Jumper
« Ça cest passé comme ça la première fois : une seconde jétais mort, la seconde daprès jétais à la bibliothèque dAnn Harbor »
Enfance solitaire, mère partie sans donnée dadresse, bouc-émissaire des autres enfants, la jeunesse de David Rice na pas été des plus roses. Pourtant, un accident qui aurait du lui coûter la vie va lui révélé un étrange pouvoir enfoui en lui : celui de se téléporter, faisant de David un Jumper à part entière. Depuis, sa vie a pris un tournant radical, et David mène la grande vie, vivant de ses vols sans effractions dans les banques. Pour satisfaire son oisiveté, il quadrille le monde à sa guise, au gré de son pouvoir, prenant le petit déjeuner sur les pyramides de Gizeh, soffrant une séance de surf à Hawaï, avant daller de passer sa soirée dans les bars branchés de Londres. Mais ses déplacements ne passent pas inaperçus, et David se retrouve poursuivi par Roland Cox et ses sbires. Ces derniers, paladins, mènent une guerre sans merci depuis plusieurs siècles aux jumpers. Sauvé par Griffin, un autre jumper, David na plus le choix que dentrer en résistance
« Cest à ce moment là que jai percuté : ce truc qui venait de se produire pouvait changer ma vie. Et si ma mère avait pu senfuir, je le pouvais aussi »
Déjà réalisateur des grosses productions à succès « La mémoire dans la peau » (2002) et « Mr et Mrs Smith » (2005), le nouveau film signé Doug Liman attisait forcément la curiosité et promettant du gros spectacle. Dautant que « Jumper » est ladaptation dune nouvelle à succès et multi-primée signée de lauteur Steven Gould sortie en 1992. Et comme les studios Hollywoodiens sont prévoyants, ils ont dores et déjà repéré que la nouvelle avait eu une suite (« Reflex », en 2004), et quen cas de succès, une nouvelle saga pourrait voir le jour. Le genre de reflexions qui font un peu peur daller voir le film, mais qui semblent garantir le gros divertissement spectaculaire grand public. Dautant plus que cette histoire de téléportation promettait de lexotisme, la ballade à travers le monde du héros aura promené le tournage dOttawa à Tokyo en passant par Rome.
« Pour moi, il était temps de bouger »
A priori, sur le papier, cette histoire de téléportation offrait des tonnes de libertés et de possibilités scénaristiques à Liman qui pouvait laisser libre court à son imagination et nous offrir un combat épique se poursuivant aux quatre coins du monde. Malheureusement, nest pas Peter Jackson, Georges Lucas, ou même (et ouis je sais, pauvre de moi!) Michael Bay ou Roland Emmerich qui veut! Et « Jumper » prend très vite leau de tous les bords, sentant le gros nanar ridicule et boursouflé à plein nez. Il faut dire que le traitement de lhistoire, excessivement maladroit, sembrouille en dinnombrables intrigues secondaires (comme linintéressante romance entre le héros et son amie denfance) qui en font oublier au réalisateur de nous éclairer sur lessentiel, à savoir lorigine de la guerre entre les jumpers et les paladins, et qui sont les paladins. Un oubli incroyable, et on ne peut plus préjudiciable puisque dès lors le spectateur ne pourra pas réellement entrer dans cette intrigue, faute de clé. Dautant que lhistoire ne casse pas trois pattes à un canard, se résumant à énième combat du Bien contre le Mal, sans aucune distinction ni subtilité. Et comme si ce nétait pas suffisant, la chute, avec la révélation de lidentité de la mère du héros, tombe comme un énorme cheveux sur la soupe, atteignant de ce fait des sommets de ridicule. Les personnages ne bénéficient pas dun meilleur traitement, leur personnalité étant écrite à la truelle : du héros pseudo beau gosse, complètement plat et inintéressant, au vilain méchant dont on ne retiendra que sa volonté de tuer et sa coupe de cheveux ridicule, en passant par le second jumper qui a souffert comme lattestent ses cicatrices, difficile de faire plus simpliste et caricatural.
« Dieu seul devrait avoir ce pouvoir. Pas toi. »
Côté réalisation, pas grand chose non plus à se mettre sous la dent, et qui pourrait rattraper un peu lensemble. La téléportation permet une première séquence efficace, avec la journée type du héros prenant son petit déjeuner au sommet du sphinx de Gizeh, avant de surfer à Hawaï et de partir faire la fête à Londres. Hélas, la force visuelle du film et ses gros effets sarrêtent là : les effets spéciaux représentant la téléportation sont particulièrement cheap et redondants. Basé uniquement là-dessus (et sur une scène de course de voiture sans originalité), le film se montre extraordinairement suffisant alors quil est creux et vide. De plus, avec sa mise en scène sans ambitions, le film de Liman manque cruellement de souffle et dénergie (à limage des brèves et insignifiantes scènes daction), tournant très vite en rond et à vide. Sa direction dacteur semble également aux abonnés absents. Il faut dire que les acteurs à laffiche du film ne brillent pas par leur charisme. Dommage car le duel Hayden Christiansen/Samuel L. Jackson, dont on avait pu voir le premier round dans « Star wars », promettait dêtre savoureux. Il aurait fallu pour cela que Christiansen ne se contente pas de jouer les beaux gosses formatés et apporte un peu plus de présence à lécran. Ce navet total laisse présager du syndrome Mike Hamill, héros de la première trilogie « Star Wars », qui avait enchaîné quelques rôles insignifiants avant de jeter léponge et de tirer un trait sur sa carrière ciné. Même chose pour Jamie Bell quon a également connu beaucoup plus inspiré. Rachel Bilson, qui se sortait pourtant avec les honneurs du fade « Last Kiss » hérite du caricatural rôle de la potiche de service propre à tout bon teen movie qui se respecte. Quant à Samuel L. Jackson, il se retrouve pour la énième fois dans un rôle de tueur brutal encore plus monolithique quà laccoutumée. Reste lénigme Diane Lane, dont la présence semble (à linstar de Nicolas Cage), depuis quelques temps, être indispensable à tout bon gros navet indigeste et confondant de niaiserie. A fuir.
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