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02 Aug

Interview

Publié par platinoch  - Catégories :  #Inclassables

« Beyrouth, Bagdad, c’est un peu comme Sarajevo. Mais franchement, Bagdad, c’est dur ! »

 

Steve Buscemi, comédien atypique au physique particulier, est l’un des seconds rôles les plus brillants et l’une des « gueules » les plus marquantes d’Hollywood. Habitué à jouer chez les frères Coen (« Fargo », « The big Lebowski »), chez Di Cillo (« Delirious », « Ça tourne à Manhattan »), chez Michael Bay (« Armageddon », « The island »), où pour le tandem Tarantino-Rodriguez (« Reservoir dogs », « Desperado »), Steve Buscemi s’est également illustré par ses propres réalisations (on lui doit notamment « Lonesome Jim » en 2005). Avec « Interview », il signe son quatrième long. A noter que ce film est un remake de « Interview », signé en 2003 aux Pays-bas par Theo Van Gogh, et qu’il ouvre une trilogie de remakes américains rendant hommage au metteur en scène néerlandais assassiné en 2004 par un intégriste islamiste suite à son controversé « Submission ». Réactions à chaud.

Diaphana Distribution

 

« C’est votre sourire rayonnant qui provoque des accidents ! »

 

L’histoire :

 

Pierre est journaliste politique, spécialiste des relations internationales. Ancien correspondant dans les zones chaudes en guerre, il doit ce soir réaliser l’interview de Katia, dernière starlette à la mode, qui connaît le succès grâce à sa sitcom et à ses films pour adolescents. Face à cette perspective peu réjouissante, il ne peut s’empêcher de se comporter comme un mufle quand cette dernière arrive au rendez-vous, qui plus est avec une heure de retard. L’échange est virulent et bref. Une fois dehors, alors que Katia est harcelée par les paparazzi et les passants qui lui réclament des sourires et des autographes, Pierre monte dans un taxi. Ce dernier reconnaissant la starlette finit par avoir un accident par manque de concentration, blessant légèrement Pierre. Se sentant un peu coupable, Katia lui propose quelques soins chez elle. La relation entre les deux changeant peu à peu, une autre interview commence finalement…

Sienna Miller. Diaphana Distribution

 

« Je serais politicienne, vous me poseriez les mêmes questions ? Je vous ennuie à ce point là ? »

 

Sorte de huis-clos total, filmé en permanence par trois caméras, « Interview » se caractérise avant tout par une forme originale. Sans jamais sombrer dans une certaine théâtralité que le huis-clos pouvait encourager, Steve Buscemi nous livre un film finalement assez dynamique compte tenu qu’il ne repose que sur les échanges entre deux personnages enfermés dans un même lieu. En reprenant la même méthode que Theo Van Gogh, avec trois caméras numériques filmant simultanément, il nous livre un montage dynamique, offrant une grande impression de spontanéité et de naturel dans les échanges entre ces deux protagonistes. D’autant que les dialogues, signés également par Buscemi, s’avèrent intelligents et souvent savoureux, alternant humour cynique et corrosif et moments plus dramatiques. Les répliques, gentiment cruelles, font souvent mouche, et si scénaristiquement parlant les deux personnages cherchent à prendre l’ascendant sur l’autre pour mieux le dominer, les deux personnages sont fouillés de manière égale et prennent également vie devant la caméra. On notera aussi le bon travail sur l’unité de temps, puisque le film est censé se dérouler sur une partie de la nuit.

Steve Buscemi. Diaphana Distribution

 

«  - Je baise pas les célébrités !

- Je baise pas avec les minus »

Malgré cela, on a du mal à se sentir réellement comblé devant cette « Interview ». Si l’idée de base – la confrontation entre deux personnalités que tout oppose – semblait réellement bonne, et si la volonté de se jouer des apparences (l’intello se montre finalement le moins rusé et le plus salaud, la starlette se montrant moins idiote, creuse et prétentieuse qu’elle n’y paraît) était bien amenée, manquait malgré tout une bonne dose de crédibilité et surtout d’originalité à ce film. Originalité, tout d’abord, puisqu’il n’y a rien de bien nouveau dans cette confrontation dominée par les préjugés : le journaliste en situation d’échec, qui se comporte comme un vrai salaud fouille-merde à la recherche d’un scoop, et la starlette, bimbo, saute-au-paf et forcément cocaïnomane semblant ainsi être des rôles on ne peut plus caricaturaux. Crédibilité également, puisque le film part tout seul dans des travers absurdes. Si pourtant l’ensemble commençait bien, avec un portrait de starlette moins caricatural que prévue (celle-ci se montrant disponible, attentionnée, sympa), et un portrait de journaliste moins idyllique que ce à quoi Hollywood nous a habitué (pas professionnel, pédant et blessant), les ultimes révélations personnelles du journaliste finissent par porter un coup majeur au film qui devra se contenter d’être catalogué comme « moyen ». Et ceci est d’autant plus dommage que le jeu de chat et de la souris auquel se prête nos deux personnages est plutôt savoureux, avec ce mélange d’attraction et de répulsion, de séduction et de volonté de blesser.

 

On pourra également saluer l’excellent niveau de l’interprétation, en premier lieu duquel figure la magnifique Sienna Miller, dans un rôle qui lui permet indirectement de régler ses propres comptes avec la presse (l’ex de Jude Law est pas mal passée pour la bimbo de service, sans cervelle et sans talent, ces derniers mois). Face à elle, le toujours impeccable Buscemi réalise une jolie performance (même si le voir dans un énième rôle de salaud – looser devient une fâcheuse habitude), tout en sobriété, d’autant plus forte qu’il s’auto-dirige sur un projet aussi complexe.

Sienna Miller et Steve Buscemi. Diaphana Distribution

 

« Si j’avais une grenade, je vous la mettrais dans le cul »

 

Pour conclure, « Interview » est une gentille comédie bien écrite, réflexion acide sur la célébrité et sur les apparences. Si Steve Buscemi se sort avec brio des pièges inhérents à la forme spécifique de son film (il arrive à créer une forme de dynamisme et de spontanéité alors que son film, un huis clos très dialogué et bavard, risquait de glisser vers un excès de théâtralité), il n’arrive cependant pas à éviter quelques situations extravagantes et trop caricaturales. Si on passe un agréablement moment à suivre ce jeu de cache-cache entre séduction et volonté de destruction de l’autre, on doit reconnaître pour autant que ce sympathique film n’est pas le chef d’œuvre de l’année.



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B
Si je partage les quelques critiques nuançant la qualité du film, il n'en reste pas moins vrai que j'ai passé un excellent moment de bout en bout par une maitrise de la caméra et du jeu des acteurs. Un petit quelque chose du genre "conversation avec une femme" m'a plus d'entrée de jeu. Et puis, cette fin ironique plutôt sympa. Maintenant, je me réserve un peu pour la touche finale, une fois que j'aurais vu la version de Théo Van Gog. Pour autant, j'ai beaucoup aimé, en laissant de côté les petites imperfections...
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