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15 Sep

Paranoiak

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« Je ne suis pas un voyeur. C’est juste un effet secondaire de l’ennui »

 

Etats-Unis, quelque part dans une banlieue résidentielle huppée et calme. Kale, 17 ans, se remet mal du décès accidentel de son père auquel il a assisté et se referme de plus en plus. Suite à un énième coup de sang et de violence pendant lequel il a frappé un prof, Kyle est condamné par la justice à passer l’été en résidence surveillée chez lui, avec un bracelet électronique à la cheville, l’obligeant à rester dans le petit périmètre de sa maison et de son jardin. L’ennui couve d’autant plus que ses rares amis sont libres de leurs mouvements et que sa mère a décidé de lui couper une partie de ses loisirs afin de le responsabiliser. Kyle se découvre alors, par la force des choses, une passion de voyeur, en espionnant tous ses voisins. Tout va bien lorsqu’il s’agit de la nouvelle bombe du quartier, la fille des nouveaux voisins qui aime bien se faire mater. Mais il n’en va pas de même concernant le mystérieux M. Turner, lui aussi nouveau dans le quartier, qui semble mener une vie dissolue, et qui correspond surtout au portrait robot d’un tueur en série édité par une revue qui donne dans le sensationnel…

 

« - Il peut nous voir ?

   - Non. Mais il sent qu’on l’observe »

 

Shia LaBeouf. Paramount Pictures FranceProduit par Steven Spielberg, ce « Paranoiak » sentait la thriller teen movie calibrée pour être le succès pour adolescents de l’été. Avec un buzz qui ressemblait à s’y méprendre à un remake plus moderne du « Fenêtre sur cour » de Hitchcock (1955), et une bande-annonce rappelant l’ambiance – en moins gore – des navets du genre « Scream » (Craven – 1997), « Souviens-toi l’été dernier » (Gillespie – 1998) ou encore « Le projet Blair Witch » (Myrick et Sanchez – 1999), le film était attendu comme étant une des grosses machines de l’été. Le nom du réalisateur n’était pas non plus pour rassurer quant à la qualité du film, D.J. Caruso s’étant jusqu’ici illustré en réalisant des films de secondes zones comme « Taking lives » (2004), et « Two for the money » (2006). Le pari semblait ainsi assez suicidaire tant l’original était à priori parfait et porté par des acteurs de légende (James Stewart et Grace Kelly), cette resucée pour adolescents boutonneux ne devait pas pouvoir tenir la comparaison. Au-delà de ça, on pouvait même largement se demander quel était l’intérêt artistique de faire un remake d’un tel film, si ce n’était pour engranger au passage quelques millions de dollars.

 

« Tous ces petits pavillons bien tranquilles, ils doivent en cacher des trucs tordus. »

 

Shia LaBeouf. Paramount Pictures FranceAu premier abord, on serait plutôt assez agréablement surpris par ce « Paranoiak ». Il faut dire que la première demie-heure est menée tambour battant, avec des scènes visuellement et émotionnellement fortes, telles que l’accident de voiture du héros et de son père, ou encore l’agression contre son professeur, geste désespéré synonyme de mal être et d’été en résidence surveillée. Contre toute attente, cette première demie-heure définit ainsi un cadre général assez sombre et un héros au caractère faussement rebelle et vraiment blessé. D’autant qu’en filigrane, on peut y apercevoir un très juste portrait d’une certaine jeunesse américaine, blasée et enfermée dans un ennui lattent. Mais au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, le film semble échapper de plus en plus à la belle maîtrise affichée au début par Caruso pour sombrer dans la teen movie pure et dans le grand n’importe quoi. Que ce soit l’arrivée de la traditionnelle et inutile bimbo incontournable dans ce genre de film, ou les effets de suspense téléphonés et éventés (Turner qui débarque dans la voiture de la fille qui le suit, ou encore le coup de Ronnie, meilleur ami du héros qui fouille en temps limité dans la voiture de Turner avant de disparaître de nuit dans sa maison – scène qui semble d’ailleurs tout droit pompée de « Blair Witch »), le film se perd tout seul en chemin, oubliant la belle énergie et l’écriture efficace du début, jusqu’à un final archi prévisible et grotesque, dans lequel Caruso ne peut s’empêcher de jouer la surenchère de décors et de cadavres entreposés dans sa cave.

 

« Personne me croit mais moi je sais ce que j’ai vu »

 

Shia LaBeouf. Paramount Pictures FranceMalgré une deuxième partie qui se perd dans d’improbables et regrettables errements, le film se suit néanmoins sans déplaisir et parfois avec quelques crispations dues à quelques scènes efficaces. De plus, au-delà de l’aspect décomplexé et cool du film et de sa mise en scène, il faut saluer la très bonne interprétation générale, qui contribue certainement à relever le niveau général du film. Ainsi, on est assez vite bluffé par le jeu de Shia LaBoeuf, qu’on avait déjà découvert dans « Transformers » et qu’on retrouvera dans l’ultime volet des aventures d’ « Indiana Jones ». Son jeu, ultra instinctif, lui permet de s’approprier parfaitement et naturellement son personnage. Doté de plus d’un physique assez passe partout, son personnage y gagne une certaine authenticité rare dans les productions de ce genre où les héros possèdent toujours des physiques hors normes. A ses côtés, ses deux jeunes partenaires, Sarah Roemer et Aaron Yoo en font un peu des tonnes, et c’est du côté des seconds rôles plus matures qu’on trouvera des bonnes surprises, notamment dans les interprétations inspirées de Carrie-Ann Moss et du flippant David Morse.

 

« Tu regardes beaucoup par la fenêtre pour voir le monde. Pour comprendre le monde. »

 

Shia LaBeouf. Paramount Pictures FranceAu final, ce « Paranoiak » est un film décomplexé qui se suit sans déplaisir. Très calibré pour adolescents, ce film jouit néanmoins d’une bonne première partie qui impose un bon rythme et quelques scènes assez fortes. Dommage que le film parte en roue libre sur la fin, plongeant la tête la première dans les pièges inhérents à la teen movie qu’elle avait su étonnement évité jusque là. Sans être un grand film, « Paranoiak » reste néanmoins une plutôt agréable surprise et un film assez fréquentable bien que prévisible et quelque peu moraliste.



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F
Je trouve ta critique extrêmement juste. Et je rebondis sur le terme décomplexé, c'est tout à fait cela. Moi j'avoue que j'ai été impressionné par la première partie et la mise en bouche (premières scènes). Le reste est certes convenu, mais le tout se place bien au dessus de tout ce qui nous est arrivé dans le genre ces derniers temps.
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