Le goût de la vie
« La vie serait triste sans votre merveilleuse caille sauce aux truffes »
New York. Kate est chef dans une cuisine réputée de la ville. Dure et autoritaire, elle a centré sa vie sur son travail et sa réussite professionnelle, et mène en parallèle une vie dascète, sans amis ni relations amoureuses. Mais suite à un tragique accident dans lequel sa sur trouve la mort, Kate hérite de la garde de sa jeune nièce, Zoé. Durant ses quelques jours dabsence pour organiser sa nouvelle vie, sa patronne, sans lui demander son avis, engage un sous-chef, le facétieux Nick. Si dans un premier temps Kate ne voit en Nick quun rival à éliminer doffice, petit à petit, elle semble succomber à son caractère extraverti et à la gentillesse dont il fait preuve à légard de Zoé.
« - Vous savez Kate, la vie est toujours imprévisible
- Pas dans ma cuisine »
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Décidément, la cuisine est un thème qui revient à lhonneur au cinéma. Après lénorme succès de « Ratatouille » sorti le mois dernier, et la sortie plus modeste de « Waitress », voici donc une nouvelle plongée dans lunivers de la cuisine et de la gastronomie avec cette nouvelle comédie romantique américaine, « Le goût de la vie ». Pour information, il est bon de savoir que ce film est un remake hollywoodien dun succès allemand, « Bella Martha » de Sandra Nettelbeck, sorti en 2002, et qui a révélé sur la scène internationale lactrice Martina Gedeck (« Les particules élémentaires » en 2006, « La vie des autres » et « Raisons détat » de De Niro en 2007). A noter également que la réalisatrice de loriginal a participé à lécriture du remake. Aux commandes de ce film, on retrouve le réalisateur australien Scott Hicks. Fort dune carrière sinueuse faite de films à petits budgets labellisés « indépendants » et de productions moyennes nayant pas franchement rencontrés leur public (« La neige tombait sur les cèdres » en 2000, et « Curs perdus en Atlantide » en 2002), on retiendra surtout de sa filmographie le film « Shine » datant déjà de 1996. Il était donc surprenant de le retrouver aux commandes dun film plutôt annoncé comme « grand public » avec en prime un duo dacteurs plutôt coté.
« Pour le travail, on fera comme avant : tu me diras quoi faire, et jen ferais quà ma tête dès que tu auras le dos tourné ! »
La comédie romantique est un genre pleinement anglo-saxon. Certain le considéreront à tort comme un genre mineur. Toujours est-il que lexercice est toujours périlleux, reposant sur un équilibre fragile entre humour et romantisme, que les excès de bons sentiments guimauves et cucul peuvent totalement ruiner. Et ce « Goût de la vie » semble au final passer tout près de la recette bien équilibrée. Il faut dire quà la base, le film sappuie sur un scénario relativement solide. Bien évidemment, comme souvent dans le genre, il ny a rien de bien original et les évènements sont dans lensemble très prévisibles : on ne coupera ainsi pas à lhéroïne qui se croyait solitaire et autoritaire et qui va se révéler passionnée et généreuse, tandis quelle va craquer pour le bellâtre de service, alors que bien évidemment tout semblait les opposer. Et ce malgré un ultime rebondissement qui les éloigne pour mieux les réconcilier après la traditionnelle déclaration. Malgré cette trame si bien connue, le scénario du « goût de la vie » recèle une certaine légèreté, un certain humour, et des dialogues plutôt savoureux qui permettent de faire passer la pilule de manière agréable. En outre, le scénario évite de sattarder trop sur le drame de laccident, et jongle ainsi subtilement avec les ellipses temporelles. De même, il sattache à créer de vraies personnalités à ses personnages, qui bien que caricaturaux nous évite une énième version de la fille délurée et du mec timide et un peu gauche. On regrettera simplement le changement de parti pris en cours de route par le réalisateur qui décide après plus dune heure de film que ses spectateurs devront verser une larmichouille coûte que coûte. La longue scène de la fugue de Zoé et ce qui sen suit (le visionnage des photos, de la vidéo, etc
), joue trop la carte du misérabilisme et de la guimauve, et nétait pas franchement utile. Au contraire, elle plombe un petit peu la fin du film.
« Jaimerais des recettes sur la vie qui vous disent quoi faire »
Et cest dommage car jusque là, Hicks relevait plutôt bien le défi de la comédie romantique. Avec une mise en scène sobre, qui a défaut dêtre révolutionnaire ou proprement ingénieuse, était de bonne facture, et une direction dacteur honnête, il navait rien à envier aux spécialistes du genre. Dautant que le trio de comédiens principaux reste irréprochable. Face à une Catherine Zeta-Jones au jeu limité mais crédible dans ce rôle de femme revêche en apparence, on ne peut que souligner la jolie performance dAbigail Breslin, notre petite « Little Miss Sunshine ». Mais latout charme numéro un de ce film, cest sans aucun doute lami Aaron Eckhart. Il use parfaitement de son physique et de son potentiel de séduction pour signer là une grosse performance. Sans nul doute, il est la nouvelle icône virile quHollywood attendait depuis des années. On notera également la présence de la toujours impeccable Patricia Clarkson dans un court second rôle.
« - Cette cuisine, cest ma vie !
- Non, cen est juste une infime partie »
Petite comédie romantique plutôt réussie sans pour autant révolutionner le genre, « Le goût de la vie » pose néanmoins la sempiternelle question de lintérêt artistique de faire systématiquement des remakes hollywoodiens des succès européens et asiatiques. Bien évidemment, sur le plan purement artistique de la chose, ce film na pas dintérêt majeur. Néanmoins, bien que comme la plupart des films de ce genre le scénario reste assez prévisible, ce « Goût de la vie » se suit avec plaisir, et apporte une jolie bouffée dair frais (et sucré !) pour une séance de cinéma pas prise de tête. Comme une petite gourmandise, le film napporte pas grand chose de nourrissant si ce nest un plaisir, presque coupable, de sêtre fait bercer pendant une heure et demie. Un agréable divertissement.
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