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20 Sep

Sicko

Publié par platinoch  - Catégories :  #Documentaires

« Comment en est-on arrivé à un système où les médecins des assurances causent la mort des patients ? »

 

TFM DistributionLes Etats-Unis sont le pays le plus riche et le plus puissant du monde, mais aussi le plus injuste. Et qui dit injustices, dit Michael Moore. Cette fois-ci le pourfendeur des injustices à choisit de s’intéresser au système de santé américain. Si on savait que 50 millions d’américains étaient particulièrement vulnérables faute de pouvoir se payer une assurance de santé, on savait moins que les autres américains, à priori couvert par des assurances puissantes, étaient tout aussi vulnérables, la faute incombant à ces multinationales qui pensent profits avant de penser à la protection des assurés. Les enquêtes du désormais célèbre trublion vont le mener au cœur de différents scandales dans l’Amérique de la santé et dans l’Amérique politique, avant de faire un petit tour d’horizon des systèmes de santé publique de différents pays occidentaux ou voisins des Etats-Unis.

 

« Pour les assurances, une autorisation de soins est considérée comme un sinistre »

 

Michael Moore. TFM DistributionIl est toujours difficile de parler objectivement de Michael Moore, tant son œuvre laisse toujours une impression partagée en nous. On lui reconnaîtra forcément le mérite d’œuvrer au réveil des consciences de ses concitoyens, qui semblent souvent anesthésiés par les grands médias locaux (plus que chez nous ?). Son travail de journaliste, visant à dénoncer les scandales et les injustices, est à ce titre tout à fait louable. D’autant que les sujets abordés, comme le marché des armes dans « Bowling for Columbine » (2002), la politique internationale et la façon de gouverner de George W. Bush dans « Fahrenheit 9/11 » (2004), ou désormais l’injustice sociale dans « Sicko », dressent des portraits édifiants d’une toute puissante Amérique qu’il met face à ses propres contradictions et qui se révèle souvent méchante, dure, violente, injuste, et incroyablement folle. Une approche humaniste des choses et une sensibilité sur le monde plus européenne en apparence qui lui vaudront même la Palme d’or du Festival de Cannes 2004 pour son « Fahrenheit 9/11 ».

Malgré tout, il y a toujours quelque chose dans les films de Michael Moore qui mettent mal à l’aise. Dans sa démarche tout d’abord, où son côté faussement candide agace et lui permet d’affirmer haut et fort des absurdités crasses, mais plus que tout, on a toujours l’impression que ses démonstrations reposent sur des démarches intellectuelles pas totalement honnêtes.

 

« Maintenant, je sais que je vais mourir »

 

Michael Moore. TFM DistributionEt ce « Sicko » ne déroge pas à la règle. Pourtant, contrairement au très manipulateur « Fahrenheit 9/11 », qui ressemblait plus à un film de propagande qu’à un vrai travail journalistique, on ne peut pas descendre entièrement ce « Sicko ». Car il met le doigt sur une chose essentielle. Partant du constat qu’à l’inverse du pays le plus riche et le plus puissant du monde, tous les pays civilisés, riches ou socialistes ont des politiques d’accès aux soins pour tous, il développe une problématique majeure, à savoir si le droit aux soins n’est pas un droit fondamental de l’homme. Ce postulat de départ va lui permettre de mettre l’Amérique face à ses propres contradictions, entre valeurs chrétiennes et générosité d’une part, et libéralisme à tout va de l’autre. Son enquête sur les compagnies d’assurances privées, multinationales super-puissantes, qui acceptent de laisser mourir des gens en refusant des traitement onéreux pour faire du profit fait froid dans le dos. D’autant que tout cela est orchestré avec le soutient d’une classe politique allégrement corrompue par le biais des puissants lobbies de ce secteur. L’enquête de Moore est d’autant plus passionnante et flippante qu’elle est ponctuée de témoignages incroyables de victimes, qui ont souvent tout perdu, et laisse derrière elle un constat amer d’une société moralement à la dérive, qui accepte de laisser mourir des gens par profits.

 

« Que sommes-nous devenus ? Des gens qui jètent leurs concitoyens comme des sacs poubelles parce qu’ils ne peuvent pas payer l’hôpital ? »

 

Affiche américaine. Dog Eat Dog ProductionsMais une fois de plus, Moore fait preuve de malhonnêteté intellectuelle dans la deuxième partie de son film, durant laquelle il décide de s’intéresser par comparaison aux politiques de santé publique d’autres pays. On ne pourra que s’offusquer de l’angélisme dont il fait preuve pour parler successivement des systèmes de santé Canadien, Britannique, Français, et Cubain. Même si j’avoue connaître peu le système canadien, je sais que les politiques de réformes du système de santé et des hôpitaux publics ont fait grincer pas mal de dents et que l’ensemble a été soumis à polémique (pour les cinéphiles, la situation a été évoquée par Denys Arcand dans ses « Invasions Barbares »). Mais ce n’est pas là le pire. L’admiration pour le système anglais et pour ses hôpitaux publics fait immanquablement sourire, tout comme ce qu’il montre du système français. Outre le rigolo qui négocie son arrêt maladie pour aller faire du voilier sur la Côte d’Azur,  il n’évoque à aucun moment le déficit de notre Sécurité Sociale, et surtout, SURTOUT, prend comme exemple de parisiens moyens, un couple aux revenus mensuels de 7500€, oubliant au passage les petits salaires ou des gens sans mutuelles pour qui les soins, bien qu’incomparables avec les prix américains, restent chers. La palme revient à la démonstration cubaine, qui si elle comporte un message de paix maladroit mais respectable, est d’une rare hypocrisie.

 

« Vous soignez gratuitement les scélérats à Guantanamo. On veut juste être soignés comme des scélérats ! Rien de plus ! »

 

Michael Moore. TFM DistributionAprès, peut-être faut-il remettre les choses dans une perspective différente. « Sicko » n’aura probablement pas le même impact aux Etats-Unis qu’en Europe. Peut-être que pour les américains, de voir que des pays qu’ils méprisent, comme Cuba et sa dictature, ou parfois comme l’Europe, sont plus avancés qu’eux socialement fera réfléchir et bouger les consciences. En cela sa démarche est importante. Pour ce qui est de l’Europe, ce film aura forcément une aura limitée compte tenu de la manière biaisée dont Moore présente les différents systèmes de santé canadien, européen et cubain. Tout juste aura-t-il un intérêt sociologique. Un film néanmoins intéressant, à condition de savoir faire la part des choses.



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B
Avec lui, on ne peux jamais rester indiférent, surtout quand il soulève des cas de sociétè aussi grave que la santé. L'Amérique, pays de rêve, fait frémir, pour nous comme pour eux. Et ce n'est pas le ou la prochaine présidnet(e) qui changera grand chose. Hélas ! Quand à chez nous, essayons de pr"server notre système de santé, c'est sûrement le bien le plus précieux. Il faut qu'on nous le rappelle, bien ou mal dit.
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