preuve de leur évidente ambitions, Sony Pictures a donc choisit de confier la réalisation de ce film a deux hommes expérimentés : Buck a ainsi réalisé « Tarzan » pour Disney en 1999, tandis que Brannon a longtemps mis ses services à contribution chez Pixar, co-réalisant « Toy story 2 » en 1999.
« Big Z a cru en moi et cétait bien le seul »
Voilà certainement la bonne surprise de ces vacances de la Toussaint ! Javais rappelé ici à loccasion de la sortie de « Bienvenue chez les Robinson » que cette période était souvent noyée de productions de seconde zone pour jeune public, de toute évidence « Les rois de la glisse » sont là pour me contredire ! Bien évidemment, le parcours initiatique de Cody, qui va apprendre au côté de son idole à devenir plus pondéré, patient et à privilégier le plaisir à la victoire dans la pratique de sa passion, na rien de foncièrement nouveau, rappelant par là le récent « Cars » (Lasseter 2006). Mais la grande qualité de ce film, cest son scénario qui ne se prend jamais trop au sérieux. Jouant sur les stéréotypes de cool attitude des surfeurs, parodiant souvent et gentiment la frime qui se dégage de ce sport, le scénario tient parfaitement la route, rendant lhistoire dautant plus savoureuse quelle est truffée dhumour tout du long. L'autre vraie réussite narrative du film réside dans le fait que ce dernier soit tourné à la manière dun documentaire façon télé-réalité. Entre les hilarantes images darchives, les témoignages, les clins dil à dautres films (Brice de Nice, Point Break, entre autres), et les commentaires des journalistes en tête desquels on retrouve notre Nelson Montfort national, tout est fait pour rendre ce film le plus moderne soit-il, et tous les prétextes sont bons pour faire de lhumour.
« Surfer dans le rouleau, cest chose la plus agréable au monde. Une fois que tu seras dedans, tu nauras plus envie den sortir »
Evidement, on pourra reprocher la qualité visuelle qui reste beaucoup moins impressionnante que chez les deux géants du genre. Pourtant il y a de la qualité : toutes les scènes aquatiques sont particulièrement réussies, le travail délicat sur leau étant très probant, prouvé par les jolies plongées au cur des rouleaux, et par les nombreux jeux de reflets et de transparence. En revanche, les décors terrestres sont plus critiquables : des scènes de glace, moins impressionnantes que dans « Lâge de glace » ou « Happy feet », aux scènes tropicales, manquant de relief, on ressent quand même une petite infériorité par rapport aux leaders du genre. On pourra également reprocher le choix davoir opté pour le pingouin comme incarnation des personnages, puisque ceux-ci étaient déjà les héros du récent « Happy feet » (Miller et Coleman 2006). Comme pour « Madagascar » et « The wild », cela pousse forcément à la comparaison entre le visuel des deux films. Reste les voix, où brillent les excellent Pierre Richard, Omar Sy, Emmanuel Garijo, et bien sûr Nelson Montfort.
« Ma poule, je tai pas perdu sur la baleine, je vais pas te perdre maintenant »
Très bonne surprise au final que ces « Rois de la glisse ». Avec un savant cocktail dhumour, dautodérision et de modernité (univers du surf et de la télé-réalité), « Les rois de la glisse » impose un ton enlevé et haut en couleurs, faisant souffler un petit vent de fraîcheur dans lunivers de lanimation pour enfants. Bien évidemment, on pourra lui reprocher de ne pas bénéficier de la virtuosité technique des « Shrek », « Les indestructibles » ou autre « Ratatouille », ni davoir sa poésie. Mais contre toute attente, tous les éléments sont réunis pour passer un très agréable moment. Souhaitons à ces « Rois de la glisse » de surfer sur le succès !
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