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14 Mar

Modern love

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« A se rêver des comtes de fées, on finit par ne pas être aimé »

.

 Soirée du réveillon. Eric vient tenter de récupérer la femme qu’il aime, Marie, quitte à se ridiculiser. Quelques mètres plus loin, sur la piste de danse de la même soirée, Elsa se fait larguer par Victor. Une soirée dramatique qui marquera profondément le comportement sentimental d’Eric et d’Elsa. Quelques années plus tard, Eric semble filer le parfait amour avec Anne, jusqu’au jour où Marie fait de nouveau irruption dans sa vie. Mariée à un homme stérile, elle demande à Eric de lui faire un enfant. Un choix qui pourrait mettre en péril son couple. Elsa de son côté rencontre l’homme idéal, répondant à ses attentes du prince charmant. Problème : Jérôme, la perle rare, est homosexuel. Leurs destins et leurs histoires s’entrecroisent, au rythme endiablé du film « Modern love », une comédie romantique parfaitement clichée dont ils sont tous fans, et qui exprime parfaitement leurs attentes et leurs rêves de grand amour…

 

« Franchement, t’as tout pour toi : t’es beau, intelligent, marrant, tu danses bien. Et t’es célibataire ? C’est pas possible ! t’es homo ou quoi ? »

 

Bien que passionné de cinéma, Stéphane Kazandjian ne se destinait pas à priori à une carrière artistique dans ce milieu. Pourtant sa passion aura pris le dessus sur sa formation, le poussant tout d’abord vers l’écriture de scénarios. Après plusieurs projets abandonnés, il passe pour la première fois à la réalisation en 2001 avec « Sexy boyz », remake français (!) du succès « American Pie » (re- !). Echec cuisant pour un film particulièrement raté, salace et excessif, et surtout dépourvu de l’esprit provocateur qu’avait le film de Chris Weitz, montrant les déboires sexuels des ados américains à la face d’une Amérique puritaine. Il aura fallu attendre sept ans pour le revoir de nouveau derrière une caméra, et la sortie de ce « Modern love », son deuxième film. Si Kazandjian a depuis participé à plusieurs projets en tant que scénariste, notamment à la série boursière « Scalp », il rêvait depuis pas mal de temps de faire un film rendant hommage aux comédie romantiques, genre qu’il apprécie tout particulièrement. Sur le papier, rien de bien original à priori puisque ce « Modern love » reprend tous les éléments à la mode du cinéma français, tant d’un point de vue thématique avec l’abord décalé et parodique du genre de la comédie romantique centré sur les trentenaires (« Célibataires » de Verner, « Ma vie n’est pas une comédie romantique » de Gibaja, « L’âge d’homme, maintenant ou jamais » de Fejtö, ou plus récemment « Didine » de Dietchy), que d’un point de vue technique, puisque le film n’échappe pas à la mode très française du film choral. Mais plus que tout, son incursion dans le genre de la comédie musicale (combinée à la présence d’Alexandra Lamy) font forcément penser au film « On va s’aimer », navet réalisé par Ivan Calbérac et sorti en 2006. Une partie musicale réalisée pour l’occasion par le chanteur compositeur français Martin Rappeneau.

 

« L’homme idéal auquel tu crois n’existe que dans les films. Dans la vraie vie, il n’existe pas. Il lui arrive même de pisser sur la cuvette des chiottes. Faut s’y faire ! »

 

Les histoires d’amour finissent mal en général, nous disait la chanson. Un proverbe que reprend à son compte le film de Kazandjian, illustrant son propos en faisant le parallèle entre deux univers : celui d’une vraie vie, avec les tribulations sentimentales d’un homme, Eric, et d’une femme, Elsa, tous deux en quête du bonheur et de l’être parfait, et celui d’un film, « modern love », une comédie musicale romantique, mélange de « Pretty woman », « cendrillon », et « Chicago », dans laquelle deux êtres que tout opposent vont se retrouver lier par l’amour. L’idée de cette mise en abyme des deux univers, celui d’un film romantique, monde fantasmé par excellence cristallisant les désirs de perfection sentimentale de tous, et celui de la vraie vie, où l’égoïsme de chacun, la complexité des sentiments et de la réciprocité, et la vaine quête de perfection qui rendent les histoires beaucoup plus compliquées, aurait pu être intelligente et originale. Seulement voilà. Kazadjian, même animé des meilleures intentions, n’arrive jamais à faire décoller réellement son film. La principale raison de cet échec repose certainement dans le manque d’originalité de son propos. Car derrière les trois pauvres chansons de comédie musicale, bien clichées et franchement ringardes, se cache un film qui enchaîne les lieux communs comme les perles. Tromperie, coucheries, personnages immatures et franchement décalés, ton faussement enjoué, petit laïus nous disant qu’une réalité conforme aux rêves est vite lassante et qu’on se rend compte de son bonheur une fois qu’on l’a perdu, Kazandjian n’en oublie aucun, nous gratifiant même d’un improbable passage où la meilleure copine mariée part dans une relation lesbienne, et où l’homme idéal homosexuel finit par tomber amoureux d’Elsa. Le tout porté par un récit mou du genou, manquant cruellement de rythme et de dynamisme. Des grosses longueurs viennent ainsi plomber le film (toute la scène de l’hôtel, ou celle du voyage romain), qui n’est jamais relevé par un humour très convenu, où les quiproquos et les situations manquent d’originalité et de mordant.

 

« - Et sinon, avec Ziggy, c’est toujours copain-copain ?

   - Lache-moi un peu. Moi je ne chante pas « une femme avec une femme » »

 

A la réalisation, Kazandjian tente de jouer pleinement sur le côté parodique en optant pour un visuel assez coloré et artificiel, façon sitcom. Un choix qui aurait pu être payant, mais à condition que son scénario soit d’une qualité bien meilleure. Pour le reste, la mise en scène est pour le moins classique et formatée, répondant parfaitement aux codes habituels du genre, ne permettant pas à ce film de se démarquer de ses prédécesseurs récents (là encore, la comparaison à « On va s’aimer » s’impose assez logiquement). Côté comédiens, on n’atteint pas franchement des sommets. PEF nous ressort son énième numéro d’attardé maladroit et pas sûr de lui. Si ce dernier passait plutôt bien dans son « Essaye-moi », il fait plus qu’agacer ici. Bérénice Béjo assure l’essentiel, mais reste un tantinet fade dans ce rôle. Si Clotilde Coureau déçoit une nouvelle fois, les bonnes surprises viennent des seconds rôles, avec les très bonnes interprétations de la craquante Mélanie Bernier, et de Stéphane Debac. Pour la partie musicale, on regrette forcément le déséquilibre flagrant du couple Lamy/Rousseau. Si le comédien québécois, habitué des shows à l’américaine mêlant chant, comédie, et danse (il a notamment joué sur scène la comédie musicale « Chicago »), se montre parfaitement à l’aise dans l’exercice, Alexandra Lamy livre un numéro beaucoup plus amateur, manquant souvent de grâce (le coup du petit saut latéral symbolisant l’amour est à mourir de rire tant il est ridicule). Pire, sa voix de crécelle, étonnement proche de celle de l’animatrice Dorothée, s’avère peu appropriée pour ce genre de numéro musical. Du coup, cette accumulation de clichés, de déjà-vu, de maladresse, et de sensation de facilité, empêche d’adhérer vraiment à ce film raté et artificiel. Et ce en dépit de son aspect second degré revendiqué et de sa tonalité très légère. A éviter.

  



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F
oui en effet à éviter, assez consternant en fait !
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