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19 Feb

Le merveilleux magasin de Mr Magorium

Publié par platinoch  - Catégories :  #Science-Fiction-Heroïc Fantasy

« Toutes les histoires, même celles que l’on préfère, ont une fin. Et une fin indique toujours le début d’une autre histoire »

 

Dans le fabuleux magasin de jouets de M. Magorium, les peluches vous font des câlins, les ballons jouent tout seuls au basket, les héros articulés partent à l’aventure d’un rayon à l’autre, et l’imagination des enfants suffit à donner vie aux rêves les plus fous. Mais M. Magorium, le facétieux créateur et propriétaire des lieux, sent sa fin approcher à grands pas et décide de passer la main après plus de 200 ans de bons et loyaux services. Fort logiquement, il décide de léguer son magasin à Molly, une jeune femme lunaire rêvant de devenir une grande compositrice pour piano, à qui il a confié le management de son établissement depuis quelques années. Mécontent du départ du propriétaire des lieux, le magasin se rebiffe, et la magie qui animait tous les jouets disparaît peu à peu. Pour lui faire retrouver son prestige d’antan, Molly n’aura pas d’autre choix que de comprendre et acquérir le secret de la magie de ce magasin. Une quête difficile, pour laquelle elle ne pourra pas compter sur son unique collègue, Henry, le comptable fraîchement débarqué, blasé de la vie ne croyant pas du tout en toutes ces histoires de magie…

 

« Je te fais une suggestion : étonne le monde »

 

Projet attendu du fait de l’originalité de son sujet et surtout grâce aux prestigieux noms de ses acteurs principaux, « Le merveilleux magasin de M. Magorium » est le premier long de Zach Helm. Jeune loup de Hollywood, ce dernier avait su retenir toute l’attention de la critique dès son premier scénario, en l’occurrence celui du très surprenant et réussi « L’incroyable destin d’Harold Crick » (Marc Forster – 2007). Pour la petite histoire, Zach Helm avoue que l’histoire du « Merveilleux magasin de M. Magorium » lui est venue alors qu’il était étudiant, et qu’il travaillait à temps partiel dans un magasin de jouets réputé pour sa créativité. De sa propre bouche, Helm revendique le fait d’avoir mis un peu de toutes ses influences dans son film. Des influences aussi variées que René Magritte, les Marx Brouthers, ou encore Harold Pinter et le Muppet Show. Avec de telles références, on en vient même à se demander pourquoi ce film est recommandé aux plus jeunes spectateurs. A ce titre, le décor du film a été transformé en une gigantesque cour de récréation de 700m2 , recouverte d’innombrables jouets des époques les plus anciennes à nos jours, que les accessoiristes et décorateurs ont été chercher jusque dans nos contrées européennes pour les plus anciens.

 

« Les aventures incroyables requièrent des outils incroyables »

 

Il y avait quelque chose dans le pitch du film et dans son imagerie colorée et sucrée qui pouvait laisser croire au retour d’un cinéma pour enfants de qualité. Le genre de comédies familiales, mêlant à la fois aventure, fantastique, et gentille morale. On se souvient tous ainsi de films comme « Jumanji » ou « Toy story », qui sur des thèmes assez similaires arrivaient à réjouir petits et grands. D’autant que cette histoire de vieux magicien créateur de jouets n’était pas sans rappeler celle de « Pinocchio ». Malheureusement, devant l’indigence de son scénario et le vide sidéral qui nous est proposé à l’écran, il est très difficile d’adhérer au film de Helm. Pire, il n’y a, pour tout dire, rien à sauver de ce film. Mal écrit, sans originalité ni rythme, abusant jusqu’à l’écœurement des clichés des films pour enfants (l’espèce de gamin qui ressemble à rien, un peu autiste qui n’a pas d’ami et qui s’avère être un héros, un génie, qui deviendra très sociable), ce film se montre bien trop lisse, propret, et politiquement correct pour emporter une quelconque adhésion. Honnêtement : quel gamin rêverait de se retrouver dans une pièce remplie de ballons rebondissant tout seuls, ou d’avoir un mobile avec des poissons réellement vivants ??? A cet ersatz de créativité, il faut également ajouter un discours et une morale d’une rare platitude (préserver sa part d’enfance et son imagination). Mais là où le réalisateur finit de nous achever, c’est en se servant de son film comme d’un objet publicitaire : si M. Magorium est censé être un créateur de génie et un fameux magicien, les images de jouets de marques existantes (playmobil, Matchbox,…) défilent sous nos yeux comme autant de publicités subliminales. Dès lors, non content d’être un film raté et sans ambitions, ce « Merveilleux magasin de M. Magorium » prend le parti de nous prendre définitivement pour des cons. Ou comment nous inciter à la rêverie et à l’imaginaire, en nous maintenant dans un monde matérialiste et consumériste…

 

« Vous ne comprenez pas ? ce magasin est magique ! »

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 La vacuité et la niaiserie du scénario trouvent un parfait égal dans la réalisation de ce film. Peu inspirée, Helm semble s’être contenté de recopier comme un élève trop pompeux et zélé le visuel réussi des films de genre, comme « Charlie et la chocolaterie » (Burton) ou « Jumanji ». On y retrouve ainsi les mêmes couleurs sucrées, le même éclairage, la même photographie. Pourtant, l’univers sonne faux d’entrée, et le décor prend des tournures de dramatique effet toc. S’il est évident que l’absence d’un scénario digne de ce nom contenant un minimum d’enjeu dramatique et de suspense contribue à ce déplorable effet, ce dernier est surtout du à une réalisation aux abonnés absents. Manquant de rythme et de relief, Helm assure le minimum syndical en se limitant à un cadrage poussif, une mise en scène des plus plan-plan, et un montage sans dynamisme. La direction d’acteurs n’est pas non à la hauteur. Le pourtant toujours génial Dustin Hoffman, venu se fourvoyer dans cette mouise pour je ne sais quelle raison, cabotine à mort, essayant de combler un peu de ce vide total par un surjeu permanent. Face à lui, Natalie Portman semble complètement paumée, et ne laisse passer aucune émotion. Pire, Helm est le premier réalisateur a réussir à la rendre laide devant une caméra. Quant à Jason Bateman, son rôle est tellement caricatural, qu’on ne pourra même pas lui reprocher sa non-performance. Grand chelem donc pour Zach Helm qui rate en beauté son premier film. Mal écrit, mal filmé, et mal interprété, ce film semble davantage être destiné à promouvoir de manière consumériste des marques de jouets qu’à satisfaire les spectateurs, quel que soit leur âge. Dès lors, « Le merveilleux magasin de M. Magorium » s’apparente à un énorme vide. Un gouffre. Le gouffre de Helm en quelque sorte.

    



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A
Sympa le jeu de mot final ;-)<br /> Je n'ai pas eu la chance (enfin, apparemment, la malchance) de le voir, il n'est pas diffusé chez moi, mais je tâcherais néanmoins de le voir, histoire d eme faire une idée... Le pitch avait pourtant l'air sympa...
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P
oui, c'est vraiment mauvais. Dommage car vu le sujet, ça aurait pu donner un film sympa.
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B
Une nullité telle que je préfère ne pas dire que j'ai été voir ce navet. Vite ! à oublier ! de quoi parlions nous ?
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