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28 Jul

Disgrace

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« C’est un triste retour en arrière. C’est comme si c’était la guerre à nouveau »

David Lurie est professeur de poésie romantique à l'Université du Cap en Afrique du Sud. Divorcé, il assouvit sans retenue son attirance pour les femmes. Mais la relation qu'il entretient avec l'une de ses étudiantes provoque le scandale, si bien que David se voit forcé de démissionner de son poste. Il trouve alors refuge chez sa fille, Lucy, qui cultive des fleurs dans une ferme isolée à l'intérieur des terres, une région que les Blancs ont quittée après la fin de l'apartheid. Pour continuer à vivre dans ce paysage somptueux David et Lucy doivent se plier à toutes sortes de compromis ; là où les Blancs étaient les maîtres autrefois, leur présence est maintenant à peine tolérée. Le jour où David et Lucy subissent une agression, David est le témoin impuissant du viol de sa fille. Choqué, il se rend compte de la violence faite aux femmes dans la société et prend conscience du comportement abusif qu'il a lui-même toujours eu vis-à-vis d'elles...

« Je n’aime pas sa manière de familiariser les bêtes avec ceux qui vont les manger »

De l'immensité des paysages sud-africains au raffinement de David Lurie, homme de lettres passionné de poésie et de grande musique, il n'y avait rien dans ce récit qui, de prime abord, pouvait inspirer la « Disgrace ». Mais tel le calme avant la tempête, le récit allait glisser assez vite d'une torpeur monotone vers l'horreur la plus indicible. Adaptation du best-seller éponyme (1999) du romancier sud-africain J.M. Coetzee, lauréat du Prix Nobel de Littérature en 2003 récompensant l'ensemble de son œuvre, « Disgrace » parle ainsi d'un pays – l’Afrique du Sud – en mutation, relatant la difficile transition entre la chute d'un régime infâme et injuste (l'apartheid) jusqu’aux balbutiements d'un régime se voulant plus juste et démocrate. A travers le chemin de croix enduré par son (anti)héros et sa fille, le film nous décrit une société en perte de repères (les blancs, qui étaient hier encore les maitres, perdent d’un coup leur suprématie et leurs privilèges tandis que les noirs laissent exploser violement et impunément des décennies de colère, de frustrations et d’humiliations) et s’interroge sur la difficile réconciliation nationale, seule voie permettant à tous de vivre pacifiquement ensemble et de reconstruire le pays.

« Ils considèrent que je dois quelque chose et se voient comme les créanciers »

A l’inverse du récent et très naïf « Invictus » de Clint Eastwood, qui ventait une rapide réconciliation nationale autour d’un terrain de rugby, « Disgrace » privilégie une approche plus réaliste, plus profonde, en évitant soigneusement tout angélisme dans sa narration. Esquivant toute forme de manichéisme (le metteur en scène insiste sur la difficile condition de vie des populations noires, et notamment des femmes, souvent réduites à l’état d’objets sexuels), le récit ose toutefois s’aventurer sur le sentier difficile du politiquement incorrect, en se plaçant du point de vue des blancs et en osant donner les rôles de méchants à des noirs. Dur et violent, le film se révèle bien vite étouffant. Une impression renforcée par l’utilisation récurrente de tout un code symbolique (l’euthanasie des chiens) par l’austérité de la mise en scène et par le jeu impeccable, mais dépouillé à l’extrême, des comédiens, John Malkovitch et Eriq Ebouaney en tête. Un bon film, donc. Même si sa dureté et son austérité peuvent le rendre difficile d’accès.

  

DVD/Bonus :

Uniquement disponible en VO, le dvd propose toutefois le sous-titrage en français.

Côté bonus, l’édition se révèle plutôt complète, proposant tout d’abord une rencontre avec l’équipe du film. Un à un, le réalisateur, le producteur, la scénariste, les comédiens reviennent sur la genèse du projet et les raisons qui les ont poussé à participer à ce film. Intéressantes, ces courts entretiens se révèlent parfois un peu didactiques du fait de l’aspect répétitif des questions posées aux différents intervenants.

S’en suivent un court making-of d’une dizaine de minutes et des séquences de tournage, qui permettent de passer côté coulisses, pour avoir un aperçu du tournage depuis le plateau, notamment de la scène où Lurie se retrouve face à l’un des agresseurs de sa fille. La bande-annonce du film est également disponible.

Un grand merci à  Cinetrafic qui dans le cadre de son programme dvdtrafic m’a permis de critiquer le dvd de ce film.

Disgrace :

                 Un film de Steve Jacobs avec John Malkovich et Jessica Haines            

                 Distribution : BAC Films

                 Fiche produit boutique BAC Films

                 Date de sortie : 15/06/2010



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B
Il est vrai que ce film a le mérite de casser l'angélisme de rigueur au profil d'une réalité sociale plus dure. Néanmoins, la tentative de comparaison entre la relation du père avec l'étudiante, et le viol subit par sa fille, est malaisée pour tenter une "équivalence" incomparable. Pour autant, très belle mise en scène et super bien joué.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!