Quand Harriet découpe Charlie
« Jane, délivre-moi vite de ce mal quon nomme lamour »
San Francisco. Charlie, écrivain, mène une vie joyeuse et papillonnante, profitant de son célibat pour enchaîner les aventures. Avec toujours la même peur bleue de sengager qui lui fait systématiquement trouver les pires arguments pour se justifier davoir quitté des filles tout à fait convenables. Jusquau jour où il rencontre Harriet, une jeune et jolie bouchère qui tient un commerce dans son quartier. Le coup de foudre semble immédiat et réciproque, et les deux tourtereaux semblent vivre le parfait amour. Cétait sans compter sur un article paru dans un journal à sensations spécialisés dans les faits divers, retraçant le parcours de Madame X, tueuse en série anonyme qui a assassiné ses trois maris successifs en un rien de temps. Plusieurs similitudes entre le passé mystérieux de Harriet et le parcours de Madame X viennent rapidement semer le doute dans lesprit un peu paranoïaque de Charlie, menaçant de mettre en péril sa relation. Et si Harriet était Madame X ?
« - Charlie, cest quoi pour toi la femme idéale ?
- Tous les hommes aiment les femmes qui ont le sens de lhumour. Je crois que je les préfère avec de gros seins ! »
Avant de devenir lun des poids lourds de la comédie américaine, de lagent obsédé du mojo « Austin Powers » à la voix de « Shrek », Mike Myers, qui sétait fait connaître quelques années auparavant dans des émissions populaires telles que le « Saturday night show », sadonnait déjà des comédies un peu loufoques mais plus confidentielles. Datée de 1993 et intercalée entre les deux opus de la saga « Waynes world » qui auront fait bidonner toute une génération, « Quand Harriet rencontre Charlie » (tout est dans le titre !!!) est une petite comédie très réussie, mais hélas franchement méconnue car sortie sur nos écrans dans le plus grand anonymat. Réalisée par Thomas Schlamme, un réalisateur qui aura essentiellement bossé pour la télévision (il réalise de nombreux épisodes de diverses séries comme « Urgences », « Ally McBeal », ou encore « Boston legal »), elle offre à Myers un de ses meilleurs rôles, évitant loutrance de folie qui le caractérise dans ses derniers films et qui frôle parfois linsupportable cabotinage (« Le chat chapeauté », « Goldmember »).
« Je crois que je fréquente Madame X !!! »
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A limage de ces nombreuses comédies américaines de série B, sans casting forcément très clinquant (comme par exemple lhilarant « A guy thing » de Chris Koch), « Quand Harriet découpe Charlie » brille par son absence totale de prétentions. Scénario contre toute attente bien construit, mêlant habilement plusieurs genres (comédie romantique, polar, comédie) sans en abandonner un en cours de route ni ne laissant un genre prendre le dessus sur lautre, le film nous propose un spectacle volontiers loufoque et burlesque. Avec sa tonalité légère, ses répliques décalées et tordantes, ses situations improbables (la relation du meilleur copain flic avec son chef, le pilote de lavion) et ses rebondissements volontairement gros comme des maisons, le film est un très agréable divertissement frais et punchy, et jamais prise de tête. Un résultat quil doit également à la fraicheur et à la bonne humeur ambiante des comédiens, en tête desquels figure le très bon Mike Myers. Comme jai pu le dire précédemment, il trouve ici le parfait équilibre entre excès, expression de sa folie, et une part de sobriété qui permet à ses partenaires dexister. Comme il le fera dans plusieurs films par la suite, il assure ici deux rôles, celui de Charlie, et celui de son père, personnage hilarant et complètement barré, quil interprète caché derrière un masque et du maquillage. Face à lui, la jolie Nancy Travis apporte beaucoup de malice et de naturel qui viennent parfaitement contrebalancer le jeu plus extraverti de Myers. A leurs côtés, on retrouve Anthony LaPaglia (Jack Malone dans « FBI : Portés disparus »), alors plus jeune, plus mince, et avec les cheveux longs, qui excelle dans le rôle du meilleur copain flic qui rêve de devenir Starsky et Hutch. Belles performances également pour Amanda Plummer et Brenda Fricker. A noter les apparitions hilarantes de guest stars comme Alan Arkin (le grand-père oscarisé de « Little miss sunshine »), Charles Grodin, ou encore le regretté Phil Hartman. Au final, « Quand Harriet découpe Charlie » savère être une gentille comédie sans prétentions, beaucoup plus réussie quelle ne paraît, idéale pour les soirées de petite forme, de petit moral, ou simplement de grosse fatigue. A recommander vivement à tous les fans de comédies décalées et légères, un must du genre!!!
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